L’Institut national d’histoire de l’art rend hommage à Léonard Gianadda

Depuis des décennies, les équipes de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et tout spécialement de sa bibliothèque, après celles de la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie qui y fut intégrée en 2003, avaient pris l’habitude des visites de Léonard Gianadda.


À la Fondation Pierre Gianadda, 19 novembre 2017 © Fondation Pierre Gianadda, Georges-André Cretton
Si sa haute stature pouvait impressionner, elle s’illuminait si souvent d’un large sourire que toutes et tous ressentaient très vite qu’ils étaient en face d’un homme avant tout bienveillant et attentif aux autres. Puis ils étaient de nouveau impressionnés, mais cette fois-ci par sa curiosité, sa capacité à s’émerveiller (ah, sa joie devant les « crachis » dorés des estampes de Toulouse-Lautrec !), sa générosité, son savoir et sa manière de trouver toujours une solution simple et efficace à tout problème qui pouvait se présenter à lui. L’âge n’avait en rien entamé ces qualités, si bien qu’il semblait indestructible. C’est avec une immense tristesse que nous apprenons son décès, le 3 décembre 2023, à l’âge de 88 ans.

Figure emblématique du monde de l’art, Léonard Gianadda avait créé la Fondation Pierre Gianadda en 1978 à Martigny (Suisse) pour perpétuer le souvenir de son frère décédé tragiquement en 1976 en portant secours à ses camarades victimes d’un accident d’avion. Il en avait fait un lieu d’exposition de référence dans toute l’Europe.

Léonard Gianadda s’est engagé, tout au long de son existence, dans la vie artistique et culturelle, en Suisse comme en France. Membre de nombreux conseils d’administration de musées français, il avait été élu membre de l’Institut de France, à l’Académie des beaux-arts, en 2003. Il fut un mécène extrêmement généreux des collections publiques françaises ainsi qu’un membre historique et dévoué de la société des Amis de la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie (SABAA), qui soutient la BAA depuis son intégration à l’INHA.

Léonard Gianadda a marqué depuis 30 ans l’histoire de l’INHA par son engagement pour la préservation et l’enrichissement des collections de la bibliothèque. Sollicité en tant que mécène dès la fin des années 1980, son soutien a été déterminant pour la restauration de plusieurs milliers d’estampes réunies au début du xxe siècle par Jacques Doucet, dont l’INHA est aujourd’hui le dépositaire. En 1992, il leur consacra, dans sa fondation valaisanne, la première exposition qui en réunissait 160 chefs-d’œuvre, de Goya à Matisse. À cette occasion, Pierre Lelièvre, alors président de la SABAA, notait que Jacques Doucet et Léonard Gianadda « parlaient la même langue », ajoutant que « s’ils eussent vécu dans les mêmes temps, ils se seraient compris. »

S’en est suivi pendant plusieurs décennies un engagement constant envers la bibliothèque de l’INHA. La générosité et l’implication personnelle de Léonard Gianadda, année après année, ont été d’une importance capitale pour le développement et le rayonnement de la collection patrimoniale de l’INHA, permettant notamment l’acquisition d’œuvres de Marcel Duchamp, Théophile Alexandre Steinlen ou encore Mary Cassatt. Soucieux de s’inscrire dans la continuité de Jacques Doucet, il a poursuivi la volonté de ce dernier d’ouvrir largement la bibliothèque au monde de la critique et des amateurs. Quelques semaines avant son décès, il continuait à former des projets en ce sens.

L’INHA perd avec Léonard Gianadda l’un de ses plus grands amis. Son directeur, Éric de Chassey, le directeur de sa bibliothèque, Jérôme Bessière, les membres du service du patrimoine, l’ensemble des personnels de l’établissement et les membres de la SABAA autour de son président Frédéric du Laurens adressent leurs plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

Institut national d’histoire de l’art
Mis en ligne le Mardi 5 Décembre 2023 à 14:01 | Lu 220 fois
Institut national d’histoire de l’art
Dans la même rubrique :