La Lupi ou l'instinct flamenco, Rivesaltes, 21 avril 2012

A Rivesaltes samedi 21 avril c'était la clôture de la saison des tablaos et, en fin gourmet du Flamenco, Lorenzo Ruiz le directeur artistique de La Reja Flamenca avait gardé le meilleur pour la fin.
Rien moins que La Lupi, la danseuse dont on prononce le nom avec respect depuis que la référence actuelle du chant, Miguel Poveda, l'a choisie pour partager sa scène, Curro de Maria son fidèle guitariste et au chant El Pulga dont l'arbre généalogique laisse rêveur.


Le public s'attendait à du grand Art, était prêt à recevoir de plein fouet l'énergie de cette personnalité hors du commun; il est pourtant resté sans voix dans un premier temps, tétanisé devant la puissance, l'originalité, la poésie de la danse de La Lupi. Elle vous regarde droit dans les yeux avant même d'avoir fini de poser le premier pied sur scène et dès lors il est impossible d'échapper à son emprise. Regard de fauve, prédateur ou bête traquée, regard pétillant d'espièglerie et puis soudain un instant de candeur, la Lupi est une des rares danseuses dont on regarde le visage. Enfin quelqu'un qui danse ! Elle est toute entière dans l'émotion du chant dans le frémissement de la guitare. C'est un tourbillon de trajectoires fulgurantes, de postures originales. Une élégante du XIX ème, une poissonnière sur le port de Malaga, la Dolorosa de Cordoue, Lola Flores avec son grain de folie, c'est La Lupi au sommet de son art. Sans oublier la force et la limpidité de ses pieds. C'est une danse instinctive, généreuse, innovante, c'est aussi la symbiose avec, non pas « ses » musiciens, non, avec deux autres personnalités artistiques d'une qualité rare. La voix d'El Pulga est pure émotion, elle va réveiller en chacun le frisson inattendu. Curro de Maria caresse sa guitare d'un calme olympien et il en sort aussi bien l'Etna en éruption que le chant du rossignol un matin d'été. Ils ont reçu la standing ovation qu'ils méritaient avec humilité, qui est la qualité à laquelle on reconnaît les vrais artistes. Puis ils ont invité sur scène les jeunes stagiaires et les artistes présents dans la salle pour « un fin de fiesta » d'anthologie.

Encore une soirée d'exception qui restera dans les mémoires, mais il y en aura sûrement d'autres, la saison prochaine, le Flamenco est un Univers tellement vaste et en Roussillon nous avons la chance d'avoir notre propre Porte des Etoiles, à Rivesaltes, elle a pour nom La Reja Flamenca. Olé !
Lola Triviño

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 24 Avril 2012 à 18:25 | Lu 753 fois
Pierre Aimar
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