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... a un temps propulsé au rang de tube grâce à la sublime Wilhelmina Fernandez, qui remplaçait au dernier moment - le sait-on ? - sa compatriote Barbara Hendricks initialement prévue !
Le dernier et sans doute le plus beau des opéras de Catalani (un contemporain de Puccini) nous plonge dans une histoire d'amour triangulaire et de trahison avec en toile de fond les Alpes tyroliennes.
Une Mélodie du Bonheur ratée qui voit l'héroïne prôner un amour libre mais où jalousie, malentendus, paroles inconsidérées suivies de regrets s'effaceront dans les neiges purificatrices de l'oubli après une fatale randonnée.
Importée de Genève, la production du tandem Cesare Lievi (mise en scène)-Ezio Toffolutti (décors-costumes), n'avait pas soulevé l'enthousiasme à sa création voici deux ans.
Du carton-pâte comme on n'en fait plus, des toiles peintes que l'on dirait conçues pour une publicité de chocolat helvétique, des costumes folkloriques à souhait, une régie d'acteurs d'une convention d'un autre âge, un côté passé-fleur irritant ou réjouissant... L'on verrait bien tous les protagonistes chanter l'Auberge du Cheval-Blanc ! Cesare Lievi semble plus soucieux de couleur locale que de psychologie.
Ne jetons pas un peu trop vite le bébé avec l'eau du bain. Il est vrai que le livret de Luigi Illica (il fera mieux plus tard) s'encroûte dans la naïveté stérile d'un mélo qui ne fait même plus pleurer Margot. Un Heimatroman bien teuton aux images de synthèse appuyées (beuveries, chasse à l'ours...).
Mais, la musique de Catalani (elle plaisait tellement à Toscanini qu'il appellera sa fille Wally) mérite autre chose que moqueuse condescendance.
Voilà une partition post-romantique en diable aux accents wagnériens indéniables, comme étrange, intrigante, à l'héritage mélodique clairement italien (Catalani et Puccini sont ses voisins à Luques), mêlant conte populaire paysan, romance, comédie et drame.
Il faut donc une sacrée dose de courage à tout chanteur digne de ce nom pour s'attaquer à ce pilier branlant du vérisme. Il faut concilier slancio italien, largeur et élans wagnériens, des aigus en veux-tu en voilà...
Eva Maria Westbroek a parfaitement satisfait à cette exigence, le rôle titre, on le sait étant un formidable défi pour toute soprano qui possède la voix et le tempérament requis. Phrasé expressif, ligne de chant exemplaire, la diva renouvelle de belle manière l'image d'une Wally très volontaire.
Hagenbach, le prétendu héros, l'amour impossible et contrarié, apparaît toujours comme un personnage antipathique. Zoran Todorovitch, dans le genre ça passe mais ça casse soulève l'admiration par la façon dont il surmonte les difficultés de sa tessiture, à l'inverse de Gellner, en théorie le méchant cocu qui attire, lui, la sympathie, campé par un Lucio Gallo d'une belle force dramatique mais pas toujours dans la portée en début de soirée et au chant pas toujours contrôlé.
In-Sung Sim (Stomminger) et Olivia Doray (Walter) font plus que des intelligentes apparitions, les duos de cette dernière avec l'héroïne seront des moments privilégiés. Bien en place et fort efficaces aussi Maria Kalinine (Atra) et surtout Bernard Imbert qui renvoie aux oubliettes son douteux brésilien marseillais.
Plaisir de retrouver Maurizio Benini. Le maestro bolognais fait ressortir comme personne les aspects wagnériens de la partition tout en respectant son style proprement toscan. Cravachant comme pas deux choeur et orchestre, quel dommage que l'avalanche finale, sommet de l'opéra, n'ait pas trouvé son réel pouvoir dramatique et émotionnel. Faute à qui vous savez.
Christian Colombeau
Le dernier et sans doute le plus beau des opéras de Catalani (un contemporain de Puccini) nous plonge dans une histoire d'amour triangulaire et de trahison avec en toile de fond les Alpes tyroliennes.
Une Mélodie du Bonheur ratée qui voit l'héroïne prôner un amour libre mais où jalousie, malentendus, paroles inconsidérées suivies de regrets s'effaceront dans les neiges purificatrices de l'oubli après une fatale randonnée.
Importée de Genève, la production du tandem Cesare Lievi (mise en scène)-Ezio Toffolutti (décors-costumes), n'avait pas soulevé l'enthousiasme à sa création voici deux ans.
Du carton-pâte comme on n'en fait plus, des toiles peintes que l'on dirait conçues pour une publicité de chocolat helvétique, des costumes folkloriques à souhait, une régie d'acteurs d'une convention d'un autre âge, un côté passé-fleur irritant ou réjouissant... L'on verrait bien tous les protagonistes chanter l'Auberge du Cheval-Blanc ! Cesare Lievi semble plus soucieux de couleur locale que de psychologie.
Ne jetons pas un peu trop vite le bébé avec l'eau du bain. Il est vrai que le livret de Luigi Illica (il fera mieux plus tard) s'encroûte dans la naïveté stérile d'un mélo qui ne fait même plus pleurer Margot. Un Heimatroman bien teuton aux images de synthèse appuyées (beuveries, chasse à l'ours...).
Mais, la musique de Catalani (elle plaisait tellement à Toscanini qu'il appellera sa fille Wally) mérite autre chose que moqueuse condescendance.
Voilà une partition post-romantique en diable aux accents wagnériens indéniables, comme étrange, intrigante, à l'héritage mélodique clairement italien (Catalani et Puccini sont ses voisins à Luques), mêlant conte populaire paysan, romance, comédie et drame.
Il faut donc une sacrée dose de courage à tout chanteur digne de ce nom pour s'attaquer à ce pilier branlant du vérisme. Il faut concilier slancio italien, largeur et élans wagnériens, des aigus en veux-tu en voilà...
Eva Maria Westbroek a parfaitement satisfait à cette exigence, le rôle titre, on le sait étant un formidable défi pour toute soprano qui possède la voix et le tempérament requis. Phrasé expressif, ligne de chant exemplaire, la diva renouvelle de belle manière l'image d'une Wally très volontaire.
Hagenbach, le prétendu héros, l'amour impossible et contrarié, apparaît toujours comme un personnage antipathique. Zoran Todorovitch, dans le genre ça passe mais ça casse soulève l'admiration par la façon dont il surmonte les difficultés de sa tessiture, à l'inverse de Gellner, en théorie le méchant cocu qui attire, lui, la sympathie, campé par un Lucio Gallo d'une belle force dramatique mais pas toujours dans la portée en début de soirée et au chant pas toujours contrôlé.
In-Sung Sim (Stomminger) et Olivia Doray (Walter) font plus que des intelligentes apparitions, les duos de cette dernière avec l'héroïne seront des moments privilégiés. Bien en place et fort efficaces aussi Maria Kalinine (Atra) et surtout Bernard Imbert qui renvoie aux oubliettes son douteux brésilien marseillais.
Plaisir de retrouver Maurizio Benini. Le maestro bolognais fait ressortir comme personne les aspects wagnériens de la partition tout en respectant son style proprement toscan. Cravachant comme pas deux choeur et orchestre, quel dommage que l'avalanche finale, sommet de l'opéra, n'ait pas trouvé son réel pouvoir dramatique et émotionnel. Faute à qui vous savez.
Christian Colombeau