La saison d'opéra 2011/2012 à l'opéra-théâtre de Saint-Etienne (42)

Petite saison en perspective à l'opéra-théâtre de Saint-Etienne, conséquence de la raréfaction des crédits en cette période de crise économique.


Novembre : Cavalleria Rusticana / Mascagni ; La Navarraise / Massenet

Mascagni
Cavalleria Rusticana
Mélodrame en 2 actes,
Livret Giovanni Targionitozzetti
Et Guido Menasci
En italien surtitré en français
Nouvelle production : Opéra Théâtre de Saint-Étienne

Massenet
La Navarraise
Episode lyrique en 2 actes,
Livret de Jules Clarétie et Henri Cain
En français surtitré
Nouvelle coproduction : Opéra Théâtre de Saint-Étienne,
Opéra de Monte-Carlo

Créée à Londres en 1894, La Navarraise de Massenet fait écho au succès retentissant de Cavalleria Rusticana à Paris en 1892 qui permit à l'oeuvre de Mascagni, compositeur presque inconnu, d'entrer au répertoire européen. Le public parisien, quant à lui, ne pardonnera pas à ce poète de l'amour qu'était Massenet de se transformer tout à coup en naturaliste à la Zola. Et pourtant, jamais l'inspiration lyrique de Massenet ne peut être prise en défaut. Elle tient constamment le spectateur en haleine par son écriture rapide et par sa fulgurante beauté musicale.
L'héroïne, Anita, jeune Navarraise sans dot, décide d'assassiner le chef carliste ennemi afin d'obtenir une prime et pouvoir épouser Araquil. La croyant espionne ou infidèle, Araquil la poursuit et y laissera la vie ; Anita sombre dans la folie.
Tout aussi mélodramatique, Cavalleria Rusticana (littéralement « Galanterie paysanne ») brosse la chronique d'un village de Sicile le jour de Pâques que vient clore un duel entre deux hommes épris de la même Lola.
En prélude aux festivités Massenet 2012, ce diptyque offre des prises de rôles à une éblouissante brochette de jeunes chanteurs européens que les grandes scènes lyriques ne manqueront pas de s'arracher bientôt.

Grand Théâtre Massenet
Vendredi 4 Nov. : 20h
Dimanche 6 Nov. : 15h
Mardi 8 Nov. : 20h

Décembre / Janvier : L’île de Tulipatan ; Les deux Aveugles / Offenbach

Offenbach
L’île de Tulipatan

Opéra bouffe en 1 Aacte,
Livret d'Henri Chivot et Alfred Duru

Romboïdal a eu un fils mais son épouse Théodorine, craignant pour lui la guerre et ses périls, l’a déclaré comme fille sous le nom d’Hermosa. La "jeune fille", en grandissant, ne rêve que de plaies et bosses et joue avec fusils et pistolets au lieu de s’adonner à la couture ; bref, c’est un "garçon manqué". De son côté, l’entourage du souverain Cacatois XXII, voulant lui épargner la nouvelle de la naissance d’une énième fille, lui annonce la naissance d’un fils, le prince Alexis. "Le jeune garçon" passe son temps à rêver et à humer les fleurs : il pleure toutes les larmes de son corps car son petit oiseau s’est sauvé de sa cage ; bref, c’est une "fille manquée". Or les deux se rencontrent, et tombent amoureux : panique à bord, on leur dit à chacun séparément la vérité afin d’empêcher tout mariage. Mais les jeunes, pas si simplets qu’ils n’en ont l’air, prennent les choses en main. La mise en scène de Yann Dacosta réussit parfaitement à rendre la folie du propos et sa direction des acteurs, sans faille, promet une soirée de fête qui restera dans les mémoires.

Les deux Aveugles
Bouffonnerie musicale en 1 acte, livret de Jules
Moineaux
En lever de rideau de L'Île de Tulipatan, nous vous proposons Les Deux aveugles, satire sociale sur la mendicité dans sa version pour orgue de barbarie.

Grand Théâtre Massenet
Samedi 31 Déc. : 20h
Dimanche 1er Jan. : 15h
Mardi 3 Jan. : 20h

Mars : The Rake’s Progress, Stravinski

Stravinski
The Rake’s Progress

Opéra en 3 actes et 1 épilogue,
Livret de Wystan Hugh Auden et Chester Kallman

1947. Installé depuis peu aux États-Unis, Stravinski découvre une série de tableaux datant de 1735 due à William Hogarth. Le peintre et graveur anglais y démontre théâtralement les désordres auxquels peuvent conduire l'alcool et les femmes. Stravinski confie au poète Wystan Hugh Auden la tâche d'écrire un livret support d'une musique "néo-classique", c'est-à-dire consciente du passé comme de l'avenir.
Le héros Tom abandonne sa fidèle Anne Trulove pour suivre le diabolique Nick Shadow qui lui fait croire à l'héritage d'un oncle inconnu. De bordels en plaisirs vains, Tom s'ennuie et sa naïveté va jusqu'à lui faire croire en son rêve idéaliste de supprimer la faim dans le monde grâce à une merveilleuse machine à pains. Plus dure sera la chute. Une partie de cartes plus tard, Tom aliéné s'endort au son d'une berceuse d'Anne revenue ou réinventée.
Carlos Wagner voit dans le parcours du libertin celui d'un poète qui refuse la réalité matérialiste de la vie, en quête de liberté absolue. Le magnifique décor dans lequel il tourne en rond, en forme de roue de la Fortune, symbolise superbement ce cycle des hasards du temps dans lequel gagne la folie.

Grand Théâtre Massenet
Vendredi 2 Mars : 20h
Dimanche 4 Mars : 15h
Mardi 6 Mars : 20h

Avril : Madama Butterfly, Puccini

Puccini
Madama Butterfly

Opéra en 3 actes, livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa
Quatre années séparent la composition de Madama Butterfly, « tragédie japonaise en trois actes », de celle de Tosca créée en 1900. Puccini en trouva le sujet dans une pièce inspirée du roman de Pierre Loti : Madame Chrysanthème. Au lendemain de ses "noces japonaises", Pinkerton repart en Amérique et abandonne sa jeune épouse ainsi que l'enfant qu'elle attend. Croyant envers et contre tout au retour promis, Butterfly lui reste obstinément fidèle, sombrant progressivement dans l'isolement. Le retour de l'officier après trois ans d'absence, au bras de son épouse américaine, mettra un point final à cette attente. Accablée, Butterfly leur abandonne l'enfant et se donne la mort.
Après une création houleuse à La Scala de Milan en février 1904 et quelques aménagements concédés par le maestro, Madama Butterfly triomphe définitivement. Un siècle après, cette intrigue poignante servie par la pudique mais brillante partition de Puccini continue de bouleverser.
Depuis un saisissant Eugen Onegin et une récente et piquante Véronique, le public ligérien a pu apprécier le regard sobre et juste qu'Alain Garichot porte sur toute oeuvre lyrique qu'il transperce, dépouille et finalement embrase fidèle à son credo : « Place au théâtre ! » Nouveau : Nous vous proposons une heure avant chaque représentation un Propos d'avant spectacle donné par Florence Badol-Bertrand, enseignante en Histoire de la Musique au Conservatoire Supérieur de Paris et au Conservatoire de Saint-Étienne (gratuit sur présentation de votre billet).

Grand Théâtre Massenet
Mercredi 25 Avril : 20h
Vendredi 27 Avril : 20h
Dimanche 29 Avril : 15h

Juin : Orphée et Eurydice, Gluck / Berlioz

Gluck / Berlioz
Orphée et Eurydice

Tragédie-opéra en 3 actes, livret Ranieri de' Calzabigi
Ecrit à l'origine pour un castrat alto, Gluck révisa le rôle d'Orphée pour Paris, le fit traduire de l'italien au français et le destina à un ténor, jusqu'à ce que Pauline Viardot demande à Berlioz d'en écrire un arrangement pour sa voix de contralto finalement plus conforme à l'original. L'éblouissante prestation de la cantatrice, le 18 novembre 1859, assura un triomphe jamais démenti à cette version exemplaire.
L'histoire en est bien connue : Orphée pleure sa défunte Eurydice quand Amour, envoyé par Jupiter lui propose de l'aller chercher aux Enfers sous condition d'apaiser les Furies par son chant, de ne pas regarder son aimée ni de s'en justifier auprès d'elle. Ce thème éternel a d'ailleurs inspiré une vingtaine d'opéras, l'Orphée de Gluck se situant à mi-chemin (temporel) entre le sublime Orfeo de Monteverdi et l'hilarant Orphée aux Enfers d'Offenbach.
Cette dimension mythique inspire le travail de Frédéric Flamand qui pour la première fois a accepté de mettre en scène un opéra, soutenu dans sa démarche résolument novatrice par le scénographe Hans Op de Beeck, figure internationalement reconnue des arts plastiques. Une première rencontre entre le Ballet de Marseille et les artistes de l'Opéra Théâtre qui fera date !

Grand Théâtre Massenet
Mercredi 13 Juin : 20h
Vendredi 15 Juin : 20h
Dimanche 17 Juin : 15h

Pratique


Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 5 Septembre 2011 à 14:37 | Lu 1029 fois
Pierre Aimar
Dans la même rubrique :