Labeaume en Musiques 2012 : concert sous le feu du ciel

Rendez- vous ce soir-là dans l’aimable théâtre de verdure de Labeaume, au bout de son chemin herbu, avec sur scène un grand piano noir, -dûment astiqué par son accordeur- et le pianiste madrilène Luis Fernando Perez


Le théâtre de verdure, somptueux et intimiste © Pierre Aimar
D’emblée le pianiste nous projette en Espagne avec deux sonates du Padre Soler, compositeur du XVIIIe siècle, représentant d’un baroque tardif et délicat, composé par celui qui a a su intégrer le folklore sous la forme du fandango dans ses œuvres.

Luis Fernando Perez montre une grande finesse dans cette interprétation baroque comme il va le faire dans les œuvres suivantes, à l’apogée du romantisme avec Robert Schumann et Franz Liszt, où il excelle dans les élans passionnés, en envols et en nuances, comme par la suite dans les préludes de Rachmaninoff .
Dans la nuit chaude et le calme attentif de la clairière, on entend d’abord un murmure sur les feuilles : les premières gouttes, cette pluie qu’on avait dit s’éloignant vers le nord.

Un temps de répit permet de mettre à l’abri le piano sous deux petits dais et le pianiste retrouve la maîtrise de Rachmaninoff. Ce spécialiste de musique espagnole, élève d’Alicia de Larroccha et aussi de Pierre-Laurent Aymard, et lauréat du Prix Spécial Liszt, montre une grande maîtrise, car le tonnerre gronde et par deux fois des éclairs intenses viennent zébrer la prairie et faire luire les trois soldats de pierre qui protègent ce lieu de musique.
La pluie alors se déchaîne et les spectateurs prennent la fuite entre les arbres…

Adieu les Goyescas…
Cette œuvre de Granados, difficile, technique, et longue de 55 minutes s’engloutit derrière les grondements de l’orage. Nous n’entendrons pas ce soir les Goyescas d’Enrique Granados , à notre grand regret. Mais nous savons que Luis Fernando Perez s’est fait le spécialiste de cette œuvre et que peut-être…
A noter que Granados connaît une fin tragique, puisque le bateau qui le ramène d’Amérique avec sa femme est torpillé par la flotte allemande dans la Manche. Le musicien a seulement 49 ans.
Jacqueline Aimar

Post Scriptum : Nous apprenons avec regret que le concert s’était replié dans la petite église de Labeaume et que d’autres ont dû entendre les Goyescas, cette œuvre inspirée du Madrid de Goya, au travers des Caprices, une série de quatre-vingt planches composées par le peintre, une satire apre et sombre de ses contemporains.

Voir la programmation complète sur le site du festival

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Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 6 Aout 2012 à 15:08 | Lu 657 fois
Pierre Aimar
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