Le Corps du Ballet, chorégraphie d'Emio Greco, Ballet National de Marseille, le 13 décembre 2014. Par Philippe Oualid

Avec Le Corps du Ballet, les deux nouveaux directeurs du BNM, Emio Greco et Pieter Scholten, veulent s'inscrire dans la ligne artistique de leur travail au centre chorégraphique d'Amsterdam, et mettre l'accent sur la recherche d'une nouvelle forme de ballet contemporain.


© Alwin Poiana
Le spectacle qu'ils présentent, inspiré d'un ouvrage d'Elias Canetti, "Masse et puissance", s'articule autour de la relation entre corps individuel et corps collectif, et choisit de brasser techniques académiques et contemporaines pour les assimiler dans une pièce chorégraphique où évoluent des danseurs combatifs réduits principalement à leur seule force intérieure.
En silence et sur des bruits d'environnement, de carillon, combinés à des morceaux célèbres de musique classique, le corps de ballet du BNM réalise ainsi une performance originale qui laisse augurer d'intéressantes perspectives pour les années à venir, dans le paysage en crise que connait la danse à Marseille.
Dans ce spectacle, on voit d'abord la plupart des danseurs circuler frénétiquement sur le plateau, puis s'immobiliser bras en couronne, ou multiplier les élévations, entrechats, sauts, avant de se livrer à des chutes collectives qui aboutissent à la posture du torse replié sur un grand écart. De temps à autre, deux danseurs s'isolent du groupe pour réaliser en symbiose d'élégantes arabesques, ou des échappés sur pointes pour éviter de se laisser déstabiliser par des cris ou des effets sonores extrêmes. Mais au final, sur les accords de La Belle au Bois Dormant, des duos se forment, les danseurs font pirouetter leur partenaire, les corps couchés se relèvent, et tous ceux qui s'étaient jetés à corps perdu dans la lutte pour exister collectivement ou individuellement, se retrouvent miraculeusement sauvés sous le règne de l'Harmonie.
Les chorégraphes prévoient une prochaine étape de création qui s'intitulera « Le Corps en révolte », pour un appel à la solidarité et à l'engagement dans un monde absurde.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 15 Décembre 2014 à 19:11 | Lu 533 fois
Pierre Aimar
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