Une collection très particulière
Les tableaux de Bernard Buffet présentés dans cette exposition appartiennent à une collection doublement « particulière ». Pour la majorité d’entre eux, ces tableaux ont été donnés par l’artiste à son compagnon, Pierre Bergé, dont il a inscrit le nom au dos de la toile. De son côté, Pierre Bergé a acheté Poulets (1948), œuvre majeure des débuts de la carrière de l’artiste. Le Trompettiste lui a été offert par le frère de l’artiste et Poissons par la belle-sœur de celui-ci. A l’exception de ces trois œuvres, antérieures à leur rencontre, on peut affirmer que Pierre Bergé vit ces toiles avant que la peinture n’en fût sèche...
Plus tard, avec Yves Saint Laurent, Pierre Bergé allait devenu l’un des plus grands collectionneurs de notre époque. Selon leur souhait commun, ces collections ont été dispersées en vente publique. Mais Pierre Bergé a conservé les œuvres de Bernard Buffet après leur rupture en 1958, de même qu’il conserva les ouvrages de Giono ou de Jean Cocteau qui lui étaient dédicacés. Outre leur valeur artistique, ces œuvres avaient une signification particulière pour lui. Elles formaient une sorte de trésor secret, témoin de sa vie avec un artiste. Quelques-unes de ces toiles ont figuré dans la grande rétrospective Bernard Buffet organisée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2016. Mais c’est la première fois qu’elles sont révélées au public avec une telle ampleur.
En 1950, lorsque Pierre Bergé fait la connaissance de Bernard Buffet (1928-1999), l’artiste est déjà célèbre. Remarqué par quelques critiques dès sa première apparition à un salon de peinture en 1946, le jeune artiste s’impose par un style qui n’appartient qu’à lui. A une époque où l’art abstrait gagne du terrain, il opte résolument pour la figuration. Sa palette est restreinte, son trait est anguleux. Les sujets de ses toiles sont le reflet de son quotidien : natures mortes, portraits et autoportraits, chambres et ateliers où grelotte un modèle, paysages silencieux. C’est une peinture du dénuement, du désenchantement, une peinture qualifiée de « misérabiliste » par ceux qui, au sortir de la guerre, n’en apprécient pas l’âpre beauté. A 18 ans, le peintre est en possession d’un solide métier. Dessinateur né, il a perfectionné sa technique au cours de dessin de Victor-Sacha Darbefeuille pendant l’Occupation. Sa formation s’est poursuivie à l’Ecole des beaux-arts, dans l’atelier d’Eugène Narbonne, peintre de nus et portraitiste. Cet enseignement traditionnel l’a mis en possession de tous les « outils » de son métier. A cette formation classique s’ajoute une connaissance approfondie des grands artistes du passé. Une connaissance acquise à la bibliothèque de l’Ecole des beaux-arts, puis, après 1945 et la réouverture des grands mu- sées parisiens, au contact direct des œuvres, principalement au Louvre.
Plus tard, avec Yves Saint Laurent, Pierre Bergé allait devenu l’un des plus grands collectionneurs de notre époque. Selon leur souhait commun, ces collections ont été dispersées en vente publique. Mais Pierre Bergé a conservé les œuvres de Bernard Buffet après leur rupture en 1958, de même qu’il conserva les ouvrages de Giono ou de Jean Cocteau qui lui étaient dédicacés. Outre leur valeur artistique, ces œuvres avaient une signification particulière pour lui. Elles formaient une sorte de trésor secret, témoin de sa vie avec un artiste. Quelques-unes de ces toiles ont figuré dans la grande rétrospective Bernard Buffet organisée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2016. Mais c’est la première fois qu’elles sont révélées au public avec une telle ampleur.
En 1950, lorsque Pierre Bergé fait la connaissance de Bernard Buffet (1928-1999), l’artiste est déjà célèbre. Remarqué par quelques critiques dès sa première apparition à un salon de peinture en 1946, le jeune artiste s’impose par un style qui n’appartient qu’à lui. A une époque où l’art abstrait gagne du terrain, il opte résolument pour la figuration. Sa palette est restreinte, son trait est anguleux. Les sujets de ses toiles sont le reflet de son quotidien : natures mortes, portraits et autoportraits, chambres et ateliers où grelotte un modèle, paysages silencieux. C’est une peinture du dénuement, du désenchantement, une peinture qualifiée de « misérabiliste » par ceux qui, au sortir de la guerre, n’en apprécient pas l’âpre beauté. A 18 ans, le peintre est en possession d’un solide métier. Dessinateur né, il a perfectionné sa technique au cours de dessin de Victor-Sacha Darbefeuille pendant l’Occupation. Sa formation s’est poursuivie à l’Ecole des beaux-arts, dans l’atelier d’Eugène Narbonne, peintre de nus et portraitiste. Cet enseignement traditionnel l’a mis en possession de tous les « outils » de son métier. A cette formation classique s’ajoute une connaissance approfondie des grands artistes du passé. Une connaissance acquise à la bibliothèque de l’Ecole des beaux-arts, puis, après 1945 et la réouverture des grands mu- sées parisiens, au contact direct des œuvres, principalement au Louvre.
La leçon des maîtres
Son admiration va aux peintres de la fin du Moyen Âge et aux gravures d’Albrecht Dürer, à Rembrandt, à la grande peinture d’histoire du XIXe siècle, de David à Gros et Delacroix, à Courbet enfin. Dès ses débuts, il entend se mesurer à ces maîtres, en poursuivant la grande tradition figurative, dans un style qu’il invente pour son époque.
En 1947, le critique Pierre Descargues présente la première exposition personnelle de Buffet à la librairie Les Impressions d’Art. Son tableau Le Coq mort est acheté par l’Etat. Voilà, sinon la gloire, du moins le début de la notoriété. Son échec au prix de la Jeune Peinture l’année suivante suscite la colère d’un des plus influents collectionneurs de l’époque, le Dr Maurice Girardin. Ce grand mécène, dont la collection est aujourd’hui conservée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, lui achète un tableau. D’autres collectionneurs commencent à s’intéresser à l’artiste. En juin 1948, Buffet reçoit le prestigieux Prix de la Critique, le « Goncourt » de la peinture, ex-aequo avec Bernard Lorjou. Il expose au Salon d’Automne. Le collectionneur André Fried met à sa disposition une villa à Garches, en échange de tableaux.
En 1947, le critique Pierre Descargues présente la première exposition personnelle de Buffet à la librairie Les Impressions d’Art. Son tableau Le Coq mort est acheté par l’Etat. Voilà, sinon la gloire, du moins le début de la notoriété. Son échec au prix de la Jeune Peinture l’année suivante suscite la colère d’un des plus influents collectionneurs de l’époque, le Dr Maurice Girardin. Ce grand mécène, dont la collection est aujourd’hui conservée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, lui achète un tableau. D’autres collectionneurs commencent à s’intéresser à l’artiste. En juin 1948, Buffet reçoit le prestigieux Prix de la Critique, le « Goncourt » de la peinture, ex-aequo avec Bernard Lorjou. Il expose au Salon d’Automne. Le collectionneur André Fried met à sa disposition une villa à Garches, en échange de tableaux.
Avec Pierre Bergé
C’est à la galerie Visconti que Pierre Bergé a fait la connaissance du peintre en 1950. Il travaille alors comme courtier en livres pour le libraire Richard Anacréon, rue de Seine. En un éclair, leurs destins se lient. Buffet qui trouve qu’on parle trop de lui a hâte de fuir le tapage qui accompagne le succès. Il persuade son compagnon de fuir Paris. Les deux hommes se rendent en Bretagne puis en Provence, à Séguret où le galeriste Emmanuel David leur prête une maison. A Manosque, ils rendent visite à Jean Giono, ami de Bergé. L’écrivain met à leur disposition une petite maison, le bastidon. Ils louent ensuite une ancienne bergerie à Nanse, près de Reillanne, où il travaillera jusqu’en 1955. Les deux hommes achètent alors la propriété de Manine, dans l’Oise.
Pendant huit ans les deux hommes ont vécu dans une totale complicité. C’est « Oreste et Pylade au temps de l’atome », dit un critique. Ce sont des années très fécondes pour l’artiste qui travaille tel un forçat, enfermé dans l’atelier. A Paris, l’ours mal léché devient un artiste à la mode. S’il s’est toujours défendu d’avoir une quelconque influence sur la carrière du peintre, Pierre Bergé lui ouvre les portes des derniers salons où l’on cause, celui de Marie-Louise Bousquet, de Marie-Laure de Noailles, de Florence Gould. Il publie des articles, écrit la première monographie sur Buffet en 1958. Celui-ci devient l’une des gloires du Tout-Paris. Roland Petit lui de- mande les décors de son ballet La Chambre, sur un argument de Georges Simenon…
Pendant huit ans les deux hommes ont vécu dans une totale complicité. C’est « Oreste et Pylade au temps de l’atome », dit un critique. Ce sont des années très fécondes pour l’artiste qui travaille tel un forçat, enfermé dans l’atelier. A Paris, l’ours mal léché devient un artiste à la mode. S’il s’est toujours défendu d’avoir une quelconque influence sur la carrière du peintre, Pierre Bergé lui ouvre les portes des derniers salons où l’on cause, celui de Marie-Louise Bousquet, de Marie-Laure de Noailles, de Florence Gould. Il publie des articles, écrit la première monographie sur Buffet en 1958. Celui-ci devient l’une des gloires du Tout-Paris. Roland Petit lui de- mande les décors de son ballet La Chambre, sur un argument de Georges Simenon…
L’art de Bernard Buffet au musée Estrine
Ces vingt-trois tableaux offrent un raccourci éloquent de ce que fut l’évolution de l’art de Buffet de la fin des années 1940 à la fin des années 1950. On y voit s’affirmer la suprématie du trait si caractéristique de son œuvre, ce trait noir incisif, impitoyable, qui cerne les formes. Elles permettent aussi d’évoque tous les genres abordés par l’artiste à cette époque : La nature morte, Le portrait, Les nus et le paysage.
Jérôme Coignard
Jérôme Coignard
Le musée Estrine en quelques mots
Véritable joyau de l’architecture provençale du XVIIIe siècle, l’hôtel Estrine a été construit en 1748 pour abriter le siège de la judicature des princes de Monaco. il a été entièrement restauré en 1989 et récompensé par le Prix du patrimoine vivant de la fondation de france. depuis 2007, il abrite le Musée estrine, jeune musée de france et vient de bénéficier en 2014 d’un vaste programme d’agran- dissement et de rénovation.
Pour rendre hommage à Vincent van Gogh qui vécut à Saint-Rémy-de-Provence du 8 mai 1889 au 20 mai 1890, le musée estrine a réalisé un espace pédagogique multimédia consacrée à la vie et à l’œuvre du peintre. le centre d’interprétation Vincent van Gogh permet aux visiteurs de (re)découvrir le parcours humain et artistique de cette personnalité exceptionnelle et son influence sur la création du XXe et XXIe siècle.
La collection du Musée estrine est dédiée à la peinture et aux arts graphiques des XXe et XXIe siècle dans la filiation des deux grands artistes qui ont marqué la ville de Saint Rémy de Provence, Vincent van Gogh et Albert Gleizes. Une partie importante de sa collection est consacrée au renouveau de la figuration autour des deux générations du salon de la Jeune Peinture. La première est représentée par des artistes comme Bernard Buffet, Paul Rebeyrolle, Michel de Gallard ou encore Raymond Guerrier. la seconde par Eduardo Arroyo, Lucio Fanti, Gérard Fromanger encore Vladimir Velickovic. des expositions comme « la réalité retrouvée » organisée en 2010 ou la rétrospective Gilles Aillaud de 2015 viennent compléter ce panorama.
Plusieurs expositions temporaires sont organisées chaque année dans les différents espaces du Musée autour de thèmes importants de la peinture ou de peintres et dessinateurs de grand talent.
Pour rendre hommage à Vincent van Gogh qui vécut à Saint-Rémy-de-Provence du 8 mai 1889 au 20 mai 1890, le musée estrine a réalisé un espace pédagogique multimédia consacrée à la vie et à l’œuvre du peintre. le centre d’interprétation Vincent van Gogh permet aux visiteurs de (re)découvrir le parcours humain et artistique de cette personnalité exceptionnelle et son influence sur la création du XXe et XXIe siècle.
La collection du Musée estrine est dédiée à la peinture et aux arts graphiques des XXe et XXIe siècle dans la filiation des deux grands artistes qui ont marqué la ville de Saint Rémy de Provence, Vincent van Gogh et Albert Gleizes. Une partie importante de sa collection est consacrée au renouveau de la figuration autour des deux générations du salon de la Jeune Peinture. La première est représentée par des artistes comme Bernard Buffet, Paul Rebeyrolle, Michel de Gallard ou encore Raymond Guerrier. la seconde par Eduardo Arroyo, Lucio Fanti, Gérard Fromanger encore Vladimir Velickovic. des expositions comme « la réalité retrouvée » organisée en 2010 ou la rétrospective Gilles Aillaud de 2015 viennent compléter ce panorama.
Plusieurs expositions temporaires sont organisées chaque année dans les différents espaces du Musée autour de thèmes importants de la peinture ou de peintres et dessinateurs de grand talent.
Pratique
Musée Estrine
8, rue Estrine
13210 Saint-Rémy-de-Provence
Tel : 04 90 92 34 72
contact@musee-estrine.fr
www.musee-estrine.fr
www.musees-mediterranee.org
Ouvert tous les jours sauf le lundi
Avril et mai 10h-12h et 14h-18h (le mercredi en journée continue)
Juin et Septembre 10h-18h
Juillet, Août 10h-18h30
8, rue Estrine
13210 Saint-Rémy-de-Provence
Tel : 04 90 92 34 72
contact@musee-estrine.fr
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Ouvert tous les jours sauf le lundi
Avril et mai 10h-12h et 14h-18h (le mercredi en journée continue)
Juin et Septembre 10h-18h
Juillet, Août 10h-18h30