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Le Pouzin, Ardèche, Cordes en Ballade 2018 : du Presbytère au Temple, pour l’amour du Quatuor avec le Quatuor Ernest

Le Festival Les Cordes en Ballade s’achemine vers sa fin, ce 13 juillet. Après bien des étapes qui ont mêlé le classique au jazz et les voix aux instruments, il est venu l’heure des jeunes et de leurs quatuors récemment créés. Rendez-vous avec le jeune Quatuor Ernest ; deux garçons, deux filles, jeunes, Grand prix tremplin jeunes quatuors de la Philharmonie de Paris


Quatuor Ernest © DR
Quatuor Ernest © DR
Rendez-vous est pris dans le jardin du presbytère pour 18 heures… mais très vite l’orage gronde, même si les gouttes ne parviennent pas à traverser le feuillage du grand micocoulier.
Position de repli sur le temple du Pouzin : silence, murs épais en jaune ocre en font un abri apaisant à la très bonne acoustique.

Et parce qu’on célèbre l’année Debussy et le quatuor du même nom, voici La fille aux cheveux de lin, tout petit prélude tendre, trente neuf mesures exactement, et dont la brièveté est à elle seule une émotion. Afin de poursuivre la mise en conditions de l’oreille au raffinement, le quatuor n°20 Hoffmeister de Mozart. D’emblée on peut constater la maîtrise du Quatuor Ernest à l’aise dans la légèreté puis l’allégresse puis la fougue dans le deuxième mouvement, minuetto avant l’adagio rêveur et très paisible. Les interprètes sont à l’aise, ils jouent avec plaisir et gaîté, donnant une fausse image de facilité de cette musique si élaborée de Mozart.

Avec Marc Mellits, compositeur contemporain que nous avions rencontré chez Cordes en Ballades dans la très belle salle de l’Hôtel de Ville de Viviers, c’est le XXI e siècle qui vient à notre rencontre ; sept brefs mouvements pour ce Quatuor n°5, où le compositeur américain dose savamment des rythmes très pulsés et des textures épurées; tout cela inspiré par les musiques des tribus Dakotas, appelés aussi les Sioux dans des scènes hivernales d’enfants, avant le tourbillon rageur du blizzard : une musique plaisante et très vivante.

Grâce à Joseph Haydn , le Quatuor Ernest vient parachever ce moment de grand plaisir musical avec le quatuor Les Quintes, dans lequel l’art du compositeur atteint des sommets. Le Menuet des sorcières, déhanché et plein de rires sardoniques, sorte de danse du feu ou du sabre vient compléter une évocation saisissante.

Dehors, l’orage a dû éclater et s’exciter en vain, alors que Mozart et Haydn jouaient l’apaisement, alors que Marc Mellits mêlait à l’orage d’été, les mugissements du vent de l’hiver sur les grandes plaines sauvages du nord américain.
Que la musique peut parfois mener loin !
Jacqueline Aimar


Mis en ligne le Jeudi 19 Juillet 2018 à 12:43 | Lu 168 fois

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