Car là, ils sont jeunes et ils sont beaux, ils sont bondissants et remuants, instables, trop pour mon goût et comme le roi, ils s’agitent par peur de s’ennuyer.
Mais Roi et courtisans, équivoques, un brin asexués, ils sont cruels et d’un cynisme extrême, et les femmes évoquées, perverses elles aussi. Même Dame Bérarde.
Sauf une.
Le petit ange, la pure enfant, née du difforme Triboulet et qu’il tient cachée à l’écart du monde. Là où personne ne viendrait la chercher. Dans le cul-de-sac Bussy. Par le choix même du lieu, Hugo tue tout espoir.
Et c’est là précisément qu’on va la découvrir et la prendre pour la maîtresse du bossu.
Ah les bossus ! personnages étranges et chargés de symboles, en bien ou en mal, détenteurs en tous les cas de pouvoirs venus des domaines de l’étrange avec lesquels leur bosse est censée les mettre en relation !
Mais Roi et courtisans, équivoques, un brin asexués, ils sont cruels et d’un cynisme extrême, et les femmes évoquées, perverses elles aussi. Même Dame Bérarde.
Sauf une.
Le petit ange, la pure enfant, née du difforme Triboulet et qu’il tient cachée à l’écart du monde. Là où personne ne viendrait la chercher. Dans le cul-de-sac Bussy. Par le choix même du lieu, Hugo tue tout espoir.
Et c’est là précisément qu’on va la découvrir et la prendre pour la maîtresse du bossu.
Ah les bossus ! personnages étranges et chargés de symboles, en bien ou en mal, détenteurs en tous les cas de pouvoirs venus des domaines de l’étrange avec lesquels leur bosse est censée les mettre en relation !
Bossu, Triboulet bicéphale
Celui-ci doté d’un double rôle, on pourrait dire tout en hypocrisie, porte à la cour la peau du cynisme, de la virevolte ironique, de la cruauté exacerbée par le milieu des courtisans, ne dédaignant pas parfois de demander des mises à mort. Mais paroles que tout cela ! Car l’homme est tout autre : le père est un tendre, rempli d’amour pour cette Blanche au nom si pur qu’il tient captive et qu’il adore du plus profond de lui-même. D’un amour irraisonné peut-être excessif, égoïste mais qu’il ne remet pas en cause.
Et comme dans les plus belles histoires romantiques, c’est de l’amour que vient le drame. Les interdits ont fait de Blanche une curieuse de la vie, dotée de l’impatience d’aimer ; le roi va s’amuser d’elle, (cela ressemble à un viol tout de même), et Triboulet se trouvera, malgré lui, meurtrier.
Il s’agit bien là de théâtre ; mais derrière le drame de cette pièce, c’est toutes les laideurs et les jalousies du pouvoir, toutes les haines, toutes les pourritures - et dieu sait que notre époque les connaît bien-, que le dramaturge et poète a mises en scène dans ce Roi qui s’amuse si mal.
Une pièce dure mais « vraie » au travers de laquelle on sent la révolte et l’envie de mordre qui enverront plus tard Hugo en exil, puis en exil recherché, si longtemps.
En bossu, un Denis Lavant exceptionnel, et souvent poignant, enlaidi et tourmenté, torturé dans le corps et l’esprit, difforme de partout ; et un roi, Florent Nicoud, irréfléchi, et admirablement inconséquent. Les costumes d’abord surprenants et clinquants trouvent aussi leur rôle, dans une mise en scène qui semble, en début de pièce se chercher, avant de séduire le spectateur par ses trouvailles de décor et d’allusions, la petite maison cachée cernée de blanc, puis la chambre rouge évoquant le bordel, ou cette échelle dressée vers l’absurde et tendue à Triboulet.
Victor Hugo, Grignan et des acteurs en forme font de ce spectacle une « grande cuvée » du théâtre. Sur cette grande terrasse du château qui s’anime chaque été, pour notre bon plaisir, comme disait François 1er.
Jacqueline Aimar
Et comme dans les plus belles histoires romantiques, c’est de l’amour que vient le drame. Les interdits ont fait de Blanche une curieuse de la vie, dotée de l’impatience d’aimer ; le roi va s’amuser d’elle, (cela ressemble à un viol tout de même), et Triboulet se trouvera, malgré lui, meurtrier.
Il s’agit bien là de théâtre ; mais derrière le drame de cette pièce, c’est toutes les laideurs et les jalousies du pouvoir, toutes les haines, toutes les pourritures - et dieu sait que notre époque les connaît bien-, que le dramaturge et poète a mises en scène dans ce Roi qui s’amuse si mal.
Une pièce dure mais « vraie » au travers de laquelle on sent la révolte et l’envie de mordre qui enverront plus tard Hugo en exil, puis en exil recherché, si longtemps.
En bossu, un Denis Lavant exceptionnel, et souvent poignant, enlaidi et tourmenté, torturé dans le corps et l’esprit, difforme de partout ; et un roi, Florent Nicoud, irréfléchi, et admirablement inconséquent. Les costumes d’abord surprenants et clinquants trouvent aussi leur rôle, dans une mise en scène qui semble, en début de pièce se chercher, avant de séduire le spectateur par ses trouvailles de décor et d’allusions, la petite maison cachée cernée de blanc, puis la chambre rouge évoquant le bordel, ou cette échelle dressée vers l’absurde et tendue à Triboulet.
Victor Hugo, Grignan et des acteurs en forme font de ce spectacle une « grande cuvée » du théâtre. Sur cette grande terrasse du château qui s’anime chaque été, pour notre bon plaisir, comme disait François 1er.
Jacqueline Aimar