Les Libellules rouges, de Reiko Kruk Nishioka. Globe éditeurs

Préface de Frédéric Mitterrand


La petite fille est amoureuse, charmée par les libellules rouges.
Elle les voit toutes proches de chez elle, juste derrière le mur, les libellules.
Des jolis petits avions en bois sur lesquels les jeunes pilotes font leur apprentissage.
Tout près de chez elle.

On est en 1945 ; au Japon, et Keiko écrit son journal.
Dans ce petit village anonyme de la campagne japonaise…« personne ne prenait le temps de jouer avec moi alors j‘avais beaucoup de temps pour regarder, dresser l’oreille ».

Les libellules rouges si jolies deviennent des avions de combat. Ceux qu’on a vus dans les films, avec leurs pilotes à longues écharpes blanches et qui partent en escadrilles, pour combattre.
Et ne reviennent pas.
Elle raconte soixante quinze ans plus tard …

Le roman
Presque écrite dans la langue d’une fillette, l’histoire est précise, détaillée, observée ; la vie ordinaire de cette famille japonaise qui voit la guerre au départ, à l’arrivée des avions.
La maison est là aussi précise, sous les deux plus grands camphriers du village, avec sa galerie extérieure, son salon de famille, et l’autre, pour recevoir ; la cuisine avec ses marmites et le gobie bouilli qu’on va manger ce jour-là. Précieux ce gobie bouilli « acceptant d’être sacrifié par l’humain » et qui gagne la nature de Bouddha, dit sa mère.

Le décor est là, parfait, japonais, avec ses pièces à cloisons de bois qui se tirent et leurs nattes plates.
Et la vie ordinaire, l’ordinaire de la vie, la nourriture qui devient plus rare et maigre, le père dans son rôle social, il est maire et offre son plus beau sabre au commandant du camp des avions rouges. 
On fait la fête pour l’occasion dans la maison devenue commune au village.
Le jour Keiko rôde, curieuse et se retrouve dans le camp ; elle va voir de près les couloirs et les dortoirs, visiter les libellules rouges… Koyama l’emmène même dans son avion.
Moment extrême.. 
La fillette a connu un moment très fort qui met en colère la famille et la sépare des autres… Puis la vie reprend.

Il y a les saisons, la neige glissante sous les soques de bois et la chaleur brûlante ensuite, la canicule.
On ne parle pas de guerre. On voit seulement les libellules partir et revenir.
Et puis un jour la guerre…
Keiko et sa famille habitent Nagasaki …

Le livre est écrit comme par une fillette. Il est vécu au travers de son regard, tour à tour naïf et implacable. Il est à hauteur d ‘enfant et pour cela passionnant, cruel. Et tendre…
Jacqueline Aimar

Les Libellules rouges
Reiko Kruk-Nishioka
Traduit du japonais par Patrick Honnoré
Illustrations de Reiko Kruk
210 pages
Globe éditeur

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 11 Novembre 2020 à 22:41 | Lu 302 fois
Pierre Aimar
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