Liszt en Provence reçoit Berlioz au Château Saint-Estève d’Uchaux (21/7/2019)

Les soirées de musique sur la terrasse d’Uchaux, un grand moment des nuits d’été en Provence, entre allées d’arbres et bosquets fleuris.



Première soirée d’été du festival Liszt, ...

... précédée de ce petit lunch qui permet les rencontres et amène directement au plaisir de la musique. Notons-le un petit lunch bio, à base de légumes et produits naturels de la région. Santé oblige.

Elaborer un programme de soirées pour un festival, ce n’est pas simple. Il s’agit à chaque fois de choisir, de former un lien entre les œuvres et de donner sens aux musiques qui sont présentées - avec passion - par Thérèse Français, qui dirige ce festival.

Ainsi en cette année 2019, on célèbre le 150e anniversaire de la mort de Berlioz, ami de Liszt, honoré à ce festival d’Uchaux dans son intitulé même : Liszt en Provence. Et puis de choisir des interprètes ce qui n’est pas toujours aisé.

De Liszt à Berlioz, Orphée d’abord
Déjà chez Gluck, Orphée apportait la musique pour sauver le monde ; lorsque Franz Liszt invente le poème symphonique, il pense créer un mode d’expression des sentiments par la musique. Et cela donne Orphée. « Orphée, c’est-à-dire l’art, doit épandre ses flots mélodieux(…). »
La version d’Orphée arrangée d’abord pour deux pianos est ici interprétée en trio : Alexei Lundin au violon, Vytautas Sondeckis au violoncelle et Tatiana Fedoseeva au piano. Alexei Lundin, violoniste qui favorise la musique des 20 et 21e siècles est artiste d’honneur de la Fédération de Russie.
Tatiana Fedoseeva russe elle aussi, a fait partie du trio Roslavets avec lequel elle a gagné de nombreux prix.
Pour Vytautas Sondeckis, violoncelliste attitré de plusieurs orchestres et aussi du quintette de jazz G-strings qui a accompagné José Carreras et Renée Flemming, il faut savoir qu’il est déjà venu à Uchaux.
Quant à la soprano Verène Andronikof, mi-russe mi-française, elle est ici en pays connu, habituée de ce festival qui, on l’a noté, ouvre souvent ses portes aux interprètes russes.

A la suite d’Orphée, plongée dans Berlioz et les Nuits d’été ; on pense alors à Musset, à ses célèbres nuits romantiques, à la Nuit de Mai :
« Poète prends ton luth
Et me donne un baiser »

lorsque Vérène Andronikof chante Le spectre de la Rose, en un récit tendre et doux. Où l’on retrouve à chaque fois avec plaisir, la grâce un peu timide de la cantatrice et la délicatesse de sa voix.

Plus tard la tristesse prend le dessus dans ce lamento qui fait penser à la tristesse d’autres « Nuits » :
« Partout où j’ai voulu mourir
Partout où j’ai touché la terre
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir
Qui me ressemblait comme un frère. »


Dans la suite du programme, Camille Saint-Saëns et cette introduction au Rondo capriccioso, composé pour le jeune Pablo de Sarasate : le piano ici remplace l’orchestre et le violon fait le reste. Quant au Tristia de Liszt, il fait presque suite à la Vallée d’Obermann. Autre œuvre connue pour sa tristesse, si bien célébrée par violon et violoncelle.

Et puis la soirée s’avançant, et ni Franz Liszt ni Berlioz n’ayant vaincu un incident électrique (leurs portraits en lumière ne se sont jamais éclairés au mur du château d’Uchaux comme c’est la règle d’ordinaire pour une superbe effigie de Franz Liszt), Vérène Andronikof est alors entrée en scène, robe rouge à volants noirs, et Carmen lui a donné la fantaisie de son personnage séduisant, et sa gaîté un peu sauvage.

Belle soirée, de tristesse en gaîté sur une terrasse d’été en Provence.
Jacqueline Aimar


Jacqueline Aimar
Mis en ligne le Samedi 27 Juillet 2019 à 12:09 | Lu 439 fois
Jacqueline Aimar
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