Buck (Jagermeister), 2008
Depuis plus de 40 ans, Liz Magor interroge l’infra-ordinaire, la trivialité et la modestie du quotidien, la compulsion de notre société pour l’achat, l’accumulation puis l’oubli et notre relation intime aux objets. Découvrir son travail, c’est entrer dans un univers silencieux peuplé d’objets familiers qui semblent porter l’éloquence de leur vécu, la patine de l’usage et la marque d’un temps récemment révolu. « Semblent », car sa recherche sculpturale se glisse précisément dans la rencontre entre le champ du réel - avec le recours à des objets tombés dans la désuétude, prélevés du quotidien -, et le simulacre, l’illusionnisme d’objets minutieusement élaborés dans un rapport mimétique. Ainsi, les sculptures d’objets tels que les serviettes, vêtements et plats sont intimement articulés avec des choses réelles : cigarettes, bière et bouteilles d'alcool, générant une confusion entre la production de l’atelier et le manufacturé. Le trouble né de cette perception permet de réorienter le rapport entre les choses et finalement leur relation à nous-mêmes.
Les sculptures de Liz Magor semblent surgir dans l’évidence de leur forme, de leur fonction identifiée, avant que le trouble ne s’installe face à ces intérieurs figés, ces festins abandonnés pour l’éternité, ces animaux, vêtements et peluches pétrifiés. Entre nature morte contemporaine et memento mori, ses sculptures disent l’obsolescence et la disparition celle des objets et la nôtre. Elles jouent aussi sur le registre de l’absence et de la réminiscence en esquissant en creux des histoires et identités potentielles des anciens propriétaires des objets, des périodes données et des classes sociales. Ainsi, son vocabulaire convoque des notions de différence, d’identité, de conditionnement psychologique ou encore des interrogations d’ordre anthropologique.
De cette domesticité allégorique qu’elle explore, émanent désir, manque, dépendance (avec le recours à des substances « addictives » telles que cigarettes, bouteilles d’alcool, chocolat, snacks, etc.), recherche de réconfort ou protection, quête d’apparat mais aussi usure, négligence, abandon. Le spectre de notre relation au monde des objets et à leur familiarité affective se déploie ainsi dans son travail.
Singulière, l’œuvre de Liz Magor subvertit l’exigence conceptuelle du minimalisme (travail sériel, emploi de matériaux non-traditionnels et de formes abstraites, approfondissement des notions de répétition, de variation), par la trivialité des sujets, par le raffinement et la sensualité de son travail sur les matériaux, et la charge symbolique, mémorielle et émotionnelle des objets choisis.
Son attention aux outrages du temps, aux traces d’usure, la préciosité des « réparations » apportées aux objets - à rebours de notre appétit compulsif pour le nouveau et l’inaltérable la situe également dans la lignée d’une éthique du care ou de la sollicitude. Théorisé dans les milieux féministes, ce courant de pensée ancré dans le champ social et politique privilégie l’attention à la vulnérabilité et le fait de « prendre soin de » versus le processus de domination et de conquête qui caractérise la société occidentale.
Son travail déployé au MAMAC sur 1.200 m2 et à travers un ensemble d’œuvres créées entre 1989 et 2017, permettra de prendre la mesure de cette démarche singulière et offrira une perspective contemporaine sur les collections du musée, fondées sur la pratique du détournement et de l’appropriation du réel.
Née en 1948, Liz Magor vit et travaille à Vancouver. Elle est considérée comme l’une des artistes majeures de la scène artistique canadienne et internationale.
Liz Magor est représentée par les galeries : Marcelle Alix, Paris ; Susan Hobbs, Toronto ; Catriona Jeffries, Vancouver ; Andrew Kreps, New York
Commissariat : Hélène Guenin, directrice du MAMAC assistée de Laura Pippi-Détrey
Les sculptures de Liz Magor semblent surgir dans l’évidence de leur forme, de leur fonction identifiée, avant que le trouble ne s’installe face à ces intérieurs figés, ces festins abandonnés pour l’éternité, ces animaux, vêtements et peluches pétrifiés. Entre nature morte contemporaine et memento mori, ses sculptures disent l’obsolescence et la disparition celle des objets et la nôtre. Elles jouent aussi sur le registre de l’absence et de la réminiscence en esquissant en creux des histoires et identités potentielles des anciens propriétaires des objets, des périodes données et des classes sociales. Ainsi, son vocabulaire convoque des notions de différence, d’identité, de conditionnement psychologique ou encore des interrogations d’ordre anthropologique.
De cette domesticité allégorique qu’elle explore, émanent désir, manque, dépendance (avec le recours à des substances « addictives » telles que cigarettes, bouteilles d’alcool, chocolat, snacks, etc.), recherche de réconfort ou protection, quête d’apparat mais aussi usure, négligence, abandon. Le spectre de notre relation au monde des objets et à leur familiarité affective se déploie ainsi dans son travail.
Singulière, l’œuvre de Liz Magor subvertit l’exigence conceptuelle du minimalisme (travail sériel, emploi de matériaux non-traditionnels et de formes abstraites, approfondissement des notions de répétition, de variation), par la trivialité des sujets, par le raffinement et la sensualité de son travail sur les matériaux, et la charge symbolique, mémorielle et émotionnelle des objets choisis.
Son attention aux outrages du temps, aux traces d’usure, la préciosité des « réparations » apportées aux objets - à rebours de notre appétit compulsif pour le nouveau et l’inaltérable la situe également dans la lignée d’une éthique du care ou de la sollicitude. Théorisé dans les milieux féministes, ce courant de pensée ancré dans le champ social et politique privilégie l’attention à la vulnérabilité et le fait de « prendre soin de » versus le processus de domination et de conquête qui caractérise la société occidentale.
Son travail déployé au MAMAC sur 1.200 m2 et à travers un ensemble d’œuvres créées entre 1989 et 2017, permettra de prendre la mesure de cette démarche singulière et offrira une perspective contemporaine sur les collections du musée, fondées sur la pratique du détournement et de l’appropriation du réel.
Née en 1948, Liz Magor vit et travaille à Vancouver. Elle est considérée comme l’une des artistes majeures de la scène artistique canadienne et internationale.
Liz Magor est représentée par les galeries : Marcelle Alix, Paris ; Susan Hobbs, Toronto ; Catriona Jeffries, Vancouver ; Andrew Kreps, New York
Commissariat : Hélène Guenin, directrice du MAMAC assistée de Laura Pippi-Détrey
Pratique
Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain
Place Yves Klein Nice
04 97 13 42 01
Tous les jours de 11h à 18h sauf le lundi
www.mamac-nice.org
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