Lyon, galerie Françoise Besson : #réparezle monde

Un titre qui sonne aujourd’hui comme une urgence pour l’artiste comme pour la galeriste qui porte la proposition inédite et ambitieuse de faire résonner sept voix de l’art contemporain, derrière une sélection d’œuvres les plus emblématiques :


- L'artothèque d'Annecy représentée par Marie Pontoire, prêtera à cette occasion un choix d'acquisitions.
- Une œuvre participative produite en résidence au Musée-Château-d’Annecy en collaboration avec Lucie Cabanes, sera réactivée pour le public de la galerie.
- je dessine, vous brodez… un livre d’artiste écrit en résidence à la maison forte de Hautetour ( Saint Gervais) édité par l’éclosoir (Thonon-les-Bains) et publié grâce au soutien de la Fondation Claudine et Jean Marc Salomon.
- deux grands tableaux participatifs réalisés au Centre d’Art Contemporain l'Arteppes grâce à l’opiniâtreté de son directeur Olivier Godeux.

Le collectif est donc au cœur de sa pratique artistique, élargie au réseau d’art contemporain.
Tout comme la collecte ou l'importance accordée à une chose, une matière – un principe immanent qui porte son grand projet nomade #réparezlemonde

Une sélection d’œuvres choisies indépendamment de leur temps de production, de leur contexte participatif et de leur histoire, vont dialoguer entre elles pour la première fois.
Une Tabula Rasa – autre titre envisagé mais trop radical qui avait comme intention de battre à nouveau les cartes, oublier la classification des différentes familles (chacun son trait, je dessine, vous brodez…, compost photo) pour formuler une nouvelle réflexion, réaliser un inventaire des possibles et croire en demain.
Nourrie de ses nombreuses rencontres, Sophie Matter arpente chaque jour et poursuit son exploration du territoire.

De l'atelier au musée, des draps étendus au château fortifié à la résidence en entreprise, des tuiles du Palais de L'île, à la ruche de la galerie rue de Crimée, Sophie Matter opère un déplacement de sens et de forme. Elle agence, au sens deleuzien du terme. Elle évoque notre rapport au quotidien, aux objets sacrés ou profanes et interroge notre « consommation » du monde avec la volonté de faire patiemment germer le travail dans le terreau fertile de la reconnaissance du vivant.

Bancs de boutons, confettis photo piqués d’épingles, parterre de bols, perles de rocailles, draps et chiffons brodés, dessins, collages, cailloux, fils et planches de bois ; le matériau et la matière ne font qu'un. Tous méritent un arrêt sur image.

L’artiste porte dans son nom même, l'essence de son œuvre-matter, ce désir de faire corps avec le monde dans sa pluralité, pour tenter de le saisir, de le comprendre et de l’aimer.
Pour reprendre les mots de Myriam Deweirdt (comme autant de respirations inspirées)
De fil en aiguilles
De toiles en points
de murs en murmures…

Les rencontres ricochent sur les matières et couleurs et (r)allument les objets pour nous entourer d’une lueur d’espoir.
Un concept de cabinet de curiosités revisité avec un alphabet des motifs, pour aider la visite, qui raconte et synthétise cette obsession pour le processus de création.
Une alternance de réalisations (dessins, broderies, gaufrages, objets de sculptures) et de gabarits (outils de travail) investiront l’espace - tels des étendards levés pour croire en demain !

Des œuvres graphiques, en volume, à la croisée de pratiques artistiques (photographie, dessin, collage, sculpture) qui interrogent l’histoire de l’art tout autant que nos savoirs faire précieux
- faireculture un concept qui dessine des scénarios participatifs pour un public.
- fairensemble, c’est activer le projet, devenir acteur selon des modes d’emploi précis.
Mue par toutes ces valeurs favorisant la rencontre et la participation, sans oublier sa conscience écologique, sa volonté de travailler l’objet de récupération (série compost), Sophie Matter invite à transformer, détourner, faire un pas de côté urgent et nécessaire pour envisager demain. Prendre du recul, revoir notre copie et nous conduire à l’humanité.
Françoise Besson

Cette exposition rend hommage à Yann Bazin, un acteur incontournable du monde de l’art contemporain annécien, à l’origine de notre rencontre au Palais de l’île à Annecy, juste avant sa disparition.

Françoise Besson
Mis en ligne le Vendredi 10 Décembre 2021 à 17:59 | Lu 150 fois
Françoise Besson
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