Marseille, « En chanteur », Frederic Zeitoun enflamme le Toursky

La flamme vacillante de cette étoile à six branches le réchauffe encore. Il en sourit, plaquant des mots sur les maux, allusion – forcément - à l’étoile au revers d’une veste. Lui a la sienne accrochée au cœur.


Frédéric Zeitoun et Bruno Caviglia © Monique Ivars
Frédéric Zeitoun a enchanté le public du Théâtre Toursky avec un spectacle cousu de fil d’or.
C’est une naïade aux cheveux longs qui l’a adoubé dans ce théâtre et Richard Martin, le directeur du Toursky, lui en a ouvert les portes. Lui, c’est Frédéric Zeitoun, le très charmant et très souriant chroniqueur matinal d’Antenne 2. Mais pas seulement. Ce soir, 26 janvier 2019, il a revêtu son costume de chanteur.
Pour le présenter au public, Richard Martin parle de l’homme qu’il connait maintenant, capable d’empathie, de fraternité, de générosité comme il est rarement donné d’en rencontrer. Puis il cède la place à la scène et au chanteur qu’il va, dit-il, découvrir en même temps que les spectateurs.
Nonobstant l’immédiate impression de franchise et de sympathie lors de notre très belle rencontre aux fins d’interview, nonobstant sa renommée d’artiste, je n’avais jamais –je l’avoue- pris le temps d’écouter le chanteur. Je craignais confusément le tour de chant d’une personne boostée là par la magie de la notoriété médiatique.

Auteur, chanteur et poète
Que nenni !! Le talent et le professionnalisme du chanteur-auteur-musicien se dévoilent dès les premières paroles. Ce sont une heure et quelques quinze minutes de bonheur, de tendresse partagée, d’humour, de fraîcheur et de poésie. Une heure et quinze minutes pour entrer de plain-pied dans son intimité. Frédéric Zeitoun se donne tout entier dans ses chansons. On y décèle une humanité profonde, une sensibilité à fleur de peau, un humour vivifiant doublé de tendresse. Le chanteur ne joue pas seulement à faire rimer et claquer en rythme, non ! L’auteur a la puissance des mots, de ceux qui font naître les images, de ceux qui apportent les fragrances oubliées, de ceux qui visent juste. Avec des phrases d’une extrême clarté et d’une belle simplicité, il happe le cœur de l’auditoire et bouleverse autant qu’il amuse. Une énergie folle pour cet homme dont on a peine à imaginer qu’il est en fauteuil. Effacés, balayés les préjugés et les craintes de blesser car son fauteuil swingue avec lui. C’est un chanteur enthousiasmant, bouleversant aussi, qui éclate d’adresse, accapare la scène et la salle. Sous le rire, sous le sourire, on devine les blessures de la vie. Qu’elles sont joliment dites ! Avec discrétion, sans éclat, comme à pas feutrés, Frédéric Zeitoun évoque l’enfance, l’absence (Bien au contraire-Fred Zeitoun/Charles Aznavour), le handicap, la bêtise. Puis, il nous convie à un pot de départ à la retraite. On rit après les larmes. Le public chante avec lui, tape dans les mains, renvoie sa joie et ses ‘bravi’ en écho. C’est pétillant, vrai. Cet homme ne triche pas. Il aime le public et le public le lui rend bien. Frédéric Zeitoun est magique, c’est un poète.

Un humour joyeux, de l’autodérision et de la tendresse à foison
La merveilleuse chanteuse Christina Rosmini (la naïade du début de notre article) - que nous retrouverons au Toursky le 25 mai 2019 - le rejoint sur scène pour « Les vacances chez Franco ». Les castagnettes de Christina font chavirer la salle qui entonne à tue-tête, avec elle et Frédéric Zeitoun, un refrain follement entrainant. Une subite envie de danser envahit les corps. Qui n’a pas connu la voiture bondée du départ en vacances vers les plages et les parasols ? Comme une odeur de sel marin et de merguez saupoudrés de flamenco. Ebouriffant !
Moment passion, moments délicieux, avec l’immense Lévon Minassian ! Le son envoûtant, la mélopée divine de son doudouk bordent la voix chaude de Frédéric Zeitoun, l’enveloppent, la festonnent. Ce n’est plus un très joli texte et une belle musique, c’est une respiration retenue dans le temps, sublime (J’ai appris)
A la guitare, le précieux et talentueux Bruno Caviglia forme avec Frédéric Zeitoun un duo percutant et flamboyant. Ces deux-là sont potes, on se sent !

Un album de duos avec la voix du grand Charles
Pour notre plus grand plaisir – maintenant je sais ! - Frédéric Zeitoun a concocté un album de duos qui sortira le 22 mars, avec douze artistes : Doc Gényco, Yves Duteil, Linda Lemay, Marie-Paule Belle, la chorale Gospel de Reuil Malmaison, Enrico Macias, Manu Di Bango, Philippe Laville, Olde laf, Stéphane Sanseverino, Michel Fugain et l’inoubliable Charles Aznavour, qui a terminé le clip de présentation du duo trois semaines avant qu’il ne s’envole.

Trophée Gold de l’espoir 2019
Cerise sur le gâteau, Christina Rosmini annonce à Frédéric Zeitoun, surpris et ravi, que l’association Marseille Plus, dont nous connaissons l’excellent magazine mettant à l’honneur les personnes qui font rayonner Marseille et sa région, a décidé de remettre cette année à Monsieur Frédéric Zeitoun, par l’intermédiaire de son directeur Boualem Aksil, le Trophée Gold de l’espoir pour la culture, lors d’une soirée prestigieuse qui aura lieu le 24 mars 2019.

Le public, debout, ne voudrait pas laisser échapper ces sources de joie et d’émotions douces, que sont Frédéric Zeitoun, chanteur enchanteur, Bruno Caviglia, Christina Rosmini et Lévon Minassian, protagonistes d’une soirée mémorable, d’un spectacle à coup sûr calculé au cordeau, mais qui communique une impression de liberté et d’improvisation participant du succès.
Comme à l’accoutumée, le restaurant ‘les frangins d’la night’ ont accueillis les convives et Frédéric Zeitoun n’a pas boudé les admirateurs massés à l’attendre avec lesquels il a passé de longs moments avant de rejoindre la tablée. Richard Martin a levé son verre au saltimbanque, à l’ami et à la fraternité.
Que vivent les poètes !
Danielle Dufour-Verna

Danielle Dufour-Verna
Mis en ligne le Lundi 28 Janvier 2019 à 14:29 | Lu 884 fois
Danielle Dufour-Verna
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