Marseille, La Criée : Rencontres d’Averroès, 27e édition 19 - 22 nov. 2020

Cités à la dérive ? Devenirs urbains, entre Europe et Méditerranée


Le monde méditerranéen a fait naître la cité, la polis, qui demeure, semble-t-il, un creuset pour vivre et habiter ensemble. Au-delà des mythes, qui traversent le temps, la référence à la cité antique a-t-elle toujours un sens aujourd’hui ? (1re table ronde)

Au temps des bouleversements climatiques qui s’annoncent et des littoraux qui risquent d’être submergés, comment les cités méditerranéennes peuvent-elles faire face ? Quels devenirs urbains à l’heure de l’Anthropocène ? Et plus largement, comment repenser l’urbain et habiter la ville autrement en surmontant les blocages politiques ? (2e table ronde)

Le temps de la « mondialisation heureuse » est révolu. Les flux économiques et financiers, comme les pandémies, percutent les lieux, devenus bien fragiles. Comment repenser l’architecture et réinventer des lieux pour vivre un monde commun ? Quelles conditions urbaines pour les villes et les cités de la Méditerranée au xxie siècle ? (3e table ronde)

Face aux « cités à la dérive* », aux ségrégations et aux fragmentations urbaines croissantes, avec l’urbanisation d’une grande majorité de la population, un autre modèle est-il possible ? Une autre façon d’habiter le monde est- elle pensable ? Les cités imaginaires, dessinées par des artistes, racontées par des écrivains, des photographes ou des cinéastes, fabriquées par des architectes, des ingénieurs ou des urbanistes visionnaires, peuvent-elles éclairer demain ? (4e table ronde)

Autant de questions posées et de débats lancés à l’occasion de la 27e édition des Rencontres d’Averroès, à Marseille, autour de quatre tables rondes.
* En écho au titre du livre Cités à la dérive (1966) de Stratis Tsirkas, écrivain grec d’Alexandrie

Cités antiques, cités historiques, un héritage pour demain ?

Vendredi 20 novembre, 15h – Animée par Jean-Christophe Ploquin, La Croix

Qu’est-ce qui fait une cité ? Du plus lointain de l’héritage méditerranéen nous vient la référence à la cité-État. Est-ce un modèle, un creuset à partir duquel s’est fondé l’art du politique ? La cité grecque, qui a inventé le demos, est-elle la source, la matrice de notre art de gouverner ? Qu’est-ce qui nous vient de l’héritage grec, en fin de compte, est-ce bien la démocratie ? Athènes semble être la référence centrale, volontiers idéalisée, mais qu’en est-il de références plus militaires, telle que Sparte, ou plus religieuses, telle que Jérusalem ? Quelle place pour l’Orient ancien et pour d’autres sources et d’autres réseaux dans notre relation à la cité et au politique ?

Rome semble occuper une place singulière, mais qu’en est-il exactement ? Est-ce un rapport à la loi ou à l’Empire ? L’idée de République, comme celle du « métier de citoyen », nous est-elle inspirée par le monde romain ? Quelle forme et quelle place pour notre imaginaire romain ?

Qu’en est-il de la cité musulmane ? Se tient-elle à part, dans un registre spécifique parmi les mégapoles méditerranéennes ou est-elle partie prenante d’un monde commun ? Quels sont les principes qui régissent son fonctionnement ?
Quelles relations, en fin de compte, entre cité de Dieu et cité des hommes ?

Cités face aux bouleversements climatiques et aux impasses politiques ?

Samedi 21 novembre, 10h – Animée par Joseph Confavreux, Mediapart

Le monde méditerranéen semble être une bio-région particulièrement sensible aux évolutions ou aux révolutions climatiques. Peut-on prendre la mesure de ce qui vient ? Quels impacts, à l’horizon de vingt ou trente ans, du réchauffement sur le niveau de la mer et sur les littoraux, là où se concentre la plus grande partie de la population ? Comment les cités du monde méditerranéen peuvent-elles anticiper de tels bouleversements ?

Qu’en est-il, par exemple, d’une cité historique telle que Venise face au phénomène croissant de l’Acqua Alta ? Comment bâtir pour demain ? Les architectes doivent-ils inventer de nouveaux modèles, de nouvelles façons de construire, à partir d’autres matériaux, comme la pierre sèche par exemple ?
Plus largement, peut-on repenser l’urbain, imaginer la ville autrement et habiter le monde différemment ? Comment surmonter les blocages et les impasses politiques face aux effondrements qui arrivent ? De quoi l’explosion sur le port de Beyrouth est-elle le nom ? La reconstruction de la capitale du Liban, au lendemain de la guerre, ne témoigne-t-elle pas d’une privatisation de l’espace public ?

Quelles alternatives face à la prédation et à la spéculation ? Une politique du bien commun est-elle possible, pensable, réalisable ? À quelles conditions ?

Cités face aux défis de la mondialisation ?

Samedi 21 novembre, 15h – Animée par Daniel Desesquelle, RFI

La « condition urbaine » a profondément changé au cours de ces dernières années. Les lieux, que l’on ne cesse d’habiter, sont de plus en plus traversés, percutés même par des flux, qui viennent du monde entier. Comment y faire face ? Sommes-nous les témoins d’un profond changement d’échelle, de concentrations urbaines qui s’amplifient, s’accélèrent jusqu’à devenir de plus en plus difficiles à maîtriser ? Quelles leçons tirer, par exemple, d’une ville-monde telle qu’Istanbul, mégapole de plus de 17 millions d’habitants ? Qu’en est-il également du Caire ou d’Alexandrie, de Tanger ou de Marseille ? Cités à la dérive ?...

Architectes et urbanistes sont-ils à la hauteur de ces défis, liés à la mondialisation des marchandises comme des informations ? Que faire de la pensée de l’urbain, venue d’Ildefons Cerdà, à Barcelone ? Existe-t-il toujours un art de bâtir, ensemble, ou assiste-t-on plutôt à la montée en puissance de machines singulières et d’architectes starisés et mondialisés qui se préoccupent assez peu du devenir de la ville ?
Qu’en est-il des villes et des cités du Proche et du Moyen-Orient confrontées à la violence et à la guerre ? Assiste-t-on à des « urbicides » ? À des destructions systématiques de la cité comme forme de vie en commun ? Quelles sont les chances et les promesses d’une possible reconstruction ?
Par-delà les héritages du passé ou les modèles mythifiés, quelle pourrait être la cité idéale d’aujourd’hui et de demain ? La cité a-t-elle un avenir dans la mondialisation ?

Cités imaginaires ?

Dimanche 22 novembre, 11h - Animée par Thierry Fabre, Rencontres d’Averroès

« Les villes ne sont rien d’autre que la forme du temps », écrivait volontiers Italo Calvino dans ses Villes invisibles. Que serait une cité sans imaginaire ? Sans les récits qui la racontent, sans les dessins qui la représentent, sans les images qui la rendent désirable ou répulsive ?
Pourquoi ne pas ouvrir le champ des possibles et solliciter le regard des artistes, des écrivains et des bédéistes, des vidéastes et des architectes qui aiment rêver la ville autrement ? Alger, par exemple, dans la mémoire coloniale d’une « Maison indigène » revisitée, réinventée, où s’esquisse une architecture du passé, au présent, où se croisent notamment Camus et Le Corbusier.
Voici une invitation au voyage parmi ces cités imaginaires qui peuplent nos regards, une traversée en images de ces villes-ports que la Méditerranée relie et en même temps sépare…
La mer, la mer toujours recommencée, si chère à Paul Valéry, qui inspire de nouvelles formes urbaines, et pourquoi pas une « métropole sensible », qui s’étirerait de Gênes à Barcelone, en passant par Nice, Marseille et Montpellier, vision latérale et littorale qui change du regard vertical et surplombant de tant d’aménageurs.
Cités imaginaires ou cités à la dérive ?...

Les soirées Averroès

Lamia Ziadé & Bachar Mar-Khalifé — lecture musicale et dessinée – vendredi 20 nov., 21h
Orchestre national de Barbès — concert – samedi 21 nov., 21h

Caroline Comte
Mis en ligne le Mardi 6 Octobre 2020 à 05:29 | Lu 176 fois
Caroline Comte
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