Hommage fort sympathique et émouvant à Louis Ducreux, ex-maître des lieux
Manon de Massenet
dont la mémoire est ici fort intelligemment entretenue. Jouant avec esprit la carte du théâtre pur, le tandem Auphan/Coudray nous fait voyager dans le temps et nous donne à rêver dans un spectacle fourmillant de trouvailles… Bref, le XVIIIe siècle comme si vous y étiez avec maquillages stylisés, éclairages strehleriens, un texte servi par des chanteurs-acteurs faisant tous preuve d’une remarquable diction.
On aura d’autant apprécié le talent et le sérieux de l’approche, une fois dit que les deux interprètes principaux sont de langue étrangère et mettaient pour la première fois leur rôle respectif à leur répertoire.
Fidèle à sa « coupable » habitude, Renée Auphan a frappé dans le mille. Il est bien délicat, une fois encore, de détacher tel ou tel nom d’une distribution aussi homogène dans la perfection
Prise de rôle spectaculaire donc pour Ermonela Jaho. Forte de son succès in loco dans La Traviata voici deux saisons, la soprano albanaise vit Manon au rythme de ses désirs, sans toutefois que le beau fleuve de son chant en soit le moins du monde altéré.
Convaincante aux deux extrêmes de la partition, cohérente dans le cheminement du personnage (naissance du désir puis son appel suicidaire, froide course au succès, passion mortelle de la liberté… une certaine Carmen avec sa « chose enivrante » n’est pas loin…) Ermonela Jaho s’inscrit lentement mais sûrement dans le Panthéon de nos divas modernes.
En Des Grieux, l’italo-germanique Roberto Saccà triomphe pas toujours sans aise mais avec éclat. Un rien rêche et donc fort peu suave dans les deux premiers actes (si le Rêve manquait d’une rien des habituels pianissimi, sa musicalité n’a jamais fait défaut) Saccà se révèle ensuite fiévreux, torturé, finalement pitoyable dans son amour sincère pour cette garce écervelée, le tout dans une fort belle conviction dramatique.
Jean-Luc Chaignaud en Lescaut ? Rien à dire. Simplement parfait. Simplement idéal. Avec une qualité de chant égale d’un bout à l’autre de l’œuvre.
Imposantes et cinglantes interventions du vétéran Alain Vernhes en Comte des Grieux à la sombre gravité qui fait froid dans le dos, à la toujours digne affliction.
Le quintette des filles galantes - future fournées pour la Nouvelle-Orléans ? - et leurs soupirants (Javotte, Poussette, Rosette, Brétigny et Guillot – irrésistible Christian Jean en vieux beau engoncé dans son ridicule et ses bonne manières-) a su souligner la préciosité virtuose de la partition dans la scène du Cours-la-Reine.
Personnages secondaires fort bien tenus, chœurs valeureux comme toujours.
Le rôle le plus délicat a été tenu par le chef Cyril Diederich. Il a prouvé que Massenet avait sur lire l’Abbé Prévost. Sa direction habile, précise, fine, précieuse même, reflétait l’image du classicisme dont le roman est empreint.
Avec en prime des élans romantiques qui ne pouvaient que mettre en délire un public surchauffé et complice.
Christian Colombeau
On aura d’autant apprécié le talent et le sérieux de l’approche, une fois dit que les deux interprètes principaux sont de langue étrangère et mettaient pour la première fois leur rôle respectif à leur répertoire.
Fidèle à sa « coupable » habitude, Renée Auphan a frappé dans le mille. Il est bien délicat, une fois encore, de détacher tel ou tel nom d’une distribution aussi homogène dans la perfection
Prise de rôle spectaculaire donc pour Ermonela Jaho. Forte de son succès in loco dans La Traviata voici deux saisons, la soprano albanaise vit Manon au rythme de ses désirs, sans toutefois que le beau fleuve de son chant en soit le moins du monde altéré.
Convaincante aux deux extrêmes de la partition, cohérente dans le cheminement du personnage (naissance du désir puis son appel suicidaire, froide course au succès, passion mortelle de la liberté… une certaine Carmen avec sa « chose enivrante » n’est pas loin…) Ermonela Jaho s’inscrit lentement mais sûrement dans le Panthéon de nos divas modernes.
En Des Grieux, l’italo-germanique Roberto Saccà triomphe pas toujours sans aise mais avec éclat. Un rien rêche et donc fort peu suave dans les deux premiers actes (si le Rêve manquait d’une rien des habituels pianissimi, sa musicalité n’a jamais fait défaut) Saccà se révèle ensuite fiévreux, torturé, finalement pitoyable dans son amour sincère pour cette garce écervelée, le tout dans une fort belle conviction dramatique.
Jean-Luc Chaignaud en Lescaut ? Rien à dire. Simplement parfait. Simplement idéal. Avec une qualité de chant égale d’un bout à l’autre de l’œuvre.
Imposantes et cinglantes interventions du vétéran Alain Vernhes en Comte des Grieux à la sombre gravité qui fait froid dans le dos, à la toujours digne affliction.
Le quintette des filles galantes - future fournées pour la Nouvelle-Orléans ? - et leurs soupirants (Javotte, Poussette, Rosette, Brétigny et Guillot – irrésistible Christian Jean en vieux beau engoncé dans son ridicule et ses bonne manières-) a su souligner la préciosité virtuose de la partition dans la scène du Cours-la-Reine.
Personnages secondaires fort bien tenus, chœurs valeureux comme toujours.
Le rôle le plus délicat a été tenu par le chef Cyril Diederich. Il a prouvé que Massenet avait sur lire l’Abbé Prévost. Sa direction habile, précise, fine, précieuse même, reflétait l’image du classicisme dont le roman est empreint.
Avec en prime des élans romantiques qui ne pouvaient que mettre en délire un public surchauffé et complice.
Christian Colombeau