Marseille, Palais des arts : Trilogie méditerranéenne d'Art Contemporain. Jusqu'au 20 avril

La Fondation Regards de Provence - Reflets de Méditerranée - accueille la « Trilogie Méditerranéenne d’Art contemporain, de Culture et de Voyage de Grèce, France et Egypte », en escale à Marseille. Cette odyssée, réunissant près de 40 plasticiens de renommée internationale, est une invitation au voyage et à la découverte de la richesse culturelle de trois grandes civilisations d’Orient et d’Occident et de leur héritage commun issu de la Méditerranée. Une centaine de tableaux, photographies, sculptures, installations et vidéographies, dont de nombreux inédits ou jamais exposés en France, est révélée dans les salons du Palais des Arts, du jeudi 14 février au dimanche 20 avril 2008.
Cet évènement s’inscrit dans le cadre de « Marseille Artistes Associés 1977-2007 ».


FROM Athens TO Marseille To Cairo

Palais des arts marseille
En ce début du XXIème siècle, à travers cette trilogie, des artistes contemporains de ces trois pays - qui ont adopté la « Déclaration de Barcelone », acte fondateur de la Méditerranée contemporaine, - deviennent plus que jamais témoins et acteurs de leur temps. A l'heure où l'Euro-Méditerranée est sur le devant de la scène, cette tournée est au cœur de l’actualité - déclinée en trois temps et trois lieux. L'escale de Marseille s'impose comme une étape symbolique : ville et port méditerranéens - à la croisée des routes de l'Orient et de l'Occident - elle incarne métissages et échanges. Elle fait suite à l’exposition d’Athènes en juin 2006 et précède celle du Caire en juin 2008.

Ce triptyque célèbre la dimension culturelle et artistique du bassin méditerranéen, matérialise les relations culturelles et les échanges entre ces trois pays et marque la volonté de fédérer ces trois cultures à travers l’art contemporain.
9 artistes grecs, 16 artistes français et 14 artistes egyptiens sont mis à l’honneur.

L'exposition de Marseille innove et évolue par rapport à celle d'Athènes, avec l’événement phare au Palais des Arts. Le public aura accès à des œuvres d'artistes grecs et égyptiens, qui pour la plupart n'ont jamais exposé en France ou très peu (certains égyptiens ont participé à l’évènement Africa-Remix à Beaubourg), et à des œuvres d'artistes français de renommée mondiale, souvent intimement liés à la Méditerranée.

Il est de convention d’appeler l’art contemporain art global. Le monde d’aujourd’hui subit les effets de la globalisation - ou au mieux la vit à des degrés divers, entre bénéfices et effets négatifs ou perçus comme tels, selon l’endroit de la planète. Les artistes sont parmi les plus sensibles à appréhender et vivre ces questions sur le plan humain, ils sont le baromètre de ce monde.

Les artistes ne restent pas passifs devant l’actualité, ils en mesurent les enjeux, en dénoncent les dérives, nous en livrent les atouts faisant appel de manière parfois inattendue aux progrès technologiques. Il est intéressant de vérifier ce constat dans les sélections d’artistes des trois pays et rassurant de percevoir et apprécier ce qui les rapproche et ce qui les distingue sans jamais les opposer.

Quelques plasticiens grecs
Il est très clair que Yannis Kottis est résolument grec et méditerranéen. Son œuvre empreinte de nostalgie, de poésie et d’espoir fait appel à des techniques mixtes avec une liberté d’expression qui nous invite au plaisir des sens. Il s’agit bien là de valeurs culturelles fortes inhérentes au pays mais qui font références à l’orient et à l’occident.

Dans l’œuvre de Kottis, Kehagioglou, Fassianos ou Michaloudis, dont le travail explore des technologies de pointe empruntées à la Nasa, l’enjeu et la force puisée dans leurs références culturelles sont omniprésents. Krallis ou d’autres artistes grecs de la scène émergeante, comme Venia Bechrakis ou Anastasia Katsidis, ont leur port d’attache loin de leur pays. Ils revendiquent davantage le titre d’artiste du monde, pourtant les traits d’humour de l’œuvre de Krallis et la quête surréaliste d’une réalité faite de juxtapositions et de détournements de Katsidis sont la preuve de l’influence de la Grèce au delà du bassin méditerranéen.

Quelques plasticiens égyptiens
Les artistes égyptiens contemporains au sens global, international et occidental du terme sont extrêmement bien représentés à l’escale marseillaise de la Trilogie. Ces artistes y sont reconnus en Europe et aux Etats Unis et la plupart d’entre eux y ont des liens très forts. La situation du Caire qui concentre la majorité de la population égyptienne leur impose de vivre au quotidien les effets de la globalisation. Cela prend des allures très différentes qui oscillent entre chaos, désordre, difficultés de vivre, confusions mais aussi admiration, ouverture sur le monde et appropriation fulgurante des hautes technologies, et rage de vivre.
Les artistes sont les premiers récepteurs des conséquences de ces mutations qu’ils dénoncent ou simplement décrivent, contournent ou bien encore s’approprient pour mieux s’en préserver et prendre le recul nécessaire à la quête et à la préservation de leurs racines.

Amal Kenawy, femme orientale - douce voire fragile - se pose en retrait de ces questionnements pour la plupart de ses œuvres et nous livre les chocs émotionnels, enfouis en elle comme devoir de mémoire et de libération. Ses images sont chargées d’émotion avec en fil conducteur les chocs émotionnels et la violence.

Huda Lutfi prend le parti de mettre à jour sa quête de retour aux sources et valeurs traditionnelles et populaires. Elle chine et récupère et fait resurgir des vestiges d’un Caire en pleine mutation mais qui demeurent des objets du quotidien des égyptiens ou de leur inconscient collectif. Cela donne prétexte à une œuvre qui nous met face à l’évidence de ce qui s’opère dans sa ville, comme en proie à un dilemme entre globalisation et traditions populaires. Une ambivalence omniprésente dans le quotidien et le cœur de chaque cairote.

La quête de Huda Lutfi ne tient pas du hasard, mais de trouver un juste équilibre entre globalisation, capital culturel, racines et traditions populaires.

Palais des Arts, 1 place Carli, 13001 MARSEILLE. Du 14 février au 20 avril 2008.

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Mis en ligne le Mardi 19 Février 2008 à 00:00 | Lu 1302 fois
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