Vu au Théâtre Toursky à Marseille
Peter Brook © DR
« De ce rien, la vie va venir. Un atome émerge du vide, c’est la pensée. »
Assis face aux spectateurs dans un décor épuré, les comédiens décortiquent le théâtre : pourquoi fait-on du théâtre, comment fait-on du théâtre, pour qui fait-on du théâtre, quelle en est l’essence, quel en est le but, pourquoi aller au théâtre... Si, confortablement installé dans son fauteuil, à distance sanitaire respectable du voisin, masqué et les mains précautionneusement hydro alcoolisées, si nous nous préparons à délasser le corps et l’esprit, nous avons tout faux. Ici, c’est à un questionnement permanent, une remise en question, c’est à un échange d’idées et de sensations – émaillées de traits d’humour car le texte n’en manque pas - que nous sommes conviés.
« Vous avez entendu mes paroles, mais avez-vous compris ce que je n’ai pas dit »
Sans secousse, le texte, superbe et superbement dit par les comédiens, énergise le public. Dans un deuxième temps, c’est l’émotion qui s’en empare. La vie de Meyerhold, grand dramaturge et metteur-en-scène russe durant la période stalinienne, nous est contée, sans effet tragique, sans grandiloquence, et c’est bouleversant. Silence religieux dans la salle, mais un silence tumultueux de pensées qui s’entrechoquent, ébranlées, mais apaisées. Apaisées, car les paroles répondent au vide laissé par le doute, l’ignorance, le mépris. Apaisées car la réponse est à portée de voix, à portée de cœur. Apaisées mais révoltées. Et c’est cela le théâtre de Peter Brook : faire réagir, sans artifices.
Le piano de Raphaël Chambouvet appuie le texte, tour à tour l’exalte ou le teinte de douceur, comme pour cet Ave Maria de Gounod, joué comme un murmure, une caresse sur la comédienne, à genoux devant le public.
Peter Brook signe ici un texte d’une rare beauté, servi par des comédiens fabuleux. Kathryn Hunter vibrant de tout son corps, entraine ses magnifiques partenaires, non pas dans un plaidoyer pour le théâtre, mais pour l’humanité tout entière.
Un beau moment de théâtre pour la défense de la culture, plus que jamais en danger.
Danielle Dufour-Verna
Texte et mise en scène : Peter Brook & Marie-Hélène Estienne
Avec Kathryn Hunter, Marcello Magni, Ery Nzaramba et Raphaël Chambouvet (au piano)
Lumières : Philippe Vialatte
Images : Gabrielle Lubtchansky
Assis face aux spectateurs dans un décor épuré, les comédiens décortiquent le théâtre : pourquoi fait-on du théâtre, comment fait-on du théâtre, pour qui fait-on du théâtre, quelle en est l’essence, quel en est le but, pourquoi aller au théâtre... Si, confortablement installé dans son fauteuil, à distance sanitaire respectable du voisin, masqué et les mains précautionneusement hydro alcoolisées, si nous nous préparons à délasser le corps et l’esprit, nous avons tout faux. Ici, c’est à un questionnement permanent, une remise en question, c’est à un échange d’idées et de sensations – émaillées de traits d’humour car le texte n’en manque pas - que nous sommes conviés.
« Vous avez entendu mes paroles, mais avez-vous compris ce que je n’ai pas dit »
Sans secousse, le texte, superbe et superbement dit par les comédiens, énergise le public. Dans un deuxième temps, c’est l’émotion qui s’en empare. La vie de Meyerhold, grand dramaturge et metteur-en-scène russe durant la période stalinienne, nous est contée, sans effet tragique, sans grandiloquence, et c’est bouleversant. Silence religieux dans la salle, mais un silence tumultueux de pensées qui s’entrechoquent, ébranlées, mais apaisées. Apaisées, car les paroles répondent au vide laissé par le doute, l’ignorance, le mépris. Apaisées car la réponse est à portée de voix, à portée de cœur. Apaisées mais révoltées. Et c’est cela le théâtre de Peter Brook : faire réagir, sans artifices.
Le piano de Raphaël Chambouvet appuie le texte, tour à tour l’exalte ou le teinte de douceur, comme pour cet Ave Maria de Gounod, joué comme un murmure, une caresse sur la comédienne, à genoux devant le public.
Peter Brook signe ici un texte d’une rare beauté, servi par des comédiens fabuleux. Kathryn Hunter vibrant de tout son corps, entraine ses magnifiques partenaires, non pas dans un plaidoyer pour le théâtre, mais pour l’humanité tout entière.
Un beau moment de théâtre pour la défense de la culture, plus que jamais en danger.
Danielle Dufour-Verna
Texte et mise en scène : Peter Brook & Marie-Hélène Estienne
Avec Kathryn Hunter, Marcello Magni, Ery Nzaramba et Raphaël Chambouvet (au piano)
Lumières : Philippe Vialatte
Images : Gabrielle Lubtchansky