Martigny (Suisse), Fondation Gianadda, peinture, Balthus, 100e anniversaire. Souvent à contre-courant et à l’écart des avant-gardes, Balthus développe dans le secret de son atelier parisien, un style unique et mystérieux. Du 15 juin au 23 novembre

« La meilleure façon de commencer est de dire : Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures. » Telle est la réponse que Balthus adressait il y a quarante ans exactement à la Tate Gallery, qui organisait une rétrospective et voulait un texte de présentation.


Ce n’est pas la première fois que Balthus est valaisan

Balthus. Thérèse rêvant. 1938. Huile sur toile 150 x 130 cm.
L’exposition de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny est, pour l’été 2008, consacrée aux chefs-d’œuvre de Balthus. Plusieurs anniversaires se rattachent à cet événement : le centenaire du peintre d’abord, mais aussi le vingt-cinquième anniversaire de sa redécouverte lors de la grande rétrospective du Centre national d'art de culture Georges Pompidou en 1983, ou encore le trentième anniversaire de la Fondation Pierre Gianadda, inaugurée le 19 novembre 1978.
Ce n’est pas la première fois que Balthus est valaisan. C’est même en Valais que tout commence, près de Sierre où, chaque année, le poète allemand Rainer Maria Rilke (avec qui sa mère entretient une liaison amoureuse) invite la mère et les enfants à venir se distraire en son château de Muzot. Rilke préfacera le livre Mitsou du très jeune Balthus (dessiné à 11 ans, publié à 13) et le premier tableau connu Paysage (Muzot), peint en 1922 à l’âge de 15 ans, et qui témoigne également d’un Valais de l’enfance.
Souvent à contre-courant et à l’écart des avant-gardes, Balthus développe bientôt dans le secret de son atelier parisien, un style unique et mystérieux, qui renoue avec la peinture du Quattrocento italien (en particulier Piero della Francesca) et prolonge la grande tradition française (Poussin, Ingres, Courbet). Comme Alberto Giacometti, Suisse également, dont il se rapproche et qui devient son meilleur ami, Balthus se méfie du Surréalisme pour se cramponner à la figuration et en explorer les arcanes compliqués, n’hésitant pas à se tourner vers la leçon décriée et conservatrice d’André Derain.
La rétrospective invite à une traversée de toutes les périodes et de tous les thèmes de Balthus : portraits, paysages, sans oublier les jeunes nymphes alanguies qui constituent l’ingrédient majeur du « mystère Balthus ».
L’exposition confronte les deux mythiques paysages urbains de Balthus, La Rue, 1933 exposée pour la première fois en Suisse et Le Passage du Commerce-Saint-André, réalisé vingt ans plus tard. Deux archétypes du spectacle de la ville, deux icônes de la rue qui, tout en décrivant sur un mode étrange le théâtre de la vie, inscrivent Balthus dans « la grande tradition de la peinture pour laquelle la toile est un espace géométrique à remplir » (Antonin Artaud).
A côté d’un parcours anthologique du génie pictural de Balthus, une salle entière révèle d’extraordinaires dessins, tout d’acuité et de sensualité.
Jacqueline Aimar

Du 15 juin au 23 novembre,
41 27 722 39 78


pierre aimar
Mis en ligne le Dimanche 22 Juin 2008 à 14:50 | Lu 3116 fois
pierre aimar
Dans la même rubrique :