Quels enseignements tirer de l’histoire ? Analyser et comprendre hier pour mieux vivre ensemble demain, c’est l’objectif de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec « Mémoire pour demain ». Cet événement, réalisé en partenariat avec le Site-mémorial du Camp des Milles, propose un retour sur ce que le XXe siècle a produit d’inconcevable, pour nourrir la connaissance et la réflexion.
Ainsi, du 2 au 31 mars, des débats, rencontres et films sur les génocides juif, arménien et tutsi sont programmés à la Maison de la Région, autour d’une exposition sur le Camp des Milles. Cette exposition s’articule autour de 3 volets : un volet historique et un volet mémoriel qui s’appuient sur l'histoire et la mémoire du Camp des Milles, seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et accessible au public ainsi que sur les résistances aux crimes de masse commis pendant la Seconde Guerre mondiale, et un volet réflexif qui propose des repères pluridisciplinaires et des clés de compréhension qui peuvent aider à éveiller les consciences et à réagir à temps face aux crispations identitaires et aux extrémismes. « Mémoire pour demain » est en cela une invitation à la vigilance et à l’analyse des mécanismes du pire, un appel à la résistance et à la responsabilité des citoyens face aux racismes, à l'antisémitisme et à tous les fanatismes.
Ainsi, du 2 au 31 mars, des débats, rencontres et films sur les génocides juif, arménien et tutsi sont programmés à la Maison de la Région, autour d’une exposition sur le Camp des Milles. Cette exposition s’articule autour de 3 volets : un volet historique et un volet mémoriel qui s’appuient sur l'histoire et la mémoire du Camp des Milles, seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et accessible au public ainsi que sur les résistances aux crimes de masse commis pendant la Seconde Guerre mondiale, et un volet réflexif qui propose des repères pluridisciplinaires et des clés de compréhension qui peuvent aider à éveiller les consciences et à réagir à temps face aux crispations identitaires et aux extrémismes. « Mémoire pour demain » est en cela une invitation à la vigilance et à l’analyse des mécanismes du pire, un appel à la résistance et à la responsabilité des citoyens face aux racismes, à l'antisémitisme et à tous les fanatismes.
Une exposition construite autour de 3 volets : un volet historique, un volet mémoriel et un volet réflexif
Le parcours s’ouvre sur un volet historique qui retrace la montée des périls (1919-1939) et l’histoire du Camp des Milles entre 1939 et 1942, le contexte général de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah dans lequel elle s’inscrit.
Sont ensuite présentés, dans le cadre du volet mémoriel, les témoignages des survivants, les traces qu’ils ont laissées et quelques œuvres des artistes internés qui ont su résister par la création.
Le volet réflexif qui clôt le parcours permet d’élargir le point de vue de la mémoire et de l’histoire afin d’en tirer les leçons pour aujourd’hui et pour demain. Il s’appuie sur les trois génocides du XXe siècle : celui des Juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, celui des Arméniens dans l’Empire Ottoman en 1915 et 1916 et celui des Tutsis au Rwanda en 1994, mais aussi sur le crime à caractère génocidaire des Tsiganes par le III e Reich allemand.
Sont ensuite présentés, dans le cadre du volet mémoriel, les témoignages des survivants, les traces qu’ils ont laissées et quelques œuvres des artistes internés qui ont su résister par la création.
Le volet réflexif qui clôt le parcours permet d’élargir le point de vue de la mémoire et de l’histoire afin d’en tirer les leçons pour aujourd’hui et pour demain. Il s’appuie sur les trois génocides du XXe siècle : celui des Juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, celui des Arméniens dans l’Empire Ottoman en 1915 et 1916 et celui des Tutsis au Rwanda en 1994, mais aussi sur le crime à caractère génocidaire des Tsiganes par le III e Reich allemand.
Les Milles : histoire d’un Camp
Cette partie de l’exposition s’articule pour l’essentiel autour de témoignages audiovisuels et d’un film consacré aux persécutions et résistances en Provence.
Ouvert en septembre 1939 au sein d'une tuilerie située entre Aix-en-Provence et Marseille, le camp des Milles connut un peu plus de trois ans d'activité et vit passer plus de 10 000 internés originaires de 38 pays, parmi lesquels de nombreux artistes et intellectuels.
Son histoire se divise en plusieurs phases correspondant aux différentes catégories d'internés qui y séjournèrent : ressortissants du Reich et légionnaires, étrangers désireux d'émigrer, juifs ayant fait l'objet de rafles.
On peut lire à travers ces phases l'évolution tragique de la répression dont furent victimes les étrangers et surtout les juifs sous le régime de Vichy. Cette évolution culmina en août et septembre 1942 avec la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs vers Auschwitz via les camps de Drancy et de Rivesaltes.
Septembre 1939 à juin 1940 : un camp pour "sujets ennemis"
L'histoire du camp débute sous la IIIe République, au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement français prend la décision d'interner les ressortissants du Reich, fussent-ils d'authentiques antifascistes ayant fui de longue date le nazisme qui sévissait dans leur pays d'origine pour venir se réfugier en France.
Considérés paradoxalement et tragiquement comme des "sujets ennemis", les internés sont victimes d'un mélange de xénophobie, d'absurdité et de désordre administratifs ambiants et vivent dans des conditions très précaires. Dans le Sud-Est, ces étrangers sont internés dans la Tuilerie des Milles, alors désaffectée. Ce bâtiment industriel devient un camp d'internement sous commandement militaire français.
Juillet 1940 à juillet 1942, sous le régime de Vichy : un camp pour "indésirables"
En juin 1940 s'ouvre une seconde période avec la défaite française et la signature de l'armistice. C'est là que se situe l'épisode du "Train des Milles", popularisé par le film de Sébastien Grall. À partir de juillet, sous le régime de Vichy, le camp est rapidement surpeuplé (3 500 internés à la fois en juin 1940).
Au cours de cette période sont transférés aux Milles notamment les étrangers des camps du Sud-Ouest, et en particulier des anciens des Brigades internationales d'Espagne ainsi que des Juifs expulsés du Palatinat, du Wurtemberg et du pays de Bade.
À partir de novembre 1940, le camp, passé sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur, devient le seul camp de transit en France pour une émigration Outre-Mer, transit régulier ou illégal avec l'aide de particuliers, d'organisations ou de filières locales et internationales.
Au fil du temps, les conditions d'internement se dégradent : vermine, maladies, promiscuité, nourriture insuffisante...
Août et septembre 1942 : un camp français pour la déportation des Juifs
Une troisième période correspond aux mois d'août et septembre 1942 qui voient la déportation vers Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes de plus de 2 000 Juifs, hommes, femmes et enfants. Vichy a accepté de livrer 10 000 Juifs de la zone dite "libre" à l'Allemagne. Au début du mois de juillet 1942, Laval propose d'inclure les enfants âgés de moins de seize ans dans les déportations.
Le 3 août, le camp est bouclé. Femmes et enfants juifs de la région sont orientés vers les Milles pour rejoindre les autres internés avant d'être déportés. Ne sont pas épargnés les Juifs réfugiés politiques ou étrangers ayant servi dans l'armée française. Et une centaine d'enfants sont ainsi déportés à partir de l'âge d'un an. Au total, cinq convois sont constitués. En réaction, des hommes et femmes courageux aident les internés et les déportés.
Ces événements surviennent avant même l'occupation allemande de la zone Sud (11 novembre 1942). Après septembre 1942, le camp, demeurant un centre de transit, vivote : ses derniers occupants, très peu nombreux, quittent ces murs de briques en décembre de la même année.
Ouvert en septembre 1939 au sein d'une tuilerie située entre Aix-en-Provence et Marseille, le camp des Milles connut un peu plus de trois ans d'activité et vit passer plus de 10 000 internés originaires de 38 pays, parmi lesquels de nombreux artistes et intellectuels.
Son histoire se divise en plusieurs phases correspondant aux différentes catégories d'internés qui y séjournèrent : ressortissants du Reich et légionnaires, étrangers désireux d'émigrer, juifs ayant fait l'objet de rafles.
On peut lire à travers ces phases l'évolution tragique de la répression dont furent victimes les étrangers et surtout les juifs sous le régime de Vichy. Cette évolution culmina en août et septembre 1942 avec la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs vers Auschwitz via les camps de Drancy et de Rivesaltes.
Septembre 1939 à juin 1940 : un camp pour "sujets ennemis"
L'histoire du camp débute sous la IIIe République, au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement français prend la décision d'interner les ressortissants du Reich, fussent-ils d'authentiques antifascistes ayant fui de longue date le nazisme qui sévissait dans leur pays d'origine pour venir se réfugier en France.
Considérés paradoxalement et tragiquement comme des "sujets ennemis", les internés sont victimes d'un mélange de xénophobie, d'absurdité et de désordre administratifs ambiants et vivent dans des conditions très précaires. Dans le Sud-Est, ces étrangers sont internés dans la Tuilerie des Milles, alors désaffectée. Ce bâtiment industriel devient un camp d'internement sous commandement militaire français.
Juillet 1940 à juillet 1942, sous le régime de Vichy : un camp pour "indésirables"
En juin 1940 s'ouvre une seconde période avec la défaite française et la signature de l'armistice. C'est là que se situe l'épisode du "Train des Milles", popularisé par le film de Sébastien Grall. À partir de juillet, sous le régime de Vichy, le camp est rapidement surpeuplé (3 500 internés à la fois en juin 1940).
Au cours de cette période sont transférés aux Milles notamment les étrangers des camps du Sud-Ouest, et en particulier des anciens des Brigades internationales d'Espagne ainsi que des Juifs expulsés du Palatinat, du Wurtemberg et du pays de Bade.
À partir de novembre 1940, le camp, passé sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur, devient le seul camp de transit en France pour une émigration Outre-Mer, transit régulier ou illégal avec l'aide de particuliers, d'organisations ou de filières locales et internationales.
Au fil du temps, les conditions d'internement se dégradent : vermine, maladies, promiscuité, nourriture insuffisante...
Août et septembre 1942 : un camp français pour la déportation des Juifs
Une troisième période correspond aux mois d'août et septembre 1942 qui voient la déportation vers Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes de plus de 2 000 Juifs, hommes, femmes et enfants. Vichy a accepté de livrer 10 000 Juifs de la zone dite "libre" à l'Allemagne. Au début du mois de juillet 1942, Laval propose d'inclure les enfants âgés de moins de seize ans dans les déportations.
Le 3 août, le camp est bouclé. Femmes et enfants juifs de la région sont orientés vers les Milles pour rejoindre les autres internés avant d'être déportés. Ne sont pas épargnés les Juifs réfugiés politiques ou étrangers ayant servi dans l'armée française. Et une centaine d'enfants sont ainsi déportés à partir de l'âge d'un an. Au total, cinq convois sont constitués. En réaction, des hommes et femmes courageux aident les internés et les déportés.
Ces événements surviennent avant même l'occupation allemande de la zone Sud (11 novembre 1942). Après septembre 1942, le camp, demeurant un centre de transit, vivote : ses derniers occupants, très peu nombreux, quittent ces murs de briques en décembre de la même année.
Les artistes exposés dans « Mémoire pour demain »
Ferdinand Springer
Né à Berlin en 1907, mort à Grasse en 1998.
Parcourant l’Europe pour sa formation artistique, il est à Paris dès 1928. En 1933, il décide de ne plus retourner en Allemagne. Déchu de la nationalité allemande, il rompt avec sa famille en 1936 puis s’installe à Grasse, son père lui ayant demandé de divorcer de sa femme, juive, l’artiste Marcelle Behrendt. Convoqué en septembre 1939 au Fort Carré d'Antibes, il arrive aux Milles en novembre. Il y reste jusqu'en avril 1940, avant d’être affecté comme prestataire au camp de travail de Forcalquier où il retrouve l’artiste surréaliste Hans Bellmer. Il y réalise une cinquantaine de dessins dans la tradition de la Renaissance italienne. Hans Bellmer, avec qui il se lie d’une amitié qui perdurera bien après la guerre, lui lance : « Comment pouvez-vous camper ces sublimes dieux grecs d’après tous ces crétins qui se promènent dans la cour ? » Exilé en Suisse à l’arrivée des Allemands fin 1942, il s’installe avec sa femme en 1945 à Grasse où il mourra. L’internement et la guerre marque un tournant dans sa production artistique qui explorera les voies de l’abstraction, par la peinture comme par la gravure, jusqu’à la fin de sa vie.
9 de ses œuvres sont exposées dans le cadre de « Mémoire pour demain » : 1 aquarelle abstraite, 2 aquarelles, Gravure Kalat, Anticonstruction (1941), Rêve (1940) (ci-dessus), Le Seau à Merde (1940), Le Sommeil des Prisonniers (1939), Ecorchés II (1939-1940).
Hans Bellmer
Né en 1902 à Kattowitz (Silésie allemande), mort en 1975 à Paris.
Après plusieurs séjours en France, où il participe au mouvement surréaliste, et une activité artistique et politique d’opposant, il décide en 1938 de quitter définitivement l’Allemagne. En septembre 1939, il est convoqué à Uzès, en compagnie d'autres émigrés allemands, puis interné au camp des Milles, où il se rend avec un livre des œuvres de Baudelaire. Il y réalise de nombreux dessins, des portraits des officiers du camp ou de ses amis Ferdinand Springer et Max Ernst qu’il poussera à la création dans un four aménagé en atelier. Il est requis en janvier 1940 comme prestataire à Forcalquier où Ferdinand Springer le rejoint en avril. Affecté dans la Sarthe, il rejoint par train la région toulousaine où il se cache, et travaille comme faussaire pour la résistance, jusqu'à la Libération. Le motif de la brique, étrangement présent dans son travail d’avant-guerre, se retrouve dans de nombreuses œuvres postérieures, notamment dans des gravures destinées à l’illustration des Chants de Maldoror (1967). Hans Bellmer meurt à Paris le 23 février 1975.
« Mémoire pour demain » propose 8 de ses œuvres : La Cathédrale, Les Colonnes, Le Souterrain, Les Bas-Fonds, La Prison, Les 3 âges de la vie (1967).
Olaf Christiansen
Né en 1901 à Darmstadt, mort en Sardaigne en 1989.
Son œuvre regroupe principalement des paysages et des portraits. Il est à Paris au début des années 1930 où il parfait sa formation de portraitiste. Déchu de la nationalité allemande par le régime hitlérien, il réside sur la côte d’Azur en 1939 et est interné au fort d’Antibes à la déclaration de guerre, comme beaucoup d’autres réfugiés allemands, avant d’être transféré au Camp des Milles entre fin octobre et début novembre 1939. Il y dessine essentiellement des portraits pour les internés et les gardiens : une femme drapée de bleu à l’aquarelle, le portrait d’un homme tenant une guitare au fusain, et notamment le portrait de la femme du capitaine Goruchon, responsable du camp, intitulé « Jeunesse en rose ». Prestataire puis travailleur étranger, il est libéré en août 1940 et regagne sa maison d’Antibes. En 1943, il fuit les allemands et se cache dans le Vaucluse où il s’installe après la guerre. Il meurt en Sardaigne où il a développé une activité de peintre-décorateur depuis les années 1960.
8 de ses œuvres sont exposées dans le cadre de « Mémoire pour demain » : 2 portraits d’anonymes, 2 autoportraits, Tzigane, Ltd Cl. Mac Mackin, E.M Landau, Docteur Shubel (1939-1940).
Léo Marschutz
Né en 1903 à Nuremberg, mort en 1976 à Aix-en-Provence.
Très tôt fasciné par l’œuvre de Cézanne, il effectue un premier voyage à Aix-en-Provence en 1928 et s’y installe définitivement en 1931. Il est l’un des tout premiers internés des Milles en septembre 1939, et y reste jusqu’en février 1940. Il n’y produit apparemment aucune œuvre. Libéré en février, il se marie à Barbara Warlow avant d’être mobilisé au Mans en mai 1940 et de participer à la débâcle. Il retrouve alors Aix qu’il ne quittera plus. Pendant les années noires de l’occupation nazie, il doit se cacher et survit grâce à l'entretien d’une ferme à volaille avec sa femme. Dès la fin de la guerre, il reprend son activité artistique, notamment la lithographie, avec l’illustration de l’Evangile selon saint Luc (1949), et entame par la suite une activité d’enseignement, avant de revenir dans les années 1960 et jusqu’à sa mort en 1976, à la peinture de grandes toiles.
« Mémoire pour demain » propose 6 lithographies de Léo Marschutz réalisées en 1952 : Route de Galice ; Rue d'Aix ; Rue d'Aix ; Rue d'Aix ; Rue de l'Opéra ; Rue Mule Noir. 6 documents et 3 dessins de la Rue d’Aix (1930) sont également présentés.
Wols (Alfred Otto Wofgang Schulze)
Né en 1913 à Berlin, mort en 1951 à Paris.
Après avoir quitté Berlin en 1933, Wols est expulsé d’Espagne en 1935, avec sa compagne Grety Dajiba et s’installe à Paris comme photographe. Arrêté en septembre 1939, il est interné dans différents camps avant d’arriver aux Milles en mai 1940. Grâce à Grety qui lui fait passer le matériel, Wols y entame une œuvre picturale au crayon et à l’aquarelle, le « Wols Circus », un monde irréaliste et onirique peuplé d’animaux. Wols est libéré en octobre 1940 après son mariage avec Grety. Il se réfugie à Dieulefit, dans la Drôme, où il reste jusqu'à la Libération. Il mourra six ans plus tard des suites de sa dépendance à l’alcool contractée pendant l’internement aux Milles.
Une œuvre sans titre de 1939, issue de la collection Bernardette Caille Jean-François Chougnet, est proposée au visiteur.
Max Ernst
Né en 1891 à Brühl, mort en 1976 à Paris.
Peintre et sculpteur, son œuvre, liée au surréalisme, aura marqué son temps. En 1922, Max Ernst, fondateur de mouvement Dada, quitte l’Allemagne. Il est destitué de sa nationalité en 1933 par le régime hitlérien. Vivant en France depuis la fin des années 1920, il est présenté à l’exposition « L’art dégénéré », organisée en 1937 à Munich par les nazis. Arrêté en septembre 1939, il est interné aux Milles puis relâché en décembre grâce à l’intercession de son ami, le poète Paul Eluard, avant d’être ré-interné entre mai et juin 1940. « Partout il y avait des débris de briques et de la poussière de briques … on avait l'impression d'être destinés à devenir débris de briques ». Il dessine très peu durant son internement – une petite dizaine de dessins et collages- et souvent sous l’impulsion de son ami Hans Bellmer. Libéré définitivement en juillet 1940, il peut rejoindre depuis Marseille les USA grâce à l’action du « Comité de sauvetage d’urgence » dirigé par Varian Fry. Il revient en France en 1950 où il meurt en 1976.
Une reproduction d’une carte SOS de Max Ernst de novembre 1939.
Edwin Maria Landau (1904-2001),
allemand, homme de lettre et éditeur arrive au camp des Milles le 13 juin 1941. En 1942, il est transféré dans un GTE à Salin-de-Giraud d’où il s’évade. Il participe activement à la vie intellectuelle du camp, organise soirées et conférences pour les internés, notamment des lectures de textes de Paul Claudel dont il est le traducteur.
Des documents sont présentés en lien avec son internement aux Milles : L’Affiche « Montesquieu » (ci-dessous) ; un portrait de E. M. Landau par Karl Bodek (ci-contre) ; un certificat de bonnes mœurs pour la libération d'E.M Landau ; un extrait du texte manuscrit d’une fable en 3 actes de Paul Claudel traduit de l'Allemand par E.M. Landau ; une lettre-témoignage de Paul Claudel.
Né à Berlin en 1907, mort à Grasse en 1998.
Parcourant l’Europe pour sa formation artistique, il est à Paris dès 1928. En 1933, il décide de ne plus retourner en Allemagne. Déchu de la nationalité allemande, il rompt avec sa famille en 1936 puis s’installe à Grasse, son père lui ayant demandé de divorcer de sa femme, juive, l’artiste Marcelle Behrendt. Convoqué en septembre 1939 au Fort Carré d'Antibes, il arrive aux Milles en novembre. Il y reste jusqu'en avril 1940, avant d’être affecté comme prestataire au camp de travail de Forcalquier où il retrouve l’artiste surréaliste Hans Bellmer. Il y réalise une cinquantaine de dessins dans la tradition de la Renaissance italienne. Hans Bellmer, avec qui il se lie d’une amitié qui perdurera bien après la guerre, lui lance : « Comment pouvez-vous camper ces sublimes dieux grecs d’après tous ces crétins qui se promènent dans la cour ? » Exilé en Suisse à l’arrivée des Allemands fin 1942, il s’installe avec sa femme en 1945 à Grasse où il mourra. L’internement et la guerre marque un tournant dans sa production artistique qui explorera les voies de l’abstraction, par la peinture comme par la gravure, jusqu’à la fin de sa vie.
9 de ses œuvres sont exposées dans le cadre de « Mémoire pour demain » : 1 aquarelle abstraite, 2 aquarelles, Gravure Kalat, Anticonstruction (1941), Rêve (1940) (ci-dessus), Le Seau à Merde (1940), Le Sommeil des Prisonniers (1939), Ecorchés II (1939-1940).
Hans Bellmer
Né en 1902 à Kattowitz (Silésie allemande), mort en 1975 à Paris.
Après plusieurs séjours en France, où il participe au mouvement surréaliste, et une activité artistique et politique d’opposant, il décide en 1938 de quitter définitivement l’Allemagne. En septembre 1939, il est convoqué à Uzès, en compagnie d'autres émigrés allemands, puis interné au camp des Milles, où il se rend avec un livre des œuvres de Baudelaire. Il y réalise de nombreux dessins, des portraits des officiers du camp ou de ses amis Ferdinand Springer et Max Ernst qu’il poussera à la création dans un four aménagé en atelier. Il est requis en janvier 1940 comme prestataire à Forcalquier où Ferdinand Springer le rejoint en avril. Affecté dans la Sarthe, il rejoint par train la région toulousaine où il se cache, et travaille comme faussaire pour la résistance, jusqu'à la Libération. Le motif de la brique, étrangement présent dans son travail d’avant-guerre, se retrouve dans de nombreuses œuvres postérieures, notamment dans des gravures destinées à l’illustration des Chants de Maldoror (1967). Hans Bellmer meurt à Paris le 23 février 1975.
« Mémoire pour demain » propose 8 de ses œuvres : La Cathédrale, Les Colonnes, Le Souterrain, Les Bas-Fonds, La Prison, Les 3 âges de la vie (1967).
Olaf Christiansen
Né en 1901 à Darmstadt, mort en Sardaigne en 1989.
Son œuvre regroupe principalement des paysages et des portraits. Il est à Paris au début des années 1930 où il parfait sa formation de portraitiste. Déchu de la nationalité allemande par le régime hitlérien, il réside sur la côte d’Azur en 1939 et est interné au fort d’Antibes à la déclaration de guerre, comme beaucoup d’autres réfugiés allemands, avant d’être transféré au Camp des Milles entre fin octobre et début novembre 1939. Il y dessine essentiellement des portraits pour les internés et les gardiens : une femme drapée de bleu à l’aquarelle, le portrait d’un homme tenant une guitare au fusain, et notamment le portrait de la femme du capitaine Goruchon, responsable du camp, intitulé « Jeunesse en rose ». Prestataire puis travailleur étranger, il est libéré en août 1940 et regagne sa maison d’Antibes. En 1943, il fuit les allemands et se cache dans le Vaucluse où il s’installe après la guerre. Il meurt en Sardaigne où il a développé une activité de peintre-décorateur depuis les années 1960.
8 de ses œuvres sont exposées dans le cadre de « Mémoire pour demain » : 2 portraits d’anonymes, 2 autoportraits, Tzigane, Ltd Cl. Mac Mackin, E.M Landau, Docteur Shubel (1939-1940).
Léo Marschutz
Né en 1903 à Nuremberg, mort en 1976 à Aix-en-Provence.
Très tôt fasciné par l’œuvre de Cézanne, il effectue un premier voyage à Aix-en-Provence en 1928 et s’y installe définitivement en 1931. Il est l’un des tout premiers internés des Milles en septembre 1939, et y reste jusqu’en février 1940. Il n’y produit apparemment aucune œuvre. Libéré en février, il se marie à Barbara Warlow avant d’être mobilisé au Mans en mai 1940 et de participer à la débâcle. Il retrouve alors Aix qu’il ne quittera plus. Pendant les années noires de l’occupation nazie, il doit se cacher et survit grâce à l'entretien d’une ferme à volaille avec sa femme. Dès la fin de la guerre, il reprend son activité artistique, notamment la lithographie, avec l’illustration de l’Evangile selon saint Luc (1949), et entame par la suite une activité d’enseignement, avant de revenir dans les années 1960 et jusqu’à sa mort en 1976, à la peinture de grandes toiles.
« Mémoire pour demain » propose 6 lithographies de Léo Marschutz réalisées en 1952 : Route de Galice ; Rue d'Aix ; Rue d'Aix ; Rue d'Aix ; Rue de l'Opéra ; Rue Mule Noir. 6 documents et 3 dessins de la Rue d’Aix (1930) sont également présentés.
Wols (Alfred Otto Wofgang Schulze)
Né en 1913 à Berlin, mort en 1951 à Paris.
Après avoir quitté Berlin en 1933, Wols est expulsé d’Espagne en 1935, avec sa compagne Grety Dajiba et s’installe à Paris comme photographe. Arrêté en septembre 1939, il est interné dans différents camps avant d’arriver aux Milles en mai 1940. Grâce à Grety qui lui fait passer le matériel, Wols y entame une œuvre picturale au crayon et à l’aquarelle, le « Wols Circus », un monde irréaliste et onirique peuplé d’animaux. Wols est libéré en octobre 1940 après son mariage avec Grety. Il se réfugie à Dieulefit, dans la Drôme, où il reste jusqu'à la Libération. Il mourra six ans plus tard des suites de sa dépendance à l’alcool contractée pendant l’internement aux Milles.
Une œuvre sans titre de 1939, issue de la collection Bernardette Caille Jean-François Chougnet, est proposée au visiteur.
Max Ernst
Né en 1891 à Brühl, mort en 1976 à Paris.
Peintre et sculpteur, son œuvre, liée au surréalisme, aura marqué son temps. En 1922, Max Ernst, fondateur de mouvement Dada, quitte l’Allemagne. Il est destitué de sa nationalité en 1933 par le régime hitlérien. Vivant en France depuis la fin des années 1920, il est présenté à l’exposition « L’art dégénéré », organisée en 1937 à Munich par les nazis. Arrêté en septembre 1939, il est interné aux Milles puis relâché en décembre grâce à l’intercession de son ami, le poète Paul Eluard, avant d’être ré-interné entre mai et juin 1940. « Partout il y avait des débris de briques et de la poussière de briques … on avait l'impression d'être destinés à devenir débris de briques ». Il dessine très peu durant son internement – une petite dizaine de dessins et collages- et souvent sous l’impulsion de son ami Hans Bellmer. Libéré définitivement en juillet 1940, il peut rejoindre depuis Marseille les USA grâce à l’action du « Comité de sauvetage d’urgence » dirigé par Varian Fry. Il revient en France en 1950 où il meurt en 1976.
Une reproduction d’une carte SOS de Max Ernst de novembre 1939.
Edwin Maria Landau (1904-2001),
allemand, homme de lettre et éditeur arrive au camp des Milles le 13 juin 1941. En 1942, il est transféré dans un GTE à Salin-de-Giraud d’où il s’évade. Il participe activement à la vie intellectuelle du camp, organise soirées et conférences pour les internés, notamment des lectures de textes de Paul Claudel dont il est le traducteur.
Des documents sont présentés en lien avec son internement aux Milles : L’Affiche « Montesquieu » (ci-dessous) ; un portrait de E. M. Landau par Karl Bodek (ci-contre) ; un certificat de bonnes mœurs pour la libération d'E.M Landau ; un extrait du texte manuscrit d’une fable en 3 actes de Paul Claudel traduit de l'Allemand par E.M. Landau ; une lettre-témoignage de Paul Claudel.
Pratique
Maison de la Région
61 La Canebière
13001 Marseille
Entrée libre et gratuite du 2 mars au 31 mars 2015
Ouvert au public du lundi au vendredi de 9h à 19 h, de 11h à 19h le samedi
Renseignements pour le public et les scolaires
04 91 57 57 52 / [regionpaca.fr]mail:regionpaca.fr
Des visites guidées de l’exposition pour le grand public et les scolaires sont possibles,
sur réservation à maisondelaregion@regionpaca.fr et au 04 91 57 57 50
61 La Canebière
13001 Marseille
Entrée libre et gratuite du 2 mars au 31 mars 2015
Ouvert au public du lundi au vendredi de 9h à 19 h, de 11h à 19h le samedi
Renseignements pour le public et les scolaires
04 91 57 57 52 / [regionpaca.fr]mail:regionpaca.fr
Des visites guidées de l’exposition pour le grand public et les scolaires sont possibles,
sur réservation à maisondelaregion@regionpaca.fr et au 04 91 57 57 50