Mondial de l'automobile 2008 Paris, Les paillettes pour oublier la crise financière et économique le temps du salon

Le Mondial de l’Automobile ouvert depuis samedi laisse un goût étrange dans la bouche. La lumière des projecteurs, les paillettes, les jolies filles, les conférences et les petits fours n’arrivent pas à faire taire les angoisses dues à la crise financière américaine et européenne, à la crise économique qui se dessine, à la récession de fait en Europe.


Mondial de l'automobile de Paris
Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan, est le premier à ne pas promettre des lendemains qui chantent : « Avec une baisse des ventes d’automobiles de 40 % en Espagne, de 20 % en Italie […], comment voulez-vous que je garde le même nombre de salariés ? ». Il a le mérite d’être franc et cela dessine un décor sombre en Europe où 1 salarié sur 7 travaille pour l’automobile.

Economie de carburant et faible émission de CO2 font la vedette

Ford Fiesta Econetic
Les clefs du marketing ne se trouvent pas dans la boîte à gant, comme l’aurait écrit Michel Audiard, mais dans deux vertus à la mode : être économe et être propre.
Les constructeurs font de la surenchère avec des annonces d’économie de carburant de plus en plus alléchantes. A les en croire, il faut presque moins de 4 litres de carburant pour un parcours de 100 km. Sauf que ce sont des données théoriques issues de moteurs fixés sur des bancs d’essais et qui tournent à vitesse constante. Il est assez rare de constater soi-même de telles consommations lorsqu’on conduit sa propre voiture, à moins de rester sur le cinquième rapport et de ne pas dépasser les 70 km/h.

Le plus formidable cheval de bataille est celui des émissions de CO2. C’est vrai que les émissions sont de plus en plus faibles et que la barre des 100 g/CO2 au kilomètre est franchie par quelques voitures très « propres ». (Ford Fiesta Econetic à moins de 100 g de CO2 ; Hyundai i 2 0 b l u e, 9 9 g / k m de C O 2 e t 4 , 0 l / 1 0 0 k m, Passat SW BlueMotion II 109 g/km de CO2 et 4,1 l/100 km, sans oublier la Smart For Two qui était déjà à 101 g/km).

L’argument CO2 est l’âme du marketing au Mondial 2008.

Il est d’autant plus mis en avant que la taxe bonus/malus est maintenue en France et que les acheteurs sont ravis de profiter de l’aubaine. Un bonus/malus qui a crucifié les ventes de 4x4 et autres grosses cylindrées en 2008, sauf en ce qui concerne le marché des voitures de luxe.
Mais les voitures championnes en matière de faibles émissions sont aussi l’arbre qui cache la forêt, en l’occurrence les mauvaises performances des 700 à 800 modèles (sur les 1 000 du marché) dont les fortes émissions font grimper la moyenne d’émission du parc français et européen. En effet, dans le cadre de la norme Euro4, la moyenne d’émission imposée est de 140 g/km pour l’ensemble du parc. Or c’est le Portugal avec une moyenne de 143 gCO2/km qui possède le parc le moins « polluant », alors que l'Allemagne (169g/100 km) et la Suède (193 g/km) sont les mauvais élèves de l’Europe.
Il y a une explication à cela : l’automobiliste d’Europe du sud préfère les petites voitures alors que dans le nord, il préfère les grosses cylindrées.
Ce qui revient à constater que plus une voiture est petite, donc légère, moins elle pollue. Ainsi, la Smart avec ses 100 gCO2/km est-elle un faux-nez du progrès technologique car elle ne transporte que deux passagers dans une caisse aux dimensions plus que réduites.
Doit-on rapporter les émissions de CO2 au poids/km parcouru ?

Les grosses cylindrées engendrent les progrès les plus considérables

BMW 123d Cabriolet
Si finalement c’est la fête des petites voitures et de leurs petites performances en termes de volume, de poids transporté, … et de bonus, elles le doivent aux berlines de haut de gamme pour lesquelles les bureaux d’études ont accumulé les prouesses depuis 10 ans.
Ainsi, pour le millésime 2009, le nombre de modèles BMW émettant au maximum 140 grammes de CO2 par kilomètre passe à 23. 23, c’est aussi le nombre de modèles BMW de la gamme actuelle répondant dès l’automne 2008 à la future norme antipollution Euro 5, dont toutes les variantes de la nouvelle BMW Série 7. De plus, la nouvelle BMW 330d – également présente au Mondial de l’Automobile 2008 – est le premier modèle qui, doté de la technologie optionnelle BMW BluePerformance, satisfait dès le millésime 2009 la norme antipollution Euro 6 dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2014 seulement.
C’est le prix à payer pour les constructeurs de véhicules haut de gamme dont les clients sont friands de grosses cylindrées s’ils veulent continuer à exister dans une Europe aux règlements exigeants.
Faire rouler près de 2 tonnes à plus de 200 km/h tout en consommant peu et en émettant peu de CO2, ce pari gagnant profite à tous les constructeurs de petites voitures qui bénéficient à la longue des nouvelles technologies.
Pierre Aimar

pierre aimar
Mis en ligne le Dimanche 5 Octobre 2008 à 04:19 | Lu 444 fois
pierre aimar
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