Le héros de son drame, Willy Loman, est un représentant de commerce qui sillonne depuis des années les routes pour le compte de la Compagnie Wagner. Il joue le jeu de l'idéologie américaine du succès avec rectitude, n'ayant jamais cessé de se rêver en pionnier des origines devant tout à son charme, à son énergie, à son sens de l'initiative. Il a passé la plus grande partie de sa vie à se leurrer, à faire semblant. Et voilà que cette vie, fêlée depuis toujours, le fuit maintenant à tous les sens du terme. Démarrant à toute allure et laissant sa voiture s'écraser dans la nuit, il finit donc par se suicider, illustrant la loi selon laquelle il n'y a pas de place pour un raté dans la société...
Empruntant au cinéma sa liberté d'allure et ses ellipses, la pièce fonctionne comme un documentaire post mortem et un autoportrait inconscient de Willy Loman où se catapultent présent et passé dans les efforts désespérés que fait ce personnage pour justifier son existence.
Dominique Pitoiset met en scène ce drame dans une scénographie peu fonctionnelle pour les situations revécues: un ravin recouvert de gazon avec une voiture accidentée, renversée, les changements de tableaux ne s'effectuant que par le biais des costumes, des accessoires, des éclairages, pour mieux nous laisser dans l'incertitude de savoir où nous sommes.
Les principaux interprètes, le père et ses deux fils, Biff et Happy Loman (Dominique Pitoiset, Cyril Henry, Adrien Cauchetier) jouent dans un registre réaliste, les autres, l'épouse Linda , l'oncle Ben, et le camarade de Biff, Bernard (Nadia Fabrizio, Tom Linton, Roberto Magalhaes) adoptent un ton de voix parfois cauchemardesque pour souligner le caractère incohérent d'une mémoire éclatée.
Comme l'écriture théâtrale d'Arthur Miller, le spectacle est dans l'ensemble de facture inégale, mêlant poésie, pathétique, ironie, déclamation et trivialités, et l'on a souvent l'impression que la pièce soumise à une mise en scène d'opéra trouverait une portée, une signification plus profonde.
Philippe Oualid
Mort d'un commis voyageur, d'Arthur Miller
Mise en scène de Dominique Pitoiset (Théâtre National de Bordeaux)
Théâtre de La Criée (Marseille), du 11 au 14 Avril 2012
Empruntant au cinéma sa liberté d'allure et ses ellipses, la pièce fonctionne comme un documentaire post mortem et un autoportrait inconscient de Willy Loman où se catapultent présent et passé dans les efforts désespérés que fait ce personnage pour justifier son existence.
Dominique Pitoiset met en scène ce drame dans une scénographie peu fonctionnelle pour les situations revécues: un ravin recouvert de gazon avec une voiture accidentée, renversée, les changements de tableaux ne s'effectuant que par le biais des costumes, des accessoires, des éclairages, pour mieux nous laisser dans l'incertitude de savoir où nous sommes.
Les principaux interprètes, le père et ses deux fils, Biff et Happy Loman (Dominique Pitoiset, Cyril Henry, Adrien Cauchetier) jouent dans un registre réaliste, les autres, l'épouse Linda , l'oncle Ben, et le camarade de Biff, Bernard (Nadia Fabrizio, Tom Linton, Roberto Magalhaes) adoptent un ton de voix parfois cauchemardesque pour souligner le caractère incohérent d'une mémoire éclatée.
Comme l'écriture théâtrale d'Arthur Miller, le spectacle est dans l'ensemble de facture inégale, mêlant poésie, pathétique, ironie, déclamation et trivialités, et l'on a souvent l'impression que la pièce soumise à une mise en scène d'opéra trouverait une portée, une signification plus profonde.
Philippe Oualid
Mort d'un commis voyageur, d'Arthur Miller
Mise en scène de Dominique Pitoiset (Théâtre National de Bordeaux)
Théâtre de La Criée (Marseille), du 11 au 14 Avril 2012