Un enchantement, une fraîcheur de tous les instants
© Lestrade
Volons à l'essentiel. La Flûte Enchantée de Mozart en version française, et pourquoi pas ? N'oublions pas que dans les années cinquante et soixante, l'ouvrage était donné dans la langue de Molière, l'Opéra de Paris renouvelant en 1955 un succès encore plus grand que celui des Indes Galantes. Il est vrai que le cast de l'époque : Mado Robin, Nicolai Gedda, Jeanine Micheau, Denise Duval et les autres... se montrait superlatif dans une production de Chapelain-Midi hollywoodienne à souhait.
Ne cherchons donc pas dans le sympathique, le tendre guignol importé de Wallonie, présenté en cette fin d'année à l'Opéra d'Avignon, une telle comparaison.
Cécile Roussat et Julien Lubek (mise en scène, scénographie et lumières) optent d'emblée pour un grand livre d'images enfantines propres à réjouir un vaste public et nous invitent aux rêves enchantés d'un garçonnet alité.
C'est à la fois poétique, acrobatique, funambulesque, drôle, plein de vie, de mouvements, même si on lorgne un tantinet trop vers la farce populaire. Les costumes de Sylvie Skinazi allient eux le chic et toc à l'incongru surréaliste et sympathique : Pamina est habillée comme la poupée Olympia des Contes d'Hoffmann, les Dames en sarcophages égyptiens, Sarastro semble lui sortir de la Turandot de Puccini
La mécanique tourne, sans dératés, on rit souvent, on s'amuse, c'est bon enfant (Monostatos en ramoneur fils de Quasimodo fallait y penser), bref, c'est réussi.
Le côté franc-maçon et initiatique de l'ouvrage passent à la trappe, mais sont intelligemment exposés (plus de temple mais une immense librairie ou chacun trouvera son bonheur).
Bref, ce show, ce musical, passe la rampe... pour qui refuse de grandir.
Sur le plateau les choses se gâtent. Vocalement parlant.
Le Sarastro de Tomislav Lavoie est hors de propos, le Tamino de Mathias Vidal, sans lyrisme, barytone à qui mieux mieux, sa Pamina chante ses deux airs comme du plus mauvais Mascagni, les deux Prêtres n'auront fait peur à personne.
Arrivée à la dernière minute Lisa Mostin sauve la matinée dominicale, et chante en allemand la Reine de la Nuit la plus percutante qui soit. Si son premier air, non indigne, navigue entre gris clair et gris foncé, le deuxième casse véritablement la baraque. Chapeau bas !
Encore une fois le trio Monostatos/Papageno/Papagena sera vainqueur à l'applaudimètre, les Dames et Enfants (pas toujours dans la portée) tireront habilement leur épingle du jeu à coups de malices réglées au millimètre.
Pro comme pas deux, dans la fosse, Hervé Niquet apporte à l'entreprise le soutien continu de l'intelligence, de la simplicité, de la sincérité, de la grandeur. Sa direction, contrastée à souhait, reste d'une veine constamment tendre et sensible. C'est impressionnant, sobre, hiératique quand il le faut (choral des hommes armés), souverain toujours. Orchestre et Choeur parfaits, comme toujours.
Christian Colombeau
Ne cherchons donc pas dans le sympathique, le tendre guignol importé de Wallonie, présenté en cette fin d'année à l'Opéra d'Avignon, une telle comparaison.
Cécile Roussat et Julien Lubek (mise en scène, scénographie et lumières) optent d'emblée pour un grand livre d'images enfantines propres à réjouir un vaste public et nous invitent aux rêves enchantés d'un garçonnet alité.
C'est à la fois poétique, acrobatique, funambulesque, drôle, plein de vie, de mouvements, même si on lorgne un tantinet trop vers la farce populaire. Les costumes de Sylvie Skinazi allient eux le chic et toc à l'incongru surréaliste et sympathique : Pamina est habillée comme la poupée Olympia des Contes d'Hoffmann, les Dames en sarcophages égyptiens, Sarastro semble lui sortir de la Turandot de Puccini
La mécanique tourne, sans dératés, on rit souvent, on s'amuse, c'est bon enfant (Monostatos en ramoneur fils de Quasimodo fallait y penser), bref, c'est réussi.
Le côté franc-maçon et initiatique de l'ouvrage passent à la trappe, mais sont intelligemment exposés (plus de temple mais une immense librairie ou chacun trouvera son bonheur).
Bref, ce show, ce musical, passe la rampe... pour qui refuse de grandir.
Sur le plateau les choses se gâtent. Vocalement parlant.
Le Sarastro de Tomislav Lavoie est hors de propos, le Tamino de Mathias Vidal, sans lyrisme, barytone à qui mieux mieux, sa Pamina chante ses deux airs comme du plus mauvais Mascagni, les deux Prêtres n'auront fait peur à personne.
Arrivée à la dernière minute Lisa Mostin sauve la matinée dominicale, et chante en allemand la Reine de la Nuit la plus percutante qui soit. Si son premier air, non indigne, navigue entre gris clair et gris foncé, le deuxième casse véritablement la baraque. Chapeau bas !
Encore une fois le trio Monostatos/Papageno/Papagena sera vainqueur à l'applaudimètre, les Dames et Enfants (pas toujours dans la portée) tireront habilement leur épingle du jeu à coups de malices réglées au millimètre.
Pro comme pas deux, dans la fosse, Hervé Niquet apporte à l'entreprise le soutien continu de l'intelligence, de la simplicité, de la sincérité, de la grandeur. Sa direction, contrastée à souhait, reste d'une veine constamment tendre et sensible. C'est impressionnant, sobre, hiératique quand il le faut (choral des hommes armés), souverain toujours. Orchestre et Choeur parfaits, comme toujours.
Christian Colombeau