A condition d'oublier le film avec Audrey Hepburn...
Photo : C. Dresse
My Fair Lady ? Ce fut d'abord une comédie musicale qui triompha à Broadway et que jouaient Rex Harrison et Julie Andrews. Puis, en 1964, un superbe film de Georges Cukor avec l'éblouissante Audrey Hepburn... et en ces fêtes de fin d'année c'est Jean Liermier qui relève le défi, met en scène cette oeuvre et évite le piège de la comparaison !
En adaptant lui-même en français le texte et les lyrics d'Alan Jay Lerner, non seulement il fait oeuvre de créateur mais fait saisir habilement tous les " coups de griffes " littéraires et théâtraux propres à Georges Bernard Shaw, qui, on le sait, se trouve avec sa pièce Pygmalion à l'origine de cette subtile et décapante comédie.
Volons à l'essentiel. La qualité première de cette coproduction franco-helvétique est d'abord sa vivacité. Dans les décors mobiles de Christophe de La Harpe (inspirés des lignes dépouillées des tableaux d'Edward Hopper) qui permettent des changement à vue très rapides, la pétillante mise en scène de Jean Liermier, après un démarrage qui faisait craindre le pire, regorge de vie et de couleurs.
Peu de temps mort dans ce long spectacle dont le texte parlé peut paraître un tantinet longuet et rasoir. Au contraire. La troupe réunie (banalement habillée par Coralie Sanvoisin) joue juste et nous offre un vrai moment de rêve et d'évasion. On rit sans vergogne au comique de certaines situations, tout comme d'ailleurs le portrait de la reine d’Angleterre dans le cabinet du professeur Higgins... qui se met soudain à ricaner. Anachronisme sympathique.
Car si la pièce est du vrai théâtre, la partition musicale - beaucoup plus importante qu'on ne le croit - allie les fastes de Broadway et le raffinement viennois.
Dans la fosse, Bruno Membrey, amoureux fou de cette musique, cela se voit, cela se s'entend, dirige avec élégance et précision, légèreté et brio ce qui aurait pu passer pour une simple bande sonore. Le rythme est enivrant, l’ironie sous-jacente et le lyrisme langoureux des mélodies fort bien mis en valeur. Généreux comme pas deux, le chef offre en prime, pour le plaisir de tous, tel un générique de fin de séance, une reprise de l'ouverture après les saluts !
Sur scène, on se défonce. La distribution portée par le public s'en donne à coeur joie.
François Le Roux racle les fonds de tiroirs mais campe un professeur Higgins irréprochable, très smart, cruel, distingué toujours face à Marie-Eve Munger débordant d'aisance, de verve, de présence, de bagout et de volonté.
D'une rigueur toute britannique, Jean-François Vinciguerra compose un colonel Pickering à la touchante humanité et Philippe Ermelier un Alfred Doolittle ventripotent et visqueux à souhait.
Jeanne-Marie Lévy (Mrs Pearce), Cécile Galois (Mrs Higgins), Raphael Brémard à la voix solaire et ingénue, sont eux aussi parfaits. Le chic du bien dire et du bien chanter. Bien en place le reste du plateau : Delmotte, Corre, Epitalon, Lemaire qui font plus que des silhouettes intelligentes.
Joli tour de force aussi pour la chorégraphie de Jean-Philippe Guilois, un habitué des ballets classiques. Ses danseurs emportent le tout dans une ébouriffante gaieté.
My Fair Lady ? Un shocking entremet américain-suisse-marseillais sucré à point, à déguster sans modération.
Christian Colombeau
En adaptant lui-même en français le texte et les lyrics d'Alan Jay Lerner, non seulement il fait oeuvre de créateur mais fait saisir habilement tous les " coups de griffes " littéraires et théâtraux propres à Georges Bernard Shaw, qui, on le sait, se trouve avec sa pièce Pygmalion à l'origine de cette subtile et décapante comédie.
Volons à l'essentiel. La qualité première de cette coproduction franco-helvétique est d'abord sa vivacité. Dans les décors mobiles de Christophe de La Harpe (inspirés des lignes dépouillées des tableaux d'Edward Hopper) qui permettent des changement à vue très rapides, la pétillante mise en scène de Jean Liermier, après un démarrage qui faisait craindre le pire, regorge de vie et de couleurs.
Peu de temps mort dans ce long spectacle dont le texte parlé peut paraître un tantinet longuet et rasoir. Au contraire. La troupe réunie (banalement habillée par Coralie Sanvoisin) joue juste et nous offre un vrai moment de rêve et d'évasion. On rit sans vergogne au comique de certaines situations, tout comme d'ailleurs le portrait de la reine d’Angleterre dans le cabinet du professeur Higgins... qui se met soudain à ricaner. Anachronisme sympathique.
Car si la pièce est du vrai théâtre, la partition musicale - beaucoup plus importante qu'on ne le croit - allie les fastes de Broadway et le raffinement viennois.
Dans la fosse, Bruno Membrey, amoureux fou de cette musique, cela se voit, cela se s'entend, dirige avec élégance et précision, légèreté et brio ce qui aurait pu passer pour une simple bande sonore. Le rythme est enivrant, l’ironie sous-jacente et le lyrisme langoureux des mélodies fort bien mis en valeur. Généreux comme pas deux, le chef offre en prime, pour le plaisir de tous, tel un générique de fin de séance, une reprise de l'ouverture après les saluts !
Sur scène, on se défonce. La distribution portée par le public s'en donne à coeur joie.
François Le Roux racle les fonds de tiroirs mais campe un professeur Higgins irréprochable, très smart, cruel, distingué toujours face à Marie-Eve Munger débordant d'aisance, de verve, de présence, de bagout et de volonté.
D'une rigueur toute britannique, Jean-François Vinciguerra compose un colonel Pickering à la touchante humanité et Philippe Ermelier un Alfred Doolittle ventripotent et visqueux à souhait.
Jeanne-Marie Lévy (Mrs Pearce), Cécile Galois (Mrs Higgins), Raphael Brémard à la voix solaire et ingénue, sont eux aussi parfaits. Le chic du bien dire et du bien chanter. Bien en place le reste du plateau : Delmotte, Corre, Epitalon, Lemaire qui font plus que des silhouettes intelligentes.
Joli tour de force aussi pour la chorégraphie de Jean-Philippe Guilois, un habitué des ballets classiques. Ses danseurs emportent le tout dans une ébouriffante gaieté.
My Fair Lady ? Un shocking entremet américain-suisse-marseillais sucré à point, à déguster sans modération.
Christian Colombeau