Mise en scène de Laurent Hatat
La pièce représente les hésitations d'un aristocrate, le Comte d'Olban, pour assumer ouvertement son amour pour une jeune paysanne vertueuse, Nanine. Elle nous montre ce noble contraint de dépasser les préjugés de sa classe et de rompre ses engagements avec la Baronne de l'Orme pour proposer enfin le mariage à la jeune fille.
Voir un personnage de haut rang amoureux d'une personne d'humble naissance était un thème courant dans la tradition littéraire, mais il se révélait toujours au dernier moment que cette dernière était en réalité fille d'un grand seigneur(voir La vie de Marianne de Marivaux). Or ici, comme chez Richardson, la condition de l'héroïne restera ce qu'elle était au début, et la pièce marquera pour l'époque un progrès, celui d'un préjugé vaincu!
Laurent Hatat la met en scène sur un plateau carré, au milieu des gradins de spectateurs, avec cinq jeunes actrices qui tiennent tous les rôles aussi bien masculins que féminins, et dans un style de comédie musicale, inspiré de Jacques Demy et de Michel Legrand, pour quelques monologues ou dialogues à caractère comique. Le choix des costumes et des comportements contemporains jure cruellement avec la métrique du décasyllabe qui manque de naturel, avec l'esprit du théâtre édifiant, et enfin avec le goût de Voltaire qui relève de l'opéra et du ballet baroque.
Aurélie Ruby (le Comte) et Carine Goron (la Baronne) interprètent leur personnage avec conviction et n'hésitent pas à mettre en évidence les aspects caricaturaux ou parodiques de leur rôle, traversés de souvenirs de tragédies de Racine. On peut regretter cependant que l'inanité sonore du célèbre vers de la dernière scène, toujours cité: « Non, il n'est rien que Nanine n'honore », qui évoque la situation de Nanine revenant au château, habillée de loques et de découragement, passe inaperçue, alors qu'elle révèle le phénomène de dérision et d'infamie que Voltaire a voulu mettre en scène!
Enfin l'impression d'ensemble que nous laisse cette soirée est plutôt d'avoir assisté à un spectacle de fin d'année d'un lycée de jeunes filles qu'à la représentation théâtrale d'une comédie attendrissante du XVIIIe siècle, traitée avec ironie.
Philippe Oualid
La pièce représente les hésitations d'un aristocrate, le Comte d'Olban, pour assumer ouvertement son amour pour une jeune paysanne vertueuse, Nanine. Elle nous montre ce noble contraint de dépasser les préjugés de sa classe et de rompre ses engagements avec la Baronne de l'Orme pour proposer enfin le mariage à la jeune fille.
Voir un personnage de haut rang amoureux d'une personne d'humble naissance était un thème courant dans la tradition littéraire, mais il se révélait toujours au dernier moment que cette dernière était en réalité fille d'un grand seigneur(voir La vie de Marianne de Marivaux). Or ici, comme chez Richardson, la condition de l'héroïne restera ce qu'elle était au début, et la pièce marquera pour l'époque un progrès, celui d'un préjugé vaincu!
Laurent Hatat la met en scène sur un plateau carré, au milieu des gradins de spectateurs, avec cinq jeunes actrices qui tiennent tous les rôles aussi bien masculins que féminins, et dans un style de comédie musicale, inspiré de Jacques Demy et de Michel Legrand, pour quelques monologues ou dialogues à caractère comique. Le choix des costumes et des comportements contemporains jure cruellement avec la métrique du décasyllabe qui manque de naturel, avec l'esprit du théâtre édifiant, et enfin avec le goût de Voltaire qui relève de l'opéra et du ballet baroque.
Aurélie Ruby (le Comte) et Carine Goron (la Baronne) interprètent leur personnage avec conviction et n'hésitent pas à mettre en évidence les aspects caricaturaux ou parodiques de leur rôle, traversés de souvenirs de tragédies de Racine. On peut regretter cependant que l'inanité sonore du célèbre vers de la dernière scène, toujours cité: « Non, il n'est rien que Nanine n'honore », qui évoque la situation de Nanine revenant au château, habillée de loques et de découragement, passe inaperçue, alors qu'elle révèle le phénomène de dérision et d'infamie que Voltaire a voulu mettre en scène!
Enfin l'impression d'ensemble que nous laisse cette soirée est plutôt d'avoir assisté à un spectacle de fin d'année d'un lycée de jeunes filles qu'à la représentation théâtrale d'une comédie attendrissante du XVIIIe siècle, traitée avec ironie.
Philippe Oualid