Grandeur et spontanéité, humilité et ferveur
Handel/Messiah Haïm/Le Concert d’Astrée 2 cds Erato 0825646 240555
Depuis sa création à Dublin en 1742, chaque époque a éprouvé le besoin d’adapter le Messie de Haendel, un des monuments de toute la musique occidentale, au goût du jour. La nôtre, soucieuse d’authenticité a pris l’habitude de remonter scrupuleusement aux sources originales.
Il n’y a aucun doute, avec cette version épurée, rafraîchie, Emmanuelle Haïm vient de frapper d’un grand coup et balaie les défenseurs de la tradition victorienne (on en connaît !) voire romantique de la partition.
Ce qui frappe d’emblée est, malgré les forces réduites du Concert d’Astrée, la puissance dramatique que la belle Emmanuelle arrive à insuffler à ses musiciens. Même au moment de l’Amen final, le degré de grandeur nécessaire est pleinement atteint. Tout de force séduisant, le thème presque grégorien de la fugue rejoint la sévérité d’écriture et la souplesse d’un Josquin des Près…
Louons d’abord la contribution du Chœur d’Astrée , dont le rôle est de loin le plus important par leur parfaite égalité entre les quatre voix, pour leur vitalité rythmique et la légèreté transparente grâce à laquelle il nous est permis d’entendre toute la trame polyphonique.
Malgré une légère tendance aux « effets », les manières des solistes sont fort belles et séduisantes. Nous pouvons saluer ici la basse Christopher Purves dont les trilles sont superbes dans le vigoureux The trumpet shall sound.
Avec une musicalité sans faille, Andrew Staples traduit le désespoir du Christ abandonné avec un Thy rebuke à la limite de l’insoutenable.
Dans le grand air da capo, He was despised, le plus poignant de l’oratorio, Tim Mead (alto et contre-ténor à la fois) fait couler toutes les larmes de sang et d’eau de l’humanité, préférant, en grand tragédien, la simplicité dépouillée d’une ligne mélodique à peine ornée. Un grand moment dans l’histoire du disque et de l’œuvre.
La belle soprano Lucy Crowe, elle aussi bouleversante d’abandon, apporte, avec sa voix veloutée, un chant rond, superbe dans l’aigu, une maîtrise dans l’émotion et la nuance, une chaleur rares.
Cet enregistrement enfin obéit au mieux aux vœux du compositeur : grandeur et spontanéité, humilité et ferveur.
Sa musique, mise ici entre les mains d’une équipe qui a la chance et la joie de l’aimer profondément, d’en connaître les règles du style, semble vouloir convertir le plus mécréant d’entre nous. Christian Colombeau
Il n’y a aucun doute, avec cette version épurée, rafraîchie, Emmanuelle Haïm vient de frapper d’un grand coup et balaie les défenseurs de la tradition victorienne (on en connaît !) voire romantique de la partition.
Ce qui frappe d’emblée est, malgré les forces réduites du Concert d’Astrée, la puissance dramatique que la belle Emmanuelle arrive à insuffler à ses musiciens. Même au moment de l’Amen final, le degré de grandeur nécessaire est pleinement atteint. Tout de force séduisant, le thème presque grégorien de la fugue rejoint la sévérité d’écriture et la souplesse d’un Josquin des Près…
Louons d’abord la contribution du Chœur d’Astrée , dont le rôle est de loin le plus important par leur parfaite égalité entre les quatre voix, pour leur vitalité rythmique et la légèreté transparente grâce à laquelle il nous est permis d’entendre toute la trame polyphonique.
Malgré une légère tendance aux « effets », les manières des solistes sont fort belles et séduisantes. Nous pouvons saluer ici la basse Christopher Purves dont les trilles sont superbes dans le vigoureux The trumpet shall sound.
Avec une musicalité sans faille, Andrew Staples traduit le désespoir du Christ abandonné avec un Thy rebuke à la limite de l’insoutenable.
Dans le grand air da capo, He was despised, le plus poignant de l’oratorio, Tim Mead (alto et contre-ténor à la fois) fait couler toutes les larmes de sang et d’eau de l’humanité, préférant, en grand tragédien, la simplicité dépouillée d’une ligne mélodique à peine ornée. Un grand moment dans l’histoire du disque et de l’œuvre.
La belle soprano Lucy Crowe, elle aussi bouleversante d’abandon, apporte, avec sa voix veloutée, un chant rond, superbe dans l’aigu, une maîtrise dans l’émotion et la nuance, une chaleur rares.
Cet enregistrement enfin obéit au mieux aux vœux du compositeur : grandeur et spontanéité, humilité et ferveur.
Sa musique, mise ici entre les mains d’une équipe qui a la chance et la joie de l’aimer profondément, d’en connaître les règles du style, semble vouloir convertir le plus mécréant d’entre nous. Christian Colombeau