Offenbach ouvre le 16e Festival d'Opérette de la Ville de Nice

Une Hélène belle à faire damner tous les dieux de l'Olympe. Production exemplaire de Bernard Pisani



Pour cette seizième édition, les toujours jeunes et dynamiques Melcha Coder et Christian Jarniat ont tapé dans le mille en invitant à l'Opéra de Nice la délirante production du talentueux Bernard Pisani, qui, on le sait, a écumé toutes les scènes de France et de Navarre. Cette Belle Hélène renvoie aux oubliettes tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant.

Après tant de réalisations hybrides voire même lugubres, c'est une joie de retrouver un spectacle gai, aux couleurs chatoyantes, avec juste le clin d'oeil anachronique voulu, un tourbillon de bonne humeur qui ne trahit à aucun moment le compositeur et ses deux librettistes, et où les allusions à notre époque ne sont absolument pas gênantes.

Les costumes de Frédéric Pineau ont toute la cocasserie souhaitée et la mise en scène de Bernard constamment drôle, animée, fourmille de détails savoureux. L'entrée des Rois au premier acte est d'un comique irrésistible, la scène du bain, au dernier, fait déjanter salle et scène.

Impossible d'adresser un reproche sérieux à la distribution réunie pour les deux représentations données à guichet fermé.
Saluons d'emblée la cocasserie du trio étonnant formé par Michel Vaissière (Calchas sorti d'un film de Fellini), Ronan Nédélec (Roi des Rois sorti lui d'un péplum hollywoodien et d'une autorité burlesque bien sympathique) et Claude Deschamps qui donne au royal cocu une finesse et un humour rares. Tous recueillent, il fallait s'y attendre, le triomphe de la soirée avec le génial trio patriotique qu'Offenbach composa, pour le troisième acte, en parodiant avec tant de bonheur le fameux tableau célèbre du Guillaume Tell de Rossini.

Hélène c'est Pauline Sabatier. Une prise de rôle pour la jeune et jolie soprano, un beau succès personnel avec cette fille de Léda à mi chemin entre Marylin Monroe et Rita Hayworth. Un rien d'ampleur compensé par une spontanéité fort drôle et un timbre séduisant.

Pâris, c'est Jérémy Duffau. Il en a le physique, la rouerie, l'élégance. Le jeune ténor n'éprouve aucune difficulté dans la tessiture aiguë qui lui incombe et le timbre a tout le charme voulu du " fier séducteur ".
On retrouve avec plaisir le bouillant Achille brut de décoffrage (dans le bon sens du terme) de Richard Rittelmann (là aussi vraie voix d'opéra faites pour les imprécations). Le couple formé par les deux Ajax de Thierry Delaunay et Serge Manguette complète avec toute la fantaisie voulue la galerie si pittoresque des héros de l'aventure.

Oreste superlatif d'Amélie Robins, choeur maison parfois un tantinet flottant et direction aux petits oignons, pleine de subtilité, de finesse car délicate ou endiablée de Bruno Membrey. Le chef trouvant la dose exacte du rire en musique et donnant raison à ceux qui ont surnommé le Grand Jacques : " le petit Mozart des Champs-Elysées".
En conclusion, en ces temps de crise et de morosité, un spectacle qui devrait être remboursé par la Sécurité Sociale sur présentation du ticket d'entrée.
Christian Colombeau

Christian Colombeau
Mis en ligne le Mardi 26 Septembre 2017 à 08:20 | Lu 1734 fois
Christian Colombeau
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