Pour le 9ème Festival Massenet, l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne a gagné le pari risqué de monter cette œuvre oubliée.
Ariane de Massenet
Je ne suis certainement pas le seul à avoir éprouvé une certaine réticence avant d’aller voir à l’Opéra de Saint Etienne Ariane de Massenet. Certes, à sa création, l’œuvre avait rencontré un certain succès (soixante représentations en un an et demi) ; mais, en dehors d’une reprise timide en 1937, elle avait depuis sombré dans l’oubli. Une première lecture du livret engendrait la perplexité : la générosité surhumaine d’Ariane qui ramène des Enfers sa sœur qui est aussi sa rivale auprès de Thésée, le caractère ambigu d’un héros plus velléitaire que courageux, les interventions des sirènes, des Grâces, des dieux et des déesses, tous ces éléments convenaient mal à nos esprits d’aujourd’hui.
Le texte de Catulle Mendès est très inégal et il prête parfois à sourire par ses prétentions poétiques. On appréhendait aussi, dans cette sombre histoire d’abandon et de larmes, que Massenet en fasse trop, dans le registre de la sensiblerie.
Une distribution sans faille
La représentation que nous avons pu voir ce 11 novembre a dissipé ces craintes et nous avons volontiers applaudi avec un public conquis les acteurs de ce spectacle réussi. Nos louanges iront d’abord à Laurent Campellone et à l’orchestre Symphonique de Saint Etienne qui ont servi Massenet avec intelligence et ont peint admirablement la violence des flots, la pesante immobilité du royaume des Morts, le déchaînement de la passion amoureuse ou encore, mais avec quelle distinction, la douleur des ruptures et des séparations.
La distribution était sans faille jusque dans les rôles secondaires. Nous saluerons peut-être plus fortement les voix féminines qui, il est vrai, sont favorisées par le compositeur : magnifique Cécile Perrin, en progrès constant, Barbara Ducret, Phèdre de passion et de flamme, mais aussi Anne Pareuil, Inge Dreisig, Florence Vinit, Patricia Schnell. Mais Luca Lombardo, Cyril Rovery, Marco di Sapia leur ont donné une réplique de grande qualité.
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Le texte de Catulle Mendès est très inégal et il prête parfois à sourire par ses prétentions poétiques. On appréhendait aussi, dans cette sombre histoire d’abandon et de larmes, que Massenet en fasse trop, dans le registre de la sensiblerie.
Une distribution sans faille
La représentation que nous avons pu voir ce 11 novembre a dissipé ces craintes et nous avons volontiers applaudi avec un public conquis les acteurs de ce spectacle réussi. Nos louanges iront d’abord à Laurent Campellone et à l’orchestre Symphonique de Saint Etienne qui ont servi Massenet avec intelligence et ont peint admirablement la violence des flots, la pesante immobilité du royaume des Morts, le déchaînement de la passion amoureuse ou encore, mais avec quelle distinction, la douleur des ruptures et des séparations.
La distribution était sans faille jusque dans les rôles secondaires. Nous saluerons peut-être plus fortement les voix féminines qui, il est vrai, sont favorisées par le compositeur : magnifique Cécile Perrin, en progrès constant, Barbara Ducret, Phèdre de passion et de flamme, mais aussi Anne Pareuil, Inge Dreisig, Florence Vinit, Patricia Schnell. Mais Luca Lombardo, Cyril Rovery, Marco di Sapia leur ont donné une réplique de grande qualité.
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Une scénographie réussie
Une des clés de la réussite est à l’évidence le traitement scénique réalisé par Jean-Louis Pichon. J’ai aimé l’idée de cet amphithéâtre, référence éloquente à la tragédie antique ; l’utilisation astucieuse des danseurs, les attitudes hiératiques des témoins muets de l’histoire, la présence d’un coryphée proclamant les didascalies du livret, l’évocation saisissante du séjour des morts, tout montre l’éminente maîtrise du théâtre chez un homme qui met au service de l’œuvre la richesse de son imagination et de sa culture, et tous les moyens techniques et humains que peut offrir à son public une maison qui compte dans le paysage lyrique national.
Henri Pezelier
Henri Pezelier