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Paris, 10 sculptures monumentales de Manolo Valdés à découvrir jusqu’au 30 mars 2021, au gré d’un parcours le long de l’avenue George V

Opera Gallery Paris rend hommage au célèbre peintre et sculpteur espagnol Manolo Valdés, en lui consacrant une exposition à ciel ouvert au cœur de Paris.


Clio White, 2020 Aluminium 385 x 645 x 248 cm
Clio White, 2020 Aluminium 385 x 645 x 248 cm
Reconnu comme l’un des artistes majeurs de la création contemporaine, Manolo Valdés explore depuis près de 60 ans les grands classiques de l’histoire de l’art et inscrit son œuvre dans la lignée des grands maîtres qui l’ont précédé.

Jusqu’au 30 mars 2021, dix œuvres monumentales de l’artiste occupent l’avenue George V à Paris, dans le cadre de l’événement George V Monumental. Les sculptures en aluminium, bronze, résine et acier inoxydable revisitent le thème classique du portrait féminin cher à l’artiste. Leurs têtes stylisées surmontées de couronnes, de coiffes portent le nom de femmes actuelles, de muses et de déesses anciennes.

La sculpture de la Ménine, représentation emblématique de l’œuvre de Valdés et réminiscence contemporaine de Diego Velázquez, réapparaît dans cette nouvelle série de créations dans des résines colorées : orange, bleu, parme et noir intense, tels des échos à l’opale de feu, au saphir, à l’améthyste et au diamant noir. Le « bleu Valdés » étant la couleur signature de l’artiste.

Valdés crée aussi ses muses à partir de l’observation attentive du quotidien. Il confie que sa série Mariposas, dont deux œuvres sont exposées ici, est inspirée d’une scène extraordinaire aperçue à Central Park, New York où il vit. Un après-midi de printemps, il y croisa une femme assise sur un banc enveloppée d’un tourbillon de papillons. Cabeza de Mariposas et Mariposas, illustrent ce thème sur l’avenue George V.

Clio, célèbre muse antique est déclinée par l’artiste en s’inspirant librement de la Clio de Sandro Botticelli. Il la représente stylisée sous la forme d’une tête sur laquelle il dispose des géométries de faisceaux.

La monumentalité, chez Valdés, est adaptée à la ville. Ses formes rondes et horizontales prennent place naturellement dans les environnements citadins où elles brisent la rectitude des avenues et la verticalité des bâtiments. Certaines œuvres de l’exposition sont de véritables prouesses techniques de 7 mètres d’envergure. Manolo Valdés transcende les difficultés provoquées par la monumentalité et trouve dans cette dernière l’ampleur de son travail sculpté.

Les œuvres monumentales de Manolo Valdés séduisent par leur caractère aérien grâce à sa maîtrise exceptionnelle du vide qui traverse l’entrelacs de coiffes de ses grandes dames.


Bio express

Manolo Valdès, dans son atelier à Madrid, Espagne © Enrique Palacio
Manolo Valdès, dans son atelier à Madrid, Espagne © Enrique Palacio
Le peintre Manolo Valdés est né à Valencia en 1942. Après avoir intégré dès 1957 l’école des Beaux-Arts de San Carlos à Valencia où il rencontrera ses futurs compagnons du collectif Equipo Crónica, le jeune Valdés entame une carrière d’artiste peintre. Avec le groupe Estampa Popular, Valdés met sa peinture au service de la critique du régime franquiste. En 1964, il expose au XVIe salon de la Jeune peinture organisé à Paris par Arroyo, Aillaud et Recalcati. C’est là qu’il décide avec ses deux amis Rafael Solbes et Joan Antoni Toledo de former Equipo Crónica dont le parti pris esthétique se veut résolument narratif à une époque dominée par l’art informel et l’expressionnisme. Les artistes espagnols regardent du côté du Pop Art américain dont ils reprennent les codes, mais en leur conférant une tout autre dimension.

« Nous avions devant nous un défi bien distinct, car nous étions confrontés à une situation politique très différente de celle des artistes américains. Ainsi, pour nous, la pop était un moyen de s’engager dans une bataille politique, mais aussi un moyen de sortir et de s’opposer aux tendances artistiques dominantes associées à l’art Informel », confiait l’artiste en septembre 2015.

En participant à de très nombreuses expositions, le collectif acquiert une renommée qui dépasse les seules frontières de l’Espagne.

À la mort de Solbes en 1981, Manolo Valdés entame une carrière en solitaire. C’est une nouvelle étape pour l’artiste qui sort du champ de la critique politique. Fin connaisseur de l’histoire de l’art, il se propose d’en devenir l’éclaireur, revisitant les chefs-d’œuvre du passé : ceux de Velázquez, Pisanello, Goya ou Ribera comme ceux de l’avant-garde, tels Picasso et Matisse. En quelques traits, il sait saisir les lignes et les contours d’une image iconique. Il revisite de manière quasi obsessionnelle nos classiques en leur donnant une présence d’une modernité inouïe. Chez Diego Velázquez, il s’attaque aux mystères des Ménines, chez Pablo Picasso il fait écho à la géométrie du portrait cubiste, chez Henri Matisse il rend hommage au premier tableau fauviste intitulé La femme au chapeau, chez Jan Van Eyck il réinterprète le génie de la couleur-lumière à travers l’autoportrait L’homme au turban rouge.

Entre Madrid et New York où il réside depuis 1990, Valdés crée des œuvres fortes utilisant des matériaux inhabituels à la texture expressive : toiles de jute, pliées, cousues ou badigeonnées de peintures ou de différentes matières tel que le bitume. À la rudesse des matériaux répond la force du symbole : un sourcil, l’arête d’un nez suffisent à évoquer un chef-d’œuvre passé, auréolé grâce à Valdés d’une nouvelle modernité. Le résultat est éminemment esthétique. En 1984, il obtient le prix des Beaux-Arts, puis la médaille de la peinture d’Espagne en 1985. Il représente en 1999 l’Espagne durant la biennale de Venise. La peinture n’est plus alors son seul médium et Valdés investit le champ de la sculpture. La figure de la reine Mariana de Velázquez, déjà familière de l’époque d’Equipo Crónica, devient un leitmotiv.

« Ce qui m’amuse le plus, c’est de répéter la même image en la transformant. Une seule création ne suffit pas à tout raconter. Comme pour la photographie, plusieurs clichés sont nécessaires pour raconter une histoire » Manolo Valdés

Tout comme en peinture, Valdés fait preuve d’une réelle maîtrise des matériaux, usant du bois mais aussi du bronze ou du marbre. Il n’hésite pas à investir le champ du monumental dans l’espace public. En 2016, il investit la place Vendôme à Paris avec cinq figures monumentales célébrant la beauté féminine. La part dévolue à la sculpture occupe une place capitale dans son travail comme en témoigne l’exposition du Guggenheim de Bilbao en 2002.
Manolo Valdés a bénéficié depuis les années 80 de plus de 200 expositions dont une soixantaine d’expositions individuelles dans une vingtaine de musées. Aujourd’hui, nombreux sont les musées à conserver ses œuvres tels le MoMA, le MET, le Musée Reina Sofia ou encore le Centre Pompidou.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 27 Janvier 2021 à 13:35 | Lu 443 fois

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