Paris, Fondation Henri Cartier-Bresson, expos Weegee, Autopsie du Spectacle / Alessandra Sanguinetti, Les aventures de Guille et Belinda. 30 janvier – 19 mai 2024


Weegee – Autopsie du Spectacle

Self-Portrait, Weegee with Speed Graphic Camera, 1950 [Autoportrait avec un appareil Speed Graphic, 1950] © International Center of Photography. Collection Friedsam.
Il y a une énigme Weegee. La carrière du photographe américain semble être scindée en deux. Tout d’abord, les clichés chocs parus dans la presse tabloïde nord-américaine : cadavres de truands gisant dans leur sang, corps incarcérés dans des véhicules emboutis, petits caïds à la mine atibulaire derrière les grilles du fourgon carcéral, taudis vétustes dévorés par le feu et quelques autres documents poignants sur la vie des plus démunis à New York entre 1935 et 1945. Ensuite, ce sont des images festives – soirées mondaines, spectacles de saltimbanques, foules en liesse, vernissages et premières –, auxquelles il faut ajouter un corpus pléthorique de portraits de personnalités publiques que le photographe s’est amusé à déformer par l’entremise d’une très riche palette de trucages entre 1948 et 1951, et qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa vie. Comment ces deux corpus, aussi diamétralement opposés, peuvent-ils coexister au sein d’une même œuvre photographique ? Les exégètes se sont plu à renforcer l’opposition entre ces deux périodes, à encenser la première et à détester la seconde. L’exposition Autopsie du Spectacle a pour ambition de réconcilier les deux Weegee en montrant qu’au-delà des différences de formes, la démarche du photographe repose sur une réelle cohérence critique.

La question du spectacle est omniprésente dans l’œuvre de Weegee. Dans la première partie de sa carrière, qui correspond historiquement à l’essor de la presse tabloïde, il participe à la transformation du fait-divers en spectacle. Pour bien le montrer, il inclut souvent des spectateurs
ou d’autres photographes au premier plan de ses images. Dans la seconde moitié de sa carrière, Weegee se moque du spectaculaire hollywoodien : de ses gloires éphémères, des foules qui les adulent et des mondanités qui les entourent. Quelques années avant l’Internationale Situationniste, il offre à travers ses photographies une critique incisive de la Société du Spectacle.
Nouvelle lecture de l’œuvre de Weegee, Autopsie du Spectacle présente des icônes du photographe aux côtés d’images moins connues et jamais montrées en France.

Commissaire de l’exposition
Clément Chéroux
Directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson

Holiday Accident in the Bronx, 1941 [Accident de week-end prolongé dans le Bronx, 1941] © International Center of Photography.

The Critic, November 22, 1942 [La Critique, 22 novembre 1942] © International Center of Photography. Collection Friedsam

Alessandra Sanguinetti. Les aventures de Guille et Belinda

The Cousins, 2005 [Les cousines, 2005] © 2021 Alessandra Sanguinetti / Magnum Photos.
Alessandra Sanguinetti (née en 1968) grandit et fait ses études en Argentine. En 1999, elle remarque deux enfants singulières, Guillermina Aranciaga et Belinda Stutz. Ces deux femmes, dont elle suit le destin depuis, s’érigent en icônes aux centres de sa vie et de son œuvre. Avec la campagne argentine en toile de fond, dans un univers essentiellement masculin fait de gauchos et de fermiers, les tableaux documentaires qu’elle crée traversent les stades de la vie et interrogent l’irréversibilité du temps.

Avec l’aide de ces deux cousines et en ayant recours à la mise en scène et à des accessoires, Alessandra Sanguinetti fait dialoguer ses photographies et ses modèles dans un ensemble résolument fantasmagorique. Telle Morphée tenant un miroir d’une main et offrant le pouvoir des rêves de l’autre, elle nous transporte paradoxalement dans l’illusion des rêves et dans la représentation de la réalité propre de ces âmes qui n’étaient, au commencement, que des points dans l’horizon.
Avec l’élaboration de ces tableaux oniriques et psychanalytiques, Alessandra Sanguinetti apporte une réponse sensible au questionnement perpétuel de la relation des artistes à leurs sujets. Au sein et en dehors de cette série, ces trois femmes, Guillermina, Belinda et Alessandra, forment en définitive une autre famille.

The Adventures of Guille and Belinda mérite une mise à jour constante. Cette série exposée aux Rencontres de la Photographie d’Arles en 2006, puis au BAL à Paris en 2011, est présentée du 30 janvier au 19 mai 2024 à la Fondation Henri Cartier-Bresson, dans un ensemble augmenté et actualisé de 52 photographies et de 3 films.
Ce projet est riche de ce qu’il est et de ce qu’il sera : hier, aujourd’hui et demain.

Commissaires de l’exposition
Clément Chéroux
Directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson
Pierre Leyrat
Chargé des expositions, Fondation Henri Cartier-Bresson

Oriana, First Day, 2009 [Oriana, premier jour, 2009] © 2021 Alessandra Sanguinetti / Magnum Photos.

The Bath, 1999 [Le Bain, 1999] © 2021 Alessandra Sanguinetti / Magnum Photos.

Info+

Fondation Henri Cartier-Bresson
79 rue des Archives
75003 Paris
+33 (0)1 40 61 50 50
henricartierbresson.org

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 8 Janvier 2024 à 20:32 | Lu 296 fois
Pierre Aimar
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