Pour Ribera, toute peinture – qu’il s’agisse d’un mendiant, d’un philosophe ou d’une Pietà – procède de la réalité, qu’il transpose dans son propre langage. La gestuelle est théâtrale, les coloris noirs ou flamboyants, le réalisme cru et le clair-obscur dramatique. Avec une même acuité, il traduit la dignité du quotidien aussi bien que des scènes de torture bouleversantes. Ce ténébrisme extrême lui valut au XIXe siècle une immense notoriété, de Baudelaire à Manet.
Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et estampes venus du monde entier, l’exposition retrace pour la première fois l’ensemble de la carrière de Ribera : les intenses années romaines, redécouvertes depuis peu, et l’ambitieuse période napolitaine, à l’origine d’une ascension fulgurante. Il en ressort une évidence : Ribera s’impose comme l’un des interprètes les plus précoces et les plus audacieux de la révolution caravagesque, et au-delà comme l’un des principaux artistes de l’âge baroque.
Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et estampes venus du monde entier, l’exposition retrace pour la première fois l’ensemble de la carrière de Ribera : les intenses années romaines, redécouvertes depuis peu, et l’ambitieuse période napolitaine, à l’origine d’une ascension fulgurante. Il en ressort une évidence : Ribera s’impose comme l’un des interprètes les plus précoces et les plus audacieux de la révolution caravagesque, et au-delà comme l’un des principaux artistes de l’âge baroque.
Jusepe de Ribera, Apollon et Marsyas, 1637. Huile sur toile, 182×232 cm. Museo e Real Bosco di Capodimonte, Naples. © Museo e Real Bosco di Capodimonte.
Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de Ribera au cœur de l’Italie du Caravage, tout en explorant son originalité, son audace, ses motifs récurrents et ses métamorphoses.
La première partie de l’exposition aborde les débuts de Ribera à Rome. Le peintre, surnommé « Lo Spagnoletto [le petit Espagnol] », arrive dans la cité papale vers 1605-1606, la même année que le départ du Caravage pour Naples. Les deux artistes se sont-ils rencontrés ? Personne ne peut l’affirmer mais l’influence du Caravage sur Ribera, ainsi que sur toute une génération de peintres présents à Rome à ce moment-là est décisive. Ribera élabore les fondements de sa peinture : l’usage du modèle vivant, un clair-obscur dramatique, une gestuelle théâtrale, un réalisme cru. Ce nouveau vocabulaire, ô combien radical, se retrouve dans sa série des Cinq sens, représentée dans l’exposition par l’Allégorie du goût (Wadsworth Atheneum, Hartford) et l’Allégorie de l’odorat (Collection Abello, Madrid), mais également dans les Apostolados, série d’apôtres devenue l’un des sujets de prédilection du peintre. L’exposition revient également sur l’histoire de la réattribution du tableau du Jugement de Salomon (Galerie Borghèse) par l’historien de l’art Gianni Papi en 2002. Cette enquête a bouleversé la compréhension de la production romaine de Ribera, en l’enrichissant d’une soixantaine d’œuvres magistrales, dont Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) ou encore Le Reniement de saint Pierre (Galerie Corsini). À la fin de son séjour romain, Ribera s’impose comme l’un des caravagesques les plus recherchés par l’élite du monde de l’art.
La première partie de l’exposition aborde les débuts de Ribera à Rome. Le peintre, surnommé « Lo Spagnoletto [le petit Espagnol] », arrive dans la cité papale vers 1605-1606, la même année que le départ du Caravage pour Naples. Les deux artistes se sont-ils rencontrés ? Personne ne peut l’affirmer mais l’influence du Caravage sur Ribera, ainsi que sur toute une génération de peintres présents à Rome à ce moment-là est décisive. Ribera élabore les fondements de sa peinture : l’usage du modèle vivant, un clair-obscur dramatique, une gestuelle théâtrale, un réalisme cru. Ce nouveau vocabulaire, ô combien radical, se retrouve dans sa série des Cinq sens, représentée dans l’exposition par l’Allégorie du goût (Wadsworth Atheneum, Hartford) et l’Allégorie de l’odorat (Collection Abello, Madrid), mais également dans les Apostolados, série d’apôtres devenue l’un des sujets de prédilection du peintre. L’exposition revient également sur l’histoire de la réattribution du tableau du Jugement de Salomon (Galerie Borghèse) par l’historien de l’art Gianni Papi en 2002. Cette enquête a bouleversé la compréhension de la production romaine de Ribera, en l’enrichissant d’une soixantaine d’œuvres magistrales, dont Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) ou encore Le Reniement de saint Pierre (Galerie Corsini). À la fin de son séjour romain, Ribera s’impose comme l’un des caravagesques les plus recherchés par l’élite du monde de l’art.
Jusepe de Ribera, Le Jugement de Salomon, vers 1609-1610. Huile sur toile, 153×201 cm. Galleria Borghese, Rome. © Galleria Borghese.
En 1616, l’artiste quitte Rome pour s’installer à Naples, alors territoire espagnol. Sa carrière est fulgurante. Marié à la fille de l’un des peintres les plus importants de la ville, soutenu par le pouvoir en place, Ribera règne pendant près de quarante ans sur la scène artistique napolitaine et multiplie les commandes prestigieuses. Les séries qu’il conçoit pour la Collégiale d’Osuna près de Séville ou pour l’église de la Trinità delle Monache à Naples sont à l’origine de véritables chefs-d’œuvre comme le Saint Jérôme et l’Ange du Jugement dernier (Museo di Capodimonte). Artiste hors pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des individus, des chairs ou des objets, Ribera restitue la splendeur des humbles avec une acuité bouleversante. Un Mendiant en haillons (Galerie Borghèse), une Vieille usurière (Musée du Prado) ou un enfant Pied-bot (Louvre) gagnent leurs lettres de noblesse. Son intérêt pour les personnes en marge de la société se mêle à son goût pour l’étrange et donne naissance à des images inédites, comme Le portrait de Magadalena Venturi, la célèbre Femme à la barbe (Musée du Prado).
Au cœur du parcours napolitain, le visiteur peut également découvrir ses talents de dessinateur et de graveur – une singularité au sein de la galaxie caravagesque – avec un cabinet d’arts graphiques réunissant des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Art, du British Museum ou de la Collection Colomer. Son œuvre gravé, d’une grande virtuosité, est quant à lui présenté grâce au fonds Dutuit du Petit Palais.
Son goût pour un réalisme radical se traduit également dans sa volonté de peindre le pathos de manière naturelle et sans artifice. Il insiste sur la vérité des corps et des chairs, même lorsqu’il représente le Christ mourant dans trois Pietà réunies ici pour la première fois : les deux Lamentation sur le corps du Christ de la National Gallery de Londres et du Musée Thyssen et La Mise au tombeau du musée du Louvre. Au côté de ses compositions religieuses, Ribera réinvente les mythes antiques, où s’illustre son attrait pour le grotesque et la provocation. Sa palette s’éclaircit à la fin de sa carrière et laisse apparaître des ciels bleu turquoise, des couleurs flamboyantes et des drapés irisés, dignes de Titien, comme dans l’Apollon et Marsyas (Museo di Capodimonte) et Vénus et Adonis (Palais Corsini). L’exposition se termine sur une dernière salle spectaculaire consacrée à des scènes de martyres et d’écorchés, qui firent aussi la réputation de Ribera. Véritable théâtre des passions, ses compositions extrêmes, aux noirs profonds, prennent à témoin le spectateur. L’héritier terrible du Caravage, « plus sombre et plus féroce » que le maître, démontre qu’il n’est pas un simple interprète mais l’un des plus grands artistes de l’âge baroque, aux inventions fulgurantes, audacieux et virtuose.
Commissariat
Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais
Maïté Metz, conservatrice des peintures anciennes du Petit Palais
Au cœur du parcours napolitain, le visiteur peut également découvrir ses talents de dessinateur et de graveur – une singularité au sein de la galaxie caravagesque – avec un cabinet d’arts graphiques réunissant des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Art, du British Museum ou de la Collection Colomer. Son œuvre gravé, d’une grande virtuosité, est quant à lui présenté grâce au fonds Dutuit du Petit Palais.
Son goût pour un réalisme radical se traduit également dans sa volonté de peindre le pathos de manière naturelle et sans artifice. Il insiste sur la vérité des corps et des chairs, même lorsqu’il représente le Christ mourant dans trois Pietà réunies ici pour la première fois : les deux Lamentation sur le corps du Christ de la National Gallery de Londres et du Musée Thyssen et La Mise au tombeau du musée du Louvre. Au côté de ses compositions religieuses, Ribera réinvente les mythes antiques, où s’illustre son attrait pour le grotesque et la provocation. Sa palette s’éclaircit à la fin de sa carrière et laisse apparaître des ciels bleu turquoise, des couleurs flamboyantes et des drapés irisés, dignes de Titien, comme dans l’Apollon et Marsyas (Museo di Capodimonte) et Vénus et Adonis (Palais Corsini). L’exposition se termine sur une dernière salle spectaculaire consacrée à des scènes de martyres et d’écorchés, qui firent aussi la réputation de Ribera. Véritable théâtre des passions, ses compositions extrêmes, aux noirs profonds, prennent à témoin le spectateur. L’héritier terrible du Caravage, « plus sombre et plus féroce » que le maître, démontre qu’il n’est pas un simple interprète mais l’un des plus grands artistes de l’âge baroque, aux inventions fulgurantes, audacieux et virtuose.
Commissariat
Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais
Maïté Metz, conservatrice des peintures anciennes du Petit Palais
Jusepe de Ribera, Vénus et Adonis, 1637. Huile sur toile, 179×262 cm. Galerie Corsini, Gallerie Nazionali di Arte Antica, Rome. © Gallerie Nazionali di Arte Antica, Ministero della Cultura.
Info+
Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.
Tel : 01 53 43 40 00
petitpalais.paris.fr
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.
Tel : 01 53 43 40 00
petitpalais.paris.fr