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Hommage à l’œuvre de Pierre Huyghe de 1997 Silent Score, le titre de la première exposition collective de la galerie Anne-Sarah Bénichou, Partition du Silence, se présente comme un oxymore venant souligner et interroger les rapports qu’entretient l'art contemporain avec la notion de son. Dans un environnement paradoxalement assez silencieux, les huit artistes choisis donnent ainsi forme et consistance au son : qu’il s’agisse d’un sonogramme, d’une flamme dansant, d’une voix emprisonnée dans des boîtes ou encore d’une photographie décomposant les gestes du musicien, chaque œuvre tente à sa façon de matérialiser l’évanescence des sons et de figurer plastiquement le ressenti auditif. Ou comment écouter avec les yeux...
Vernissage le samedi 5 novembre de 15h à 21h.
Vernissage le samedi 5 novembre de 15h à 21h.
A propos
« Il faut rompre à tout prix ce cercle restreint des sons purs et conquérir la variété infinie des sons- bruits. » C’est ainsi que Luigi Rossolo, en mars 1913, entend révolutionner la musique et l’art contemporain lorsqu’il rédige son Manifeste Futuriste. Il souhaite que les artistes cessent de créer une musique traditionnelle et fassent émerger l’art de notre quotidien en composant à partir des bruits qui constituent notre environnement.
Des années plus tard, en 1952, John Cage fait « jouer » une nouvelle composition intitulée 4’33’’. Il s’agit d’un morceau entièrement silencieux. Et il écrit, en parlant de son public le soir de la première représentation : « Ils n’ont pas saisi. Le silence n’existe pas. Ce qu’ils ont pris pour du silence, parce qu’ils ne savent pas écouter, était rempli de bruits au hasard. On entendait un vent léger dehors pendant le premier mouvement. Pendant le deuxième, des gouttes de pluie se sont mises à danser sur le toit, et pendant le troisième, ce sont les gens eux-mêmes qui ont produit toutes sortes de sons intéressants en parlant ou en s’en allant. » (citation extraite de Richard Kostelanetz, Conversations avec John Cage, Paris, éditions des Syrtes, 2000, p. 105-106. Traduit et présenté par Marc Dachy.)
L’intention de Cage était de supprimer les sons attendus et de capter l’attention vers les sons du milieu ambiant, pour qu’ils soient entendus comme de la musique.
Presque un demi-siècle plus tard, en 1997, c’est au tour de Pierre Huyghe de se positionner par rapport à ce travail avec l’œuvre Silent Score (Partition du silence en français), réalisée à partir de la transcription des sons imperceptibles tirés de l’enregistrement de 4'33’’ de 1952. La boucle est bouclée, Huyghe compose cette musique des bruits, musique du silence et de notre environnement dont aurait pu rêver Rossolo…
A l’aune de ces trois jalons historiques qui structurent le siècle passé, le propos de l’exposition tente de donner un éclairage, partiel et partial, sur la façon dont certains artistes contemporains ont pu s’inscrire dans cet héritage pour penser le rapport entre son, musique et arts plastiques. Ou comment réinterpréter le silence, lui donner corps et plénitude.
Des années plus tard, en 1952, John Cage fait « jouer » une nouvelle composition intitulée 4’33’’. Il s’agit d’un morceau entièrement silencieux. Et il écrit, en parlant de son public le soir de la première représentation : « Ils n’ont pas saisi. Le silence n’existe pas. Ce qu’ils ont pris pour du silence, parce qu’ils ne savent pas écouter, était rempli de bruits au hasard. On entendait un vent léger dehors pendant le premier mouvement. Pendant le deuxième, des gouttes de pluie se sont mises à danser sur le toit, et pendant le troisième, ce sont les gens eux-mêmes qui ont produit toutes sortes de sons intéressants en parlant ou en s’en allant. » (citation extraite de Richard Kostelanetz, Conversations avec John Cage, Paris, éditions des Syrtes, 2000, p. 105-106. Traduit et présenté par Marc Dachy.)
L’intention de Cage était de supprimer les sons attendus et de capter l’attention vers les sons du milieu ambiant, pour qu’ils soient entendus comme de la musique.
Presque un demi-siècle plus tard, en 1997, c’est au tour de Pierre Huyghe de se positionner par rapport à ce travail avec l’œuvre Silent Score (Partition du silence en français), réalisée à partir de la transcription des sons imperceptibles tirés de l’enregistrement de 4'33’’ de 1952. La boucle est bouclée, Huyghe compose cette musique des bruits, musique du silence et de notre environnement dont aurait pu rêver Rossolo…
A l’aune de ces trois jalons historiques qui structurent le siècle passé, le propos de l’exposition tente de donner un éclairage, partiel et partial, sur la façon dont certains artistes contemporains ont pu s’inscrire dans cet héritage pour penser le rapport entre son, musique et arts plastiques. Ou comment réinterpréter le silence, lui donner corps et plénitude.