Ce chant français, d’une école, d’un autre âge,
retrouve ici son ambition, cette intensité juste, nerveuse, racée, véritable tension vivante qui est mieux que puissance et volume.
Avec des facilités de timbre et de tessiture inouïes (les aigus chez ces deux artistes sont réalistes, rayonnants, la sonorité vibrante), la vraie force du couple est de décaper totalement l’approche et la vision de ces pages bien oubliées mais à l’impact dramatique et musical indéniables. Pour peu que l’on veuille faire l’effort d’entrer dans ce monde étrange et pénétrant, un rien suranné…
L’autre vraie prouesse de ce disque, c’est la ligne, la phrase. Il y a chez HJödis Thébault ce mélange corsé, réjouissant, presque insolent, des sœurs Crespin et Guiot, chez Pierre-Yves Pruvot cette diabolique respiration héritée des Massard ou Blanc. Le baryton ne fait d’ailleurs qu’une bouchée, et pour cause, de Rysoor (Patrie de Paladihle), le sait-on, rôle des débuts de l’illustre baryton toulonnais.
Jolie découverte aussi que cette Eve de Massenet. Onze minutes tirées d’un oratorio saint-sulpicien en diable, nous sommes en 1849, mais à la lumineuse simplicité, à l’envoûtante sensualité, au lyrisme souverain. Un ange passe. Presque un passeport pour l’ineffable…
Par contre, Le Mage (composé en 1891) aux lourdes et envahissants percussions et cuivres tente d’imiter Wagner et il faut aux courageux duettistes un métier en béton pour illuminer cette prétentieuse et crépusculaire partition. L’aspirine devrait être remboursée dans toute bonne pharmacie sur présentation du disque.
Le Caïd permet au couple (potin du jour : à la scène comme à la ville) de nous faire prendre cette musique un tantinet simpliste pour de la musique d’opérette (la meilleure, la française). Mais il donne raison aux méchantes langues qui à l’époque déjà disaient : « il y a la bonne musique, la mauvaise musique… et celle d’Ambroise Thomas » … Quand la mariée est trop belle…
C’est bien sûr avec Halévy (Charles VI) et Saint-Saëns (Henry VIII) que Hjördis et Pierre-Yves Pruvot semblent comme des jeunes fauves lâchés avec deux duos remplis de passion, de panache, presque hallucinés de violence toute racinienne. En prime un hédonisme vocal aux réjouissantes morsures.
Ce n’est pas pour rien que ces deux compositeurs ouvrent le feu. Comme pour mener tout vrai amateur ou curieux de cette musique d’exception sur les chemins de la curiosité, de la surprise et la joie d’entendre et découvrir deux sympathiques artistes dont les noms et la carrière se confondent déjà avec l’histoire de ce fabuleux, brillant et original récital.
Inutile de préciser que Didier Talpain, à la tête du Kosice Philarmonic Orchestra, lui aussi joue le jeu à fond, boit de l’œil et de l’oreille ses chanteurs, et se révèle un des plus ardents défenseurs du genre.
Christian Colombeau
1CD Brilliant Classics 94321
Avec des facilités de timbre et de tessiture inouïes (les aigus chez ces deux artistes sont réalistes, rayonnants, la sonorité vibrante), la vraie force du couple est de décaper totalement l’approche et la vision de ces pages bien oubliées mais à l’impact dramatique et musical indéniables. Pour peu que l’on veuille faire l’effort d’entrer dans ce monde étrange et pénétrant, un rien suranné…
L’autre vraie prouesse de ce disque, c’est la ligne, la phrase. Il y a chez HJödis Thébault ce mélange corsé, réjouissant, presque insolent, des sœurs Crespin et Guiot, chez Pierre-Yves Pruvot cette diabolique respiration héritée des Massard ou Blanc. Le baryton ne fait d’ailleurs qu’une bouchée, et pour cause, de Rysoor (Patrie de Paladihle), le sait-on, rôle des débuts de l’illustre baryton toulonnais.
Jolie découverte aussi que cette Eve de Massenet. Onze minutes tirées d’un oratorio saint-sulpicien en diable, nous sommes en 1849, mais à la lumineuse simplicité, à l’envoûtante sensualité, au lyrisme souverain. Un ange passe. Presque un passeport pour l’ineffable…
Par contre, Le Mage (composé en 1891) aux lourdes et envahissants percussions et cuivres tente d’imiter Wagner et il faut aux courageux duettistes un métier en béton pour illuminer cette prétentieuse et crépusculaire partition. L’aspirine devrait être remboursée dans toute bonne pharmacie sur présentation du disque.
Le Caïd permet au couple (potin du jour : à la scène comme à la ville) de nous faire prendre cette musique un tantinet simpliste pour de la musique d’opérette (la meilleure, la française). Mais il donne raison aux méchantes langues qui à l’époque déjà disaient : « il y a la bonne musique, la mauvaise musique… et celle d’Ambroise Thomas » … Quand la mariée est trop belle…
C’est bien sûr avec Halévy (Charles VI) et Saint-Saëns (Henry VIII) que Hjördis et Pierre-Yves Pruvot semblent comme des jeunes fauves lâchés avec deux duos remplis de passion, de panache, presque hallucinés de violence toute racinienne. En prime un hédonisme vocal aux réjouissantes morsures.
Ce n’est pas pour rien que ces deux compositeurs ouvrent le feu. Comme pour mener tout vrai amateur ou curieux de cette musique d’exception sur les chemins de la curiosité, de la surprise et la joie d’entendre et découvrir deux sympathiques artistes dont les noms et la carrière se confondent déjà avec l’histoire de ce fabuleux, brillant et original récital.
Inutile de préciser que Didier Talpain, à la tête du Kosice Philarmonic Orchestra, lui aussi joue le jeu à fond, boit de l’œil et de l’oreille ses chanteurs, et se révèle un des plus ardents défenseurs du genre.
Christian Colombeau
1CD Brilliant Classics 94321