Lorsque Paul-Armand Gette s'engage dans une activité artistique déterminée, il combine aux méthodologies scientifiques d'observation et d'analyse du monde, la poésie. Dès lors, le scientifique se marie à l'artistique, les œuvres offrent autant à penser et à rêver qu'à perturber les acquis.
Dans chacune des deux expositions lyonnaises, se développe un motif, récurrent depuis les débuts : la nature (CAP, Saint-Fons) et le corps (Galerie Domi Nostrae, Lyon). Ils permettent de mettre au jour des préoccupations pérennes, de découvrir des voisinages et des correspondances à travers lesquels l’œuvre entier s'est construit et continue son exploration passionnée des lisières, de toutes natures ! D'une exposition à l'autre – des bords du Rhône à Saint-Fons au Cours de la Liberté à Lyon chez Domi Nostrae, galerie située à quelques pas de la maison d'enfance de l'artiste – se dessine un parcours à travers les années, où une diversité de formes artistiques tendent un propos, aux diverses lectures et interprétations.
L'exposition au Centre des Arts Plastiques de Saint-Fons est l'occasion d'envisager l'œuvre dans la perspective historique qu'elle autorise. Son titre – Évolution, avec un R c'est encore mieux – affirme une certaine dimension rétrospective à laquelle la présence des nombreux documents et œuvres anciennes participe. Toutefois, comme le mouvement d'un corps autour d'un point central, d'un axe, le ramenant au même point, la Révolution soufflée à demi mots dans le titre, suggère un retour au point de départ, à un point d'origine. L'exposition déclinerait-elle les sens de l'indication énigmatique « 0 m. » (zéro mètre) à laquelle le visiteur est confronté dès l'entrée ?
À partir d'elle, l'exposition déplie une multiplicité de points de vue sur l’œuvre de Paul-Armand Gette. Les travaux sur les bords du fleuve Rhône, ceux sur la cristallographie, comme ceux autour des insectes, conduisent le spectateur dans les méandres d'un œuvre poétique à plusieurs voix. L'enracinement scientifique sert davantage à étouffer les conventions qu'à asseoir des certitudes : jeux d'aberrations perspectives et perceptives à travers la transparence de la forme plate d'un cristal ; quête de sens déjouée par les visions multicolor du glissement des plans d'un cristal ou par les acrobaties des pompiers et artistes qui s'amusent aux insectes ; entrecroisement des voix des poètes (B.Heidsieck, B.Gysin et W.S.Burroughs)... La vision finale d'une gigantesque figue baveuse permet de saisir la profondeur de l'univers carrollien dans lequel le spectateur est pris. Une multiplication de plans est ainsi organisée, comme si le théâtre n’avait plus pour fonction que de décomposer la réalité en une irréalité fragmentaire qui se réorganise au gré de l’illusion théâtrale[1]. Comme il accueille le spectateur et le salue à son départ, l'indication 0 m. agit comme un rideau de scène ; il marque un point à partir duquel entrer dans l'espace de l'art. Déclencheur d’imaginaire, incitateur au trouble, appel au renversement ou à une systématique remise en question, il indique l'entrée dans un univers spécifique et indéfini à la fois, toujours ouvert aux possibilités d’interprétations, de lectures et de réactions. Même s’il est l’éclaireur de la lisière, le point de départ, comme le point de retour, 0 m. intensifie le sens de la Révolution suggérée par le titre et à laquelle le visiteur est invité à participer.
Lydie Rekow-Fond, décembre 2015.
Dans chacune des deux expositions lyonnaises, se développe un motif, récurrent depuis les débuts : la nature (CAP, Saint-Fons) et le corps (Galerie Domi Nostrae, Lyon). Ils permettent de mettre au jour des préoccupations pérennes, de découvrir des voisinages et des correspondances à travers lesquels l’œuvre entier s'est construit et continue son exploration passionnée des lisières, de toutes natures ! D'une exposition à l'autre – des bords du Rhône à Saint-Fons au Cours de la Liberté à Lyon chez Domi Nostrae, galerie située à quelques pas de la maison d'enfance de l'artiste – se dessine un parcours à travers les années, où une diversité de formes artistiques tendent un propos, aux diverses lectures et interprétations.
L'exposition au Centre des Arts Plastiques de Saint-Fons est l'occasion d'envisager l'œuvre dans la perspective historique qu'elle autorise. Son titre – Évolution, avec un R c'est encore mieux – affirme une certaine dimension rétrospective à laquelle la présence des nombreux documents et œuvres anciennes participe. Toutefois, comme le mouvement d'un corps autour d'un point central, d'un axe, le ramenant au même point, la Révolution soufflée à demi mots dans le titre, suggère un retour au point de départ, à un point d'origine. L'exposition déclinerait-elle les sens de l'indication énigmatique « 0 m. » (zéro mètre) à laquelle le visiteur est confronté dès l'entrée ?
À partir d'elle, l'exposition déplie une multiplicité de points de vue sur l’œuvre de Paul-Armand Gette. Les travaux sur les bords du fleuve Rhône, ceux sur la cristallographie, comme ceux autour des insectes, conduisent le spectateur dans les méandres d'un œuvre poétique à plusieurs voix. L'enracinement scientifique sert davantage à étouffer les conventions qu'à asseoir des certitudes : jeux d'aberrations perspectives et perceptives à travers la transparence de la forme plate d'un cristal ; quête de sens déjouée par les visions multicolor du glissement des plans d'un cristal ou par les acrobaties des pompiers et artistes qui s'amusent aux insectes ; entrecroisement des voix des poètes (B.Heidsieck, B.Gysin et W.S.Burroughs)... La vision finale d'une gigantesque figue baveuse permet de saisir la profondeur de l'univers carrollien dans lequel le spectateur est pris. Une multiplication de plans est ainsi organisée, comme si le théâtre n’avait plus pour fonction que de décomposer la réalité en une irréalité fragmentaire qui se réorganise au gré de l’illusion théâtrale[1]. Comme il accueille le spectateur et le salue à son départ, l'indication 0 m. agit comme un rideau de scène ; il marque un point à partir duquel entrer dans l'espace de l'art. Déclencheur d’imaginaire, incitateur au trouble, appel au renversement ou à une systématique remise en question, il indique l'entrée dans un univers spécifique et indéfini à la fois, toujours ouvert aux possibilités d’interprétations, de lectures et de réactions. Même s’il est l’éclaireur de la lisière, le point de départ, comme le point de retour, 0 m. intensifie le sens de la Révolution suggérée par le titre et à laquelle le visiteur est invité à participer.
Lydie Rekow-Fond, décembre 2015.
Pratique
vernissage vendredi 4 mars à 18h30
lecture de l'artiste à 19h
lecture de l'artiste à 19h