Philippe Jaroussky et Jérémie Rhorer, La Dolce Fiamma, Virgin Classics. Philippe Jaroussky réhabilite de belle manière Jean-Chrétien Bach

Star incontestée du chant baroque, le jeune contre-ténor français à la voix éthérée revient dans l’univers flamboyant des airs de castrats italiens du XVII siècle qui sont devenus sa spécialité. On a craint un moment d’égarement avec son précédent disque consacré à la mélodie française… Une incursion qui a soulevé l’ire des puristes…


Philippe Jaroussky réhabilite de belle manière Jean-Chrétien Bach

Voilà donc Philippe Jaroussky revenu à ses amours premières dans un récital entièrement consacré à des airs de castrats bien oubliés, tous signés Jean-Chrétien Bach – onzième et dernier fils de Jean-Sébastien - tour à tour surnommé « le Bach de Milan » ou « le Bach de Londres » car grand bourlingueur devant l’Eternel, faisant carrière entre Allemagne, Italie et Angleterre dont il fera sa terre d’adoption.
Seul de la famille Bach à plonger dans le monde de l’opéra, ses œuvres séduirent le public si l’on en croit les commentaires de l’époque, alliant en effet italianità, virtuosité, luxuriance orchestrale, comme un mélange entre culture musicale du nord et du sud dans une réjouissante ivresse mélodique. Jean-Chrétien Bach chaînon manquant entre Haendel et Mozart ?
Dans le présent récital, notre contre ténor a choisi des airs tirés de six opéras composés pour Milan, Mannheim et Londres.
De La clemenza di Scipione à Temistocle, en passant par Artaserse, Orfeo ed Euridice ou Adriano in Siria, Philippe Jaroussky se rit avec une réjouissante volubilité des vocalises les plus assassines voulues par le fils Bach et l’on ne peut que s’incliner bien bas devant cette science de l’ornementation, cette agilité intemporelle, cette voix longue, mystérieuse, suave, magique, androgyne, comme surnaturellement asexuée, au legato précieusement dessiné, l’artiste couvrant par endroit les deux octaves de certaines partitions, avec une confondante facilité, le tout dans une ligne de chant souveraine pour ne pas dire impériale.
L’on sent encore une fois, la passion du travail bien fait, l’intelligence de l’instant mais surtout une curiosité musicologique certaine, enfin l’admiration profonde du chanteur envers son compositeur.
Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie font plus qu’accompagner le soliste. La luxuriante orchestration de ces pages trouvant ici une flamboyante illustration.
Remercions enfin Virgin Classics pour la luxueuse présentation du projet. Le livret sur papier glacé, en quatre langues, a une iconographie riche et originale.
Bref, l’exemple même de ce que devrait être tout disque moderne. De la belle ouvrage.
Une « douce flamme » qui réchauffe le cœur, qui s’écoute de plus en boucle sans une once d’ennui.
Christian Colombeau
17 novembre 2009

La dolce fiamma
Philippe Jaroussky/Jérémie Rhorer
Virgin Classics 5099968 572600

manricot@gmail.com
Mis en ligne le Mardi 17 Novembre 2009 à 00:00 | Lu 1863 fois
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