Ce soir-là un pianiste de renom Roustem Saïtkoukov, connu pour ses interprétations de Chopin, et que nous avions déjà rencontré au festival Liszt à Uchaux.
L’atmosphère est électrique, le ciel sombre, et la vallée étroite, allongée au pied du mont Aigoual, le long de l’Hérault, vibre de vent ; belle atmosphère de passion propre à accueillir la musique pour piano de Chopin.
A l’intérieur du temple, l’organisateur-animateur du festival, Christian Debrus s’occupe de tout, de tous, et des billets. Avec le sourire.
Le temple est petit, les amateurs serrés et passionnés, le piano cerné par les spectateurs. Et on dira que le classique ne parle plus aux gens de ce temps !
Chopin pour commencer, qui ne va pas tarder dans l’intimité chaude du lieu, à enflammer le public, et l’interprète. Qui ne sait guère jouer sans passion.
D’abord un prélude en ut, puis la Ballade en sol opus 23, dont le rythme berceur va se transformer en envolées brillantes et élans passionnés. Dans ce temple austère et dépouillé, la somptuosité de la musique se fait encore plus éblouissante.
Enfin la Grande polonaise. Une telle richesse dans l’apparition des thèmes et des idées fait monter les larmes aux yeux, de grands élans de notes pour un thème très connu, tant de sons qu’il semble par moments y avoir plusieurs pianos et puis l’instrument est si près ! d’où cet engloutissement dans les sons qui étreint le spectateur.
Roustem Saïtkoulov a fait chanter et pleurer Chopin jusqu’à la plus petite note, comme on l’entend rarement, privilège pour ce petit cercle de spectateurs.
La soirée ainsi élancée, ne saurait être terne. L’artiste est rejoint par une violoncelliste Claire Oppert qui n’est autre que sa femme, et une jeune fille, Clara Saïtkoulov, sa fille. Ils reconstituent à eux trois le trio de musiciens idéal, comme il s’en trouvait dans les familles quand la télévision et autres engins connectés n’étaient pas encore venus mettre en sommeil les talents des hommes et les rendre passifs.
Ils interprètent Dvorak, des danses folkloriques et un peu lourdes dans ce temple noir tendu de la seule lumière de deux projecteurs qui ne vont pas tarder à faiblir et à s’éclipser parfois au rythme des éclairs ; car dehors l’orage qui s’annonçait est arrivé. Au cœur trop chauffé de ce petit temple des Cévennes, peu éclairé, derrière ces hautes fenêtres sans vitraux ni couleurs, s’amorce un ballet d’éclairs blancs et aveuglants.
Impressionnant.
Mais les artistes ne cessent de jouer et la musique vient tout corriger par sa légèreté sentimentale et la finesse de ses sons précis. Dvorak est rythmé et vif, dansant par sa musique typique qui peut parfois se faire agressive.
La fin du concert ne signifie pas la fin de l’orage et l’on va découvrir que les eaux, entre Causse et Aigoual, ont monté au carrefour de deux rivières, l’Hérault et le Clarou, là où se situe le temple et qu’il va falloir courir sous l’orage jusqu’aux voitures.
Il faut dire qu’à notre entrée dans le temple nous avion souri de découvrir sur le haut du mur, le trait qui repérait le niveau de l’eau lors d’un précédent débordement : 1m80 au-dessus du sol dallé. Ce n’est plus si drôle et chacun pense alors à ce que nos météorologues divers appellent épisode cévenol ; la nature ici est si proche et si présente qu’elle réaffirme ses droits.
Et c’est bien ainsi.
Jacqueline Aimar
L’atmosphère est électrique, le ciel sombre, et la vallée étroite, allongée au pied du mont Aigoual, le long de l’Hérault, vibre de vent ; belle atmosphère de passion propre à accueillir la musique pour piano de Chopin.
A l’intérieur du temple, l’organisateur-animateur du festival, Christian Debrus s’occupe de tout, de tous, et des billets. Avec le sourire.
Le temple est petit, les amateurs serrés et passionnés, le piano cerné par les spectateurs. Et on dira que le classique ne parle plus aux gens de ce temps !
Chopin pour commencer, qui ne va pas tarder dans l’intimité chaude du lieu, à enflammer le public, et l’interprète. Qui ne sait guère jouer sans passion.
D’abord un prélude en ut, puis la Ballade en sol opus 23, dont le rythme berceur va se transformer en envolées brillantes et élans passionnés. Dans ce temple austère et dépouillé, la somptuosité de la musique se fait encore plus éblouissante.
Enfin la Grande polonaise. Une telle richesse dans l’apparition des thèmes et des idées fait monter les larmes aux yeux, de grands élans de notes pour un thème très connu, tant de sons qu’il semble par moments y avoir plusieurs pianos et puis l’instrument est si près ! d’où cet engloutissement dans les sons qui étreint le spectateur.
Roustem Saïtkoulov a fait chanter et pleurer Chopin jusqu’à la plus petite note, comme on l’entend rarement, privilège pour ce petit cercle de spectateurs.
La soirée ainsi élancée, ne saurait être terne. L’artiste est rejoint par une violoncelliste Claire Oppert qui n’est autre que sa femme, et une jeune fille, Clara Saïtkoulov, sa fille. Ils reconstituent à eux trois le trio de musiciens idéal, comme il s’en trouvait dans les familles quand la télévision et autres engins connectés n’étaient pas encore venus mettre en sommeil les talents des hommes et les rendre passifs.
Ils interprètent Dvorak, des danses folkloriques et un peu lourdes dans ce temple noir tendu de la seule lumière de deux projecteurs qui ne vont pas tarder à faiblir et à s’éclipser parfois au rythme des éclairs ; car dehors l’orage qui s’annonçait est arrivé. Au cœur trop chauffé de ce petit temple des Cévennes, peu éclairé, derrière ces hautes fenêtres sans vitraux ni couleurs, s’amorce un ballet d’éclairs blancs et aveuglants.
Impressionnant.
Mais les artistes ne cessent de jouer et la musique vient tout corriger par sa légèreté sentimentale et la finesse de ses sons précis. Dvorak est rythmé et vif, dansant par sa musique typique qui peut parfois se faire agressive.
La fin du concert ne signifie pas la fin de l’orage et l’on va découvrir que les eaux, entre Causse et Aigoual, ont monté au carrefour de deux rivières, l’Hérault et le Clarou, là où se situe le temple et qu’il va falloir courir sous l’orage jusqu’aux voitures.
Il faut dire qu’à notre entrée dans le temple nous avion souri de découvrir sur le haut du mur, le trait qui repérait le niveau de l’eau lors d’un précédent débordement : 1m80 au-dessus du sol dallé. Ce n’est plus si drôle et chacun pense alors à ce que nos météorologues divers appellent épisode cévenol ; la nature ici est si proche et si présente qu’elle réaffirme ses droits.
Et c’est bien ainsi.
Jacqueline Aimar