Pommes, oranges ou coings… fruits d’or du jardin des Hespérides, Semaine de théâtre antique de Vaison-la-Romaine, le 15 juillet 2017

Ombres et lumières de cette fameuse Antiquité qui nous teinte par ses récits au travers de ses héros, et de nos rêves, nous voici passés derrière le miroir


Héraclès au jardin des Hespérides

La récitante (Annie Blazy) descend l’escalier de marbre blanc, robe grecque bleue à pan coupé, sandales, et à la main cet étrange instrument de musique à unique vibration. Elle parle. Au front la corne arrachée à Achelus qui permit le mariage de Déjanire .
Elle descend l’escalier et sa voix célèbre l’antiquité et la beauté:
« Je suis belle, ô, mortels ! Comme un rêve de pierre …»
et je suis la dernière épouse mortelle de celui que vous appelez Héraclès ou Hercule. »


Dans la vaste pièce qui reçoit les spectateurs, zébrée de la lumière des stores, règnent la pénombre et le silence et le crissement des cigales raye à peine le calme. Le monde de l’antiquité se fait tout proche et on sent les légendes se faire vraies et possibles entre les lèvres et sous le masque ancien de la comédienne.

Héraclès, qui signifie la gloire d’Héra, fils de Zeus et d’Alcmène, un des héros les plus vénérés de la Grèce antique, et qui, puni par les dieux pour avoir massacré femme et enfant, va devoir accomplir douze fameux travaux qui vont ouvrir le monde autour du bassin méditerranéen.
Parmi ces travaux tous plus ou moins connus, Hercule doit découvrir le jardin des Hespérides et en rapporter des fruits d’or. Auparavant il aura tué le lion de Némée dont il conserve la peau comme armure, et vaincre l’hydre de Lerne, monstre à neuf têtes qui repoussaient sans cesse ; mais qui laissa sur les flèches d’Héraclès un redoutable poison bien utile au héros. Quant à la biche de Cérynie, il lui fallut courir un an avant de la capturer… Et le sanglier d’Erymanthe, et le milliers d’oiseaux du lac Stymphale…, sans omettre le taureau de Crète et ces fameuses écuries abandonnées par Augias et si sales ; le plus répugnant des travaux fabuleux.

Devant nous Heraclès va traverser le monde antique, de la Grèce à la Bosnie, partant de l’Orient pour remonter vers le Pô et le Rhône, peut-être du royaume de Tartessos à l’Atlas et aux colonnes d’Hercule, le voyage se fait découvertes successives, franchissements et retours ; les récits de voyages s’enlacent, se tressent en plusieurs couches, se tissent et se croisent tout autour de ce monde antique et dense. Hercule puissant et invaincu, presque devenu dieu - on a vu en lui le Christ annoncé - ne cesse de remporter des victoires et de purifier le monde des monstres et obstacles qui l’encombrent. Une spirale sans fin…
Jusqu’à la chute, la mort par le poison et le feu, qui entrecroisent les souffrances pour les rendre impossibles à surmonter - quand on a tout surmonté.
Parce qu’il est infidèle, Hercule : il a rencontré Iole.. Et Déjanire l’épouse qui n’a pas souhaité cette mort, la raconte ; la mort choisie par Hercule qui ne peut plus supporter la souffrance, sur le Mont Oeta, le bûcher ; « le feu embrasa le corps mortel de mon époux, ô douleur insupportable.
Je mis alors fin à mes jours devenant petite constellation dans le ciel. Et je me contente de me faire plaisir en contant tes exploits fabuleux. Cette gloire Héraclès était à toi, ce n’était pas mon rêve à moi. »


En trois phrases et parce que nous portons en nous des images, ombres et lumières de cette fameuse Antiquité qui nous teinte par ses récits au travers de ses héros, et de nos rêves, nous voici passés derrière le miroir.
Le monde du songe ou de l’au-delà d’avant n’est jamais très loin. La récitante porte un masque, plumes grises légères, pic pointu entre les yeux et longue plume haut dressée sur le front. Signes, symboles qui ont du sens et qui peut-être expliquent que nous n’échappions pas vraiment à la puissance de ce passé si réel.
Jacqueline Aimar

Jacqueline Aimar
Mis en ligne le Mercredi 19 Juillet 2017 à 17:05 | Lu 1410 fois
Jacqueline Aimar
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