Preljocaj © France3 RA
Si Angelin Preljocaj s’insurge contre la pesanteur et en joue, elle aura gain de cause, inévitablement !
Le Théâtre de la Criée a accueilli en avril 2019 le ballet de l’immense chorégraphe pour son spectacle Gravité, sa dernière création, présentée pour la première fois à la 16e Biennale de Lyon.
En noir et blanc !
Le rideau s’ouvre sur douze corps mêlés. Le blanc des membres tranche avec les maillots de corps noirs et l’obscurité qui les encercle. Les danseurs se redressent peu à peu, liés, déliés, séparés, groupés, penchés, courbés, pour former une sphère parfaite en rotation qui ondule par vagues, au gré d’une musique qui colle à leurs peaux. La terre ? Une planète ? La naissance de l’humanité ? Ne surtout pas détourner le regard, ne rien perdre de l’ensemble, voir et entendre ! La respiration des spectateurs est suspendue aux gestes des danseurs, suspendue à la musique, aux silences. C’est féérique !
C’est du Preljocaj et c’est sublime !
On ne présente plus Angelin Preljocaj.
Danseur et chorégraphe français de danse contemporaine, son travail est très imprégné de l'histoire des ballets classiques, mais est, néanmoins, résolument contemporain. Après une période d'étude auprès de Merce Cunningham à New York, en 1980, il rejoint la France et travaille avec la compagnie Quentin Rouillier et la chorégraphe américaine Viola Farber. En 1982 il est engagé comme danseur dans la compagnie de Dominique Bagouet. En 1985, il crée sa propre compagnie. Ses créations tournent régulièrement dans le monde entier et sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies. Depuis la création de sa compagnie, Angelin Preljocaj a créé 45 chorégraphies, du solo aux grandes formes. Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies et certaines de ses chorégraphies figurent au répertoire du Ballet de l'Opéra national de Paris. Le Ballet Preljocaj est installé depuis 2006 au Pavillon Noir, à Aix-en-Provence, lieu entièrement dédié à la danse.
Gravité
Entre classique et contemporain, avec des incursions dans les pas de danse folklorique, 13 danseurs magnifient l’espace. Bruitage, musiques, Bach, Daft Punk, Chostakovitch, Philip Glass, Xenakis, 79Dmusique techno pour terminer en apothéose sur le boléro de Ravel, les accompagnent. Cosmos… danse tribale… l’amour… la mort… la fin des temps…. Des voix venues de l’espace en langue russe, puis en américain… Et une élégance dans les mouvements, une synchronisation, un talent qui relève du génie. Que ces danseurs sont beaux, légers, aériens ! La gravité les retient, l’espace les attire. La musique les propulse, les articule, les désarticule, les pétrit : pointes, grands-écarts, arabesques. Le chorégraphe magnifie la danse. Grandiose !
Les danseurs sont littéralement habités, déniant leurs corps et la pesanteur, fascinants, prodigieux, inouïs, divins. divins et profanes ! Cette totale alchimie, cette transgression à la loi de l’univers, cet envoûtement, un sortilège?
Les costumes du russe Igor Chapurin, styliste et collaborateur du Bolchoï, qui cisèlent avec finesse les corps de noir ou de blanc et la précision subtile des lumières d'Eric Soyer participent de l’enchantement.
Angelin Preljocaj explique le ballet en ces termes : « La gravitation est l’une des quatre forces fondamentales qui régissent l’univers. Elle désigne l’attraction de deux masses. Elle est invisible, impalpable, immanente. C’est pourtant elle qui crée ce qu’on appelle la pesanteur. Depuis des années, les notions de poids, d’espace, de vitesse et de masse ont traversé de façon intuitive ma recherche chorégraphique. Le travail au quotidien avec les danseurs m’amène à expérimenter des formes dont les composantes fondamentales tournent autour de cette question à la fois abstraite et terriblement concrète. Fidèle à un principe d’alternance entre les pièces de recherche pure et des ballets plus narratifs, j’attends de cette problématique de la gravité qu’elle m’ouvre de nouveaux espaces d’écritures. »
Magique
Quand le Boléro de Ravel a terminé son enroulement, sa révolution, tous s’affaissent lentement sans rien perdre de ce lien qui soude les êtres humains entre eux. Les atomes de l’univers se referment alors sur les corps à nouveau étendus à même le sol. Tout est dit. Le rideau se ferme. Aucun mot n’est assez fort, rien ne peut traduire la magie.
Le public du Théâtre de la Criée plein à craquer est debout. Il exulte et laisse aller cette émotion qui l’a étreint si fort. C’est un véritable triomphe pour les treize danseurs et leur chorégraphe.
Danielle Dufour-Verna
Le Théâtre de la Criée a accueilli en avril 2019 le ballet de l’immense chorégraphe pour son spectacle Gravité, sa dernière création, présentée pour la première fois à la 16e Biennale de Lyon.
En noir et blanc !
Le rideau s’ouvre sur douze corps mêlés. Le blanc des membres tranche avec les maillots de corps noirs et l’obscurité qui les encercle. Les danseurs se redressent peu à peu, liés, déliés, séparés, groupés, penchés, courbés, pour former une sphère parfaite en rotation qui ondule par vagues, au gré d’une musique qui colle à leurs peaux. La terre ? Une planète ? La naissance de l’humanité ? Ne surtout pas détourner le regard, ne rien perdre de l’ensemble, voir et entendre ! La respiration des spectateurs est suspendue aux gestes des danseurs, suspendue à la musique, aux silences. C’est féérique !
C’est du Preljocaj et c’est sublime !
On ne présente plus Angelin Preljocaj.
Danseur et chorégraphe français de danse contemporaine, son travail est très imprégné de l'histoire des ballets classiques, mais est, néanmoins, résolument contemporain. Après une période d'étude auprès de Merce Cunningham à New York, en 1980, il rejoint la France et travaille avec la compagnie Quentin Rouillier et la chorégraphe américaine Viola Farber. En 1982 il est engagé comme danseur dans la compagnie de Dominique Bagouet. En 1985, il crée sa propre compagnie. Ses créations tournent régulièrement dans le monde entier et sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies. Depuis la création de sa compagnie, Angelin Preljocaj a créé 45 chorégraphies, du solo aux grandes formes. Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies et certaines de ses chorégraphies figurent au répertoire du Ballet de l'Opéra national de Paris. Le Ballet Preljocaj est installé depuis 2006 au Pavillon Noir, à Aix-en-Provence, lieu entièrement dédié à la danse.
Gravité
Entre classique et contemporain, avec des incursions dans les pas de danse folklorique, 13 danseurs magnifient l’espace. Bruitage, musiques, Bach, Daft Punk, Chostakovitch, Philip Glass, Xenakis, 79Dmusique techno pour terminer en apothéose sur le boléro de Ravel, les accompagnent. Cosmos… danse tribale… l’amour… la mort… la fin des temps…. Des voix venues de l’espace en langue russe, puis en américain… Et une élégance dans les mouvements, une synchronisation, un talent qui relève du génie. Que ces danseurs sont beaux, légers, aériens ! La gravité les retient, l’espace les attire. La musique les propulse, les articule, les désarticule, les pétrit : pointes, grands-écarts, arabesques. Le chorégraphe magnifie la danse. Grandiose !
Les danseurs sont littéralement habités, déniant leurs corps et la pesanteur, fascinants, prodigieux, inouïs, divins. divins et profanes ! Cette totale alchimie, cette transgression à la loi de l’univers, cet envoûtement, un sortilège?
Les costumes du russe Igor Chapurin, styliste et collaborateur du Bolchoï, qui cisèlent avec finesse les corps de noir ou de blanc et la précision subtile des lumières d'Eric Soyer participent de l’enchantement.
Angelin Preljocaj explique le ballet en ces termes : « La gravitation est l’une des quatre forces fondamentales qui régissent l’univers. Elle désigne l’attraction de deux masses. Elle est invisible, impalpable, immanente. C’est pourtant elle qui crée ce qu’on appelle la pesanteur. Depuis des années, les notions de poids, d’espace, de vitesse et de masse ont traversé de façon intuitive ma recherche chorégraphique. Le travail au quotidien avec les danseurs m’amène à expérimenter des formes dont les composantes fondamentales tournent autour de cette question à la fois abstraite et terriblement concrète. Fidèle à un principe d’alternance entre les pièces de recherche pure et des ballets plus narratifs, j’attends de cette problématique de la gravité qu’elle m’ouvre de nouveaux espaces d’écritures. »
Magique
Quand le Boléro de Ravel a terminé son enroulement, sa révolution, tous s’affaissent lentement sans rien perdre de ce lien qui soude les êtres humains entre eux. Les atomes de l’univers se referment alors sur les corps à nouveau étendus à même le sol. Tout est dit. Le rideau se ferme. Aucun mot n’est assez fort, rien ne peut traduire la magie.
Le public du Théâtre de la Criée plein à craquer est debout. Il exulte et laisse aller cette émotion qui l’a étreint si fort. C’est un véritable triomphe pour les treize danseurs et leur chorégraphe.
Danielle Dufour-Verna