Rétrospective Jacques Truphémus. L’intimité révélée. Propriété Caillebotte, Yerres, Essonne, du 25 mars au 9 juillet 2017

Du 25 mars au 9 juillet 2017, les salles d’exposition de la Ferme Ornée au sein de la Propriété Caillebotte à Yerres, accueillent une soixantaine de tableaux de Jacques Truphémus et vont offrir au public francilien la première rétrospective de ce peintre lyonnais.


Jacques Truphémus dans son atelier, mars 2016 © Michel Djaoui
Ce sera l’occasion de suivre en continu le déroulement de sa carrière, depuis l’immédiat après- guerre jusqu’à ses dernières toiles réalisées en cette fin d’année 2016 et de lever le voile sur cet artiste aussi discret qu’inspiré. Ses thèmes favoris, pour ne pas parler de ses obsessions, s’y retrouveront en suivant le parcours choisi par le commissaire de l’exposition dans les six salles du circuit de visite.

La première sera consacrée aux autoportraits, qui tous le situent devant une toile vierge, comme pour mieux rappeler qu’il est avant tout peintre.
Puis on découvrira les scènes lyonnaises, que ce soient les quais de la Saône ou les cafés, proches de son domicile qu’il évoque inlassablement comme s’il ne pouvait y échapper. A partir des années 1980, Jacques Truphémus passe ses étés dans les Cévennes qui deviennent un thème récurrent de sa peinture, nature luxuriante de la forêt environnante ou plus curieusement scènes d’intérieur et de son atelier qui se pare aux couleurs de la nature. Dans la salle suivante, on découvrira les natures mortes, celles que Jacques Truphémus appelle malicieusement « vies silencieuses », dont il découvrit au musée de Grenoble l’existence et qu’il étudie depuis avec une constance minutieuse. Entre Cézanne et Chardin, il s’attache plutôt à la palpation de la matière et à son rayonnement qu’à la définition des formes.
Cette peinture des paysages et des objets pourrait laisser croire que Jacques Truphémus privilégie un monde désincarné et se retire en son fort intérieur. Les portraits de sa femme Aimée suggèrent l’inverse et laissent entrevoir dans ces visions de femme aimante, couchée ou assise, l’immatérialité d’un sentiment que rien ne peut arrêter.

L’exposition s’achève avec une salle consacrée aux nouveautés, ce qui est un faux-semblant pour revenir sur des séries, celle du voyage au Japon, celle des quais lyonnais ou des natures mortes, quand ce n’est ces curieux sans titres, parfois renommés par l’artiste, qui résument ses thèmes de prédilection depuis plus de cinquante ans et dont les nouvelles variations n’épuisent pas la découverte. Sa peinture est un voyage intérieur qui revient toujours à sa source.

On a dit que la peinture de Jacques Truphémus l’apparentait à Bonnard et aux peintres de l’école de Paris, à cette grande tradition de la peinture française, faite de petits riens qui expriment une aspiration au bonheur, mais à bien regarder ses tableaux, on ressent qu’avec des moyens qui n’appartiennent qu’à lui, il excelle à rendre notre monde poétique.
Pierre Nicolas Sainte Fare Garnot
Conservateur honoraire du Musée Jacquemart-André

Jacques Truphémus, peintre au parcours atypique

Né à Grenoble en 1922, mais lyonnais d’adoption, Jacques Truphémus réalise un parcours atypique où l’horizon lyonnais laisse peu à peu place à des vues de son atelier et de sa maison cévenole.
Marqué par une intimité et une intensité sans équivalent, son art s’inscrit dans une grande tradition de la peinture française allant de Chardin aux nabis en passant par Corot.

1922
: né à Grenoble le 25 octobre.
1937 : premières peintures à l’huile ; paysages et natures mortes.
Il se passionne pour les artistes ou les critiques qui ont écrit sur la peinture, Baudelaire, Delacroix, Cézanne et Van Gogh.
1941 : École des beaux-arts de Lyon. Ses professeurs sont Chancrin, Laplace, Chartres et Vieilly. Il réalise ses premières toiles sur Lyon. 1943-1945 : interruption de ses études du fait de la guerre et de la maladie.
1946 : retour à Lyon, il retrouve dans la classe de peinture d’Antoine Chartres ses amis Cottavoz, Fusaro, Philibert Charrin, Hélène Mouriquand, Coquet.
1947 : installation à Paris où il est veilleur de nuit à la Grande Chaumière. Il expose au premier Salon des moins de 30 ans avec Cottavoz, Bernard Buffet, etc. Il expose également au Salon du Sud-Est de Lyon.
1949 : retour à Lyon. Exposition au Salon du sansisme avec ses amis peintres, Cottavoz, Fusaro et Charrin.
1950 : mariage avec Aimée Laurens.
1955 : rencontre de ses premiers amateurs et du critique Marius Mermillon. Il prend possession de l’atelier qui fut celui du peintre Etienne Morillon. 1956 : contrat avec la galerie Monique de Groote à Paris et à Bruxelles.
1956-1958 : contrat avec la galerie Tooth pour la Suisse et l’Angleterre.
1957 : Prix de la Jeunesse Méditerranée à Nice, exposition au Palais de la Méditerranée.
Expositions collectives au Musée d’Art Moderne de Paris, à la Maison des Arts à Stuttgart...
1958 : Prix Marianne Gilbert à la galerie Bernheim- Jeune. Rencontre du docteur Jacques Miguet, grand ami des peintres.
1959 : achat d’une peinture par le musée-château d’Annecy. Signature d’un contrat d’exclusivité avec la galerie Romanet. Achat d’une peinture Le Rhône par l’Etat et dépôt au musée d’Art Moderne de Saint-Etienne.
1960 : nombreux voyages à Collioure, Honfleur, Venise, en Bretagne et en Hollande. Achat d’une peinture Petite Place à Lyon, 1957 par le musée de Genève.
1966 : don d’une peinture au musée-château d’Annecy
Bord de mer, Nice, promenade des anglais 1962.
1970 : voyage au Japon. Jacques Truphémus découvre l’art japonais. Il oriente ses recherches dans le sens de la ligne et des couleurs pastel.
1970-1980 : période marquée par un renouveau pour les thèmes intimistes, les natures mortes et les intérieurs de son atelier.
1978 : achat par le musée des beaux-arts de Lyon de deux peintures, Au café, 1975 et La Verrière de l’atelier, 1977.
1979 : Prix de l’Association des Critiques d’Art et exposition à la Salle Marius Mermillon, Lyon.
1982 : commande d’une décoration dans les salons du restaurant Henry de Lyon ; huit peintures sur le thème de Lyon. Ces œuvres ont été déposées et se trouvent aujourd’hui au musée Paul Dini de Villefranche sur Saône.
1990 : Jacques Truphémus change de galerie et s’expose désormais à la Galerie Claude Bernard à Paris. Il continue à montrer des scènes d’intérieur et propose également des paysages cévenoles.
1991 : Silex, poèmes de Louis Calaferte illustrés par Truphémus, éditions Les Sillons du Temps.
2000 : décès de son épouse Aimée.
2009 : donation au musée Paul Dini de cinq œuvres : Osaka, Grand nu, Les trois grenades, l’Atelier du Vigan, La Fenêtre du Vigan. La collection comprend désormais vingt-cinq œuvres de l’artiste. Inauguration de la place Jacques Truphémus à Mornant. Jacques Truphémus est nommé Chevalier des Arts et des Lettres.
2013 : Jacques Truphémus est fait Chevalier de la Légion d’Honneur, à Mornant.


Il a participé à ce jour à 71 expositions ou salons. Sa plus récente exposition a lieu à la Galerie Claude Bernard du 2 décembre 2016 au 14 janvier 2017.

Pratique

Propriété Caillebotte
8 rue de Concy,
Yerres
Tél. : 01 80 37 20 61


Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 21 Décembre 2016 à 18:17 | Lu 1375 fois
Pierre Aimar
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