Romainville, Galerie Jocelyn Wolff : Katinka Bock, « Palomar ». Expo du 12/09/2023 au 28/10/2023

Intitulée « Palomar », l’exposition de Katinka Bock évoque le personnage principal du recueil d’Italo Calvino, Monsieur Palomar (1983), observateur vigilant qui « voit les faits minimes de la vie quotidienne dans une perspective cosmique »


Tirant son nom de l’observatoire astronomique Mount Palomar, en Californie, Palomar est certes sidéré par la lisibilité aveuglante de Saturne apparaissant au télescope comme une pure abstraction géométrique. Pourtant, il sonde avant tout les capacités d’observation de son œil nu, dans des situations concrètes. Sur la plage, il note par exemple ses difficultés à « lire » une vague : comment l’isoler de celle qui précède, de celle qui suit ? Comment distinguer l’enchevêtré, l’indénombrable, l’indiscernable ; comment saisir la « consistance matérielle » du monde. Où commence et s’achève chaque chose ?

Nourrie par cette attention scrupuleuse, Katinka Bock rassemble de nouvelles sculptures en bronze et en céramique, ainsi que des photographies inédites. Propices à une observation plus intuitive et organique, ces objets suggèrent dans leurs formes et contre-formes, dans leurs limites et leurs amorces, la continuité de l’œuvre de l’artiste. La matière ôtée d’un trou percé dans une céramique génère un bouton ou une bague formant de nouveaux objets. Les chutes ne sont plus rebuts, mais ressources autonomes.

Les dentelures de bois prélevées sur une œuvre précédente, tombées à la manière de dents de lait, revivent moulées dans le bronze, hérissant une jetée de chêne (Les canines (punk), 2023). Palomars Zweifel (« Le doute de Palomar », 2023) rassemble une paire de formes identiques, pourtant dissemblables : deux galettes de céramique allongées, recouvertes d’émail vert – même couleur, même dimension – mais enroulées sur elles-mêmes chacune différemment. Sont- elles différentes ou identiques, mais perçues de deux points de vue différents ?

Naviguant entre le lointain et le proche pour trouver sa juste distance — « la bonne distance » de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss —, interrogeant défiance, méfiance, effondrement et mensonge, l’artiste renouvelle ici son usage de matériaux et de formes qu’elle dit « inadaptées », éjectées d’un système fonctionnel rendu caduque par leur absence. Par une mise en espace ajustée, l’ensemble des œuvres réunies invite, non plus à se contenter de regarder, mais à comprendre la force de la vulnérabilité, pour que s’affirme la position instable de l’observateur.

Info+

Katinka Bock Palomar
12/09/2023 au 28/10/2023

Galerie Jocelyn Wolff
43 rue de la Commune de Paris
93230 Romainville


www.galeriewolff.com

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 12 Septembre 2023 à 15:29 | Lu 113 fois
Pierre Aimar
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