Romans (Drôme) : Astrig Siranossian, directrice artistique du festival « Les musicades » les 23 et 24 novembre 2018

Romans-sur-Isère peut s’enorgueillir de compter parmi sa population une famille exceptionnelle de musiciens dont le nom, Siranossian, rime avec fidélité, travail et talent. Chacun(e) à leur tour, Alexandre, Chouchane puis Astrid ont réussi à se faire reconnaître et à forcer l’admiration bien au-delà de l’Hexagone.


Dès son installation en 1968 à la direction du conservatoire municipal de musique la cité de la chaussure, Alexandre Siranossian s’est intégré au sein d’une collectivité qui l’a accueilli sans réserve. Il est vrai que la population était pleinement consciente de la créativité et du dynamisme que ces émigrés arméniens lui avaient déjà tant apporté et qu’ils continueraient jour après jour à mettre au service de leur commune d’adoption.
 
Le jeune directeur allait non seulement faire de cet établissement un pôle d’excellence au point de lui faire obtenir un statut national sachant non seulement former à cet art un contingent impressionnant de jeunes mais plus encore en suscitant l’adhésion enthousiastes des mélomanes avertis et en convertissant à la « grande musique » nombre de profanes jusqu’alors éloignés des salles de concert. Je fus l’un des ces derniers et je garde gravé dans ma mémoire l’immense émotion ressentie lors mon premier concert symphonique au Foyer du Théâtre, transformé ensuite en Salle des Cordeliers, où Alex dirigea avec bonheur la si fraîche et allègre Symphonie de Bizet.
 
Au-delà de ses élèves qu’il a couvés, ce chef d’orchestre a su, et de quelle manière, faire partager sa passion de la musique à ses deux filles qui font aujourd’hui sa fierté et celle de toute une ville. Il est très difficile de se faire un prénom quand on porte un nom déjà reconnu et pourtant chacune à leur tour, Chouchane comme violoniste puis Astrig en tant violoncelliste ont su relever ce défi avec maestria.

Premier Prix et plusieurs fois Prix Spécial du prestigieux concours international K. Penderecki, Astrig Siranossian s’est imposée dans un univers particulièrement sélectif et exigeant comme une soliste réputée partageant la scène avec les meilleurs orchestres et interprètes aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord comme du Sud. Ayant été initiée dès son plus jeune âge d’abord à Romans, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon et plus tard au Conservatoire Supérieur de Bâle, elle a obtenu ses diplômes et son Master avec les plus hautes distinctions.

Ce n’est pas un hasard si radios et télévisions ne se privent pas de l’inviter à participer à des émissions en France ou à l’étranger pour qui connaît son talent de concertiste mais aussi la fraicheur et l’intelligence de son propos. Jean-François Zygel, orfèvre en la matière, ne s’y est pas trompé.
 
En digne héritière d’un père qui s’est investi avec tant de générosité dans notre cité Astrig Siranossian a pris la direction artistique des « Musicades », festival de la ville de Romans-sur-Isère qui met en miroir les arts et la gastronomie. Elle manifeste la volonté de donner à cet événement le rayonnement le plus large possible, d’y attirer des artistes reconnus et d’en faire une fête et une référence pour tous les mélomanes assumés ou en germe. C’est pour notre jeune étoile le moyen le plus naturel de démontrer la reconnaissance et le lien affectif qu’elle porte à cette cité qui l’a vu naître.
 
Comment ne pas apporter mon parrainage à ce projet qui mérite de mobiliser toutes les ressources dont notre communauté dispose car l’exemple que nous donne Astrig Siranossian doit être source d’inspiration pour toutes et tous. Ayant par son travail, sa détermination et son talent su s’imposer dans le monde très restreint de la musique classique, elle aurait pu consacrer son énergie à sa seule carrière loin des rives de l’Isère. Fière de son double héritage, arménien et français, elle reste une Romanaise de cœur fidèle au bonhomme Jacquemart qui continue à rythmer les heures de ces exilé(e)s que nous sommes lorsque nous nous éloignons du pied de sa tour.
 
Ville de création et de gastronomie où il fait bon vivre, Romans et son agglomération méritent d’avoir un festival à la hauteur des ambitions qu’elles nourrissent. Soutenez toutes et tous ce précieux moment de célébration de la musique classique, tout d’abord en apportant à cette manifestation votre contribution sous quelque forme que ce soit, puis en assistant à ces concerts qui vous enchanteront les 23 et 24 novembre prochains.
 
 Bernard Miyet
Ancien président du Directoire de la Sacem

Originaire de Romans, Astrig Siranossian, malgré une carrière internationale qui l’amène aux quatre coins du monde,

Astrig Siranossian © DR
n’en oublie pas pour autant sa ville natale, dont elle ne manque jamais de faire la promotion.

« Faire venir à Romans de grands musiciens c’est une façon, pour moi, de rendre ce que j’ai reçu, tout en contribuant à valoriser ma ville. A Romans, je me sens chez moi. J’ai passé toute mon enfance ici et c’est ici que tout a commencé pour moi… En créant cet événement, j’ai voulu rendre accessible la musique classique à un large public, tout en l’ouvrant à d’autres arts. C’est ainsi que nous allons proposer, au cours de ce festival, deux créations :

· La première soirée, le 23 novembre, associera musique et littérature autour de la thématique, centenaire oblige, de la Première Guerre mondiale. J’ai voulu montrer au public ce que la musique et l’art en général ont pu apporter aux soldats. A cet effet, j’ai sélectionné un vingtaine de lettres dans un recueil qui en comportait 200, des lettres sans filtre et authentiques écrites dans les tranchées. Une vraie richesse que j’ai eu envie de partager. Elles seront lues par le comédien Stéphane Valensi qui lira également, pour alléger l’atmosphère, des poèmes de Guillaume Apollinaire. Quant à moi, je serai accompagnée par deux grandes pointures de la musique classique : le pianiste Julien Gernay, un amoureux de la gastronomie qui parcourt à mes côtés les scènes internationales et qui a refusé, pour être présent ce soir-là à Romans, un important contrat à Paris ; et le violoniste Sébastien Surel, un artiste aux multiples facettes qui passe allègrement du classique au jazz avec le même talent. Sans rentrer dans quelque-chose de morbide, la soirée risque d’être forte en émotions. Par ailleurs, nous proposerons également un rendez-vous aux scolaires dans l’après-midi afin de faire découvrir aux plus jeunes les coulisses d’un concert, pour les sensibiliser à la musique classique et, pourquoi pas, susciter des vocations…

· La deuxième soirée, le 24 novembre, sera un peu plus légère. Conçue autour de la pogne, elle fera le pont entre musique et gastronomie. J’ai mis au défi les musiciens qui m’accompagnent d’en faire, après dégustation, une interprétation musicale. Ce seront les mêmes musiciens que la veille. C’est une vraie volonté. Je n’ai aucune envie de voir des artistes défiler, je veux qu’ils prennent le temps de s’imprégner de cette ambiance si particulière qui règne à Romans. La séance dégustation nous a entraînés vers l’Espagne. J’ai un peu creusé et découvert que Marie-Thérèse d’Autriche avait introduit la première orange en France, à l’occasion de son mariage avec Louis XIV (Ndlr, pour les non-initiés, la pogne est une brioche au doux parfum de fleur d’oranger). Nous jouerons aussi du Piazzola, du Gershwin… L’annonce du décès de Charles Aznavour m’a profondément touchée et fait quelque peu modifier mon programme. Il était venu à Romans, lorsque j’étais enfant et je l’avais vu l’année dernière en concert, un cadeau qui m’avait été fait pour mon anniversaire. J’ai voulu lui rendre hommage en sélectionnant quelques-unes de ses chansons, des textes qui parlent d’amour, de la vie, des sentiments… Car c’est ainsi que j’envisage mes concerts, je ne conçois pas de ne pas avoir d’échange avec le public. Ses textes seront lus par le comédien Alexandre Risso qui était déjà venu l’année dernière et qui, séduit par la région et l’ambiance, a fortement insisté pour revenir.

Mon souhait, pour l’année prochaine - je me projette déjà - serait de développer encore ce festival, en investissant cette fois-ci le musée de la chaussure qui reste pour moi un symbole fort de la qualité et du savoir-faire à jamais attachés à la ville de Romans… avec, toujours, au programme, des musiciens de renommée internationale. »

Astrig Siranossian, violoncelliste virtuose de renommée internationale

Sur scène dès 4 ans. Diplôme d’études supérieures du CNSM de Lyon 2008 avec félicitations du jury.

Master de Concert et Soliste avec les hautes distinctions dans la classe d'Ivan Monighetti, à la Hochschule für Musik (Haute Ecole de Musique) de Bâle ; Artiste en résidence à la prestigieuse Chappelle Musicale Reine Elisabeth depuis 2015.
Remporte le Concours International de violoncelle Penderecki (ainsi que deux prix spéciaux), le prix décerné en France par la Banque Populaire ainsi que le Concours en duo de Bâle, Basel Duo Competition 2013 aux côtés du pianiste Andriy Dragan.

Soliste et passionnée de musique de chambre
Répertoire allant du baroque à la musique contemporaine : des compositeurs tels que Jean-Luc Darbellay, Rudolf Kelterborn, Bechara El-Khoury ou Daniel Schnyder ont d'ores et déjà composé pour elle.

Des musiciens de chambre tels que Daniel Barenboim, Bertrand Chamayou, Jacques Di Donato, Yo-Yo Ma (elle a joué avec lui en 2014 l'octuor pour violoncelle de Philippe Hersant), ou encore Adrian Oetiker, les frères Bruno et Régis Pasquier, Daniel Ottensamer Michel Taddei, Bruno Schneider et Daniel Schnyder partagent la scène à ses côtés - des orchestres tels que l'Orchestre symphonique de Bâle, l'Orchestre de Chambre de Lyon, l'Orchestre philharmonique de Gießen, l'Orchestre National de Chambre d'Arménie, les Solistes de Zagreb ou l'Orchestre Philharmonique de Zabreb l'invitent régulièrement à jouer en tant que soliste.
De nombreux artistes, tels que Janos Starker, Miklos Perenyi, Conradin Brotbeck, Anner Bylsma, Gary Hoffmann, Jens Peter Maintz, Truls Mørk, Roland Pidoux, Ferenc Rados, et Tibor Varga ont déjà, et continuent de l’entourer.

Invitée de nombreux festivals, Annecy Classique, Viva Cello, La Roque d'Anthéron, Auvers-sur-Oise, Festival de musique de chambre de Bâle, Festival de Cully, Festival de Menton.

Astrig joue sur un violoncelle réalisé par le célèbre luthier de Crémone, Francesco Ruggieri datant de 1676 prêté par la Fondation Boubo Music de Binningen, CH.

Artiste romanaise de culture arménienne

Romanaise … née à Lyon en 1988, elle grandit et passe son enfance à Romans
« Education oblige, je suis sensible en toutes choses au travail, à la qualité et à la beauté .»
Autant de valeurs qu’elle associe également à la ville et à la région qui l’ont vu grandir :
« Une terre qui a su cultiver, notamment au travers de l’artisanat et de l’industrie de luxe, la qualité, la simplicité et le respect des matières naturelles et c’est ce qui reste dans la durée .»
« La région est juste idéale en matière de déplacements, de gastronomie, de climat et même d’air qu’on y respire. »
Romans, ville de cœur …

… de culture arménienne …
« L’arménité est très importante pour moi. J’en ai reçu les us et coutumes et l’arménien est ma langue maternelle. »
« Je m’attache par-dessus tout à la connaissance culturelle de ces racines arméniennes pour en saisir toute la richesse. »
« L’histoire de l’Arménie ne se résume pas au génocide. Ayant eu la chance de pouvoir naître en France, j’ai une vie ouverte sur l’avenir et même si j’ai reçu beaucoup du passé, j’ai ce devoir d’aller de l’avant. »


… et Citoyenne du Monde
Une artiste internationale qui collabore au West-Eastern Divan Orchestra fondé par Daniel Barenboim, pour promouvoir le dialogue et la paix au Moyen-Orient.

Programme du vendredi 23 novembre 2018

La gazette des musiciens en 1918

Lors de ce premier rendez-vous des « Musicades », vous découvrirez, à travers des lettres écrites depuis les tranchées, l’impact de la musique dans ces moments de grande détresse illustrés par la musique de Claude Debussy, Nadia Boulanger et autres grands compositeurs.
Cette soirée pleine d’émotions sera dédiée à la mémoire des musiciens directement et indirectement impliqués dans la guerre de 1914-1918.
Pour l’accompagner sur scène, Astrig Siranossian convie le violoniste Sébastien Surel, le pianiste Julien Gernay ainsi que l’acteur Stephane Valensi.

Un rendez-vous sera spécialement organisé pour les scolaires afin de faire découvrir aux plus jeunes les coulisses d’un concert.

Programme du samedi 24 novembre 2018

La Pogne en musique

Cette seconde soirée des « Musicades » propose une interprétation de la Pogne, gourmandise romanaise mise en musique. Autour de Félix Mendelsohn, George Gershwin, Astor Piazzola et de nombreux autres compositeurs, imprégnés de musique et de générosité, la violoncelliste Astrig Siranossian, le violoniste Sebastien Surel et le pianiste Julien Gernay nous emporteront dans un voyage savoureux.

En hommage au grand Charles Aznavour, des textes de ses chansons seront lues par le comédien Alexandre Risso.

Pratique

Lieu des concerts :
Auditorium de la Cité de la musique
3 Quai Sainte-Claire
26100 Romans


Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 30 Octobre 2018 à 21:12 | Lu 1170 fois
Pierre Aimar
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