Le bel canto donizettien à son sommet
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De par son unité d'atmosphère, sa persistance du décor, la tragédie de Maria Stuarda rencontre et prolonge celle d'Anna Bolena. Mais cette fois, la hache du bourreau devient croix de rédemption, de libération...
Toute la faible structure dramatique de Maria Stuarda - sans doute une des plus originales partitions de Donizetti - repose sur l'affrontement de deux reines : rôle titre d'un côté, Elisabeth d'Angleterre sa rivale, de l'autre.
Mais, on y croit au départ si peu, que la plupart des représentations scéniques ou en concert tournent à l'affrontement de deux cantatrices dans tous leurs états.
Les larmes de Maria, les colères homériques d’Elizabeth I font revivre deux reines aux aventures morbides, ambiguës, passionnelles, à l'empreinte historique indéniable, les scènes finales, au pathos irrésistible, devenant une marche au supplice insoutenable, une montée au Golgotha de toutes les damnées de la terre. Deux têtes pour une seule couronne, cherchez l'erreur !
Tombées les couronnes, il n'existe plus sur scène que deux femmes, deux " monstres " rivalisant d'ornements, de fioritures, à la grande joie d'un public connaisseur qui ne demande qu'à compter les coups sous l'œil médiateur du chef d'orchestre.
A l'Auditorium Rainier III, la détentrice du titre Annick Massis, promue Reine d'Ecosse depuis son triomphe marseillais, affronte son challenger : Laura Polverelli.
Au premier round, la seconde n'eut guère de peine à triompher. Elle était presque seule sur le ring. Des si bémols et des si naturels en pagaille (malgré une légère dureté et stridence), il fallait quand même le faire !
Au second round, le combat a vraiment commencé. Les deux dames s'affrontent cette fois directement dans une lutte sans merci, jetant à tour de rôle tous leurs atouts dans la balance. Si Laura Polverelli a maintenu d'un chouia l'avantage que lui assure sa prestance naturelle, Annick Massis l'a mise plus d'une fois en difficulté.
Faisant assaut de pianissimi immatériels et de vocalises superbes, un avantage équilibrant l'autre, on peut estimer que cette reprise s'est conclue par un match nul.
Au troisième round : changement de tactique. La Maria se taille la part du lion. Ecrit dans le schéma du combat, la Reine Vierge doit s'effacer. Et dans la grande prière finale avec chœur (d'une belle homogénéité et d'une parfaite cohésion), véritable page d'anthologie vocale, on goûte sans restriction la ligne raffinée du bel canto donizettien porté à son summum par une Annick Massis, transfigurée, symbole désormais de toutes les crucifiées au nom de la raison d'état.
Dans cet ouvrage, les autres acteurs font un peu tapisserie. Il leur faut donc être à leur mieux pour pouvoir s'affirmer et tenter d'exister.
Saluons bien bas dès lors le style de Francesco Demuro qui dans les grandes phrases cantabile de Leicester nous renvoie aux plus glorieux titulaires du rôle, et donnons un satisfecit global à Fabio Maria Capitunacci et In-Sung Sim campant avec autorité, aplomb, conviction ou compassion Cécil et Talbot.
Sur le ring monégasque, Antonino Fogliani, avec un sens de la tragédie indéniable, dirige scrupuleusement l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Sans envols excessifs mais sans chutes calamiteuses. Normal, il arbitre ! Christian Colombeau
Toute la faible structure dramatique de Maria Stuarda - sans doute une des plus originales partitions de Donizetti - repose sur l'affrontement de deux reines : rôle titre d'un côté, Elisabeth d'Angleterre sa rivale, de l'autre.
Mais, on y croit au départ si peu, que la plupart des représentations scéniques ou en concert tournent à l'affrontement de deux cantatrices dans tous leurs états.
Les larmes de Maria, les colères homériques d’Elizabeth I font revivre deux reines aux aventures morbides, ambiguës, passionnelles, à l'empreinte historique indéniable, les scènes finales, au pathos irrésistible, devenant une marche au supplice insoutenable, une montée au Golgotha de toutes les damnées de la terre. Deux têtes pour une seule couronne, cherchez l'erreur !
Tombées les couronnes, il n'existe plus sur scène que deux femmes, deux " monstres " rivalisant d'ornements, de fioritures, à la grande joie d'un public connaisseur qui ne demande qu'à compter les coups sous l'œil médiateur du chef d'orchestre.
A l'Auditorium Rainier III, la détentrice du titre Annick Massis, promue Reine d'Ecosse depuis son triomphe marseillais, affronte son challenger : Laura Polverelli.
Au premier round, la seconde n'eut guère de peine à triompher. Elle était presque seule sur le ring. Des si bémols et des si naturels en pagaille (malgré une légère dureté et stridence), il fallait quand même le faire !
Au second round, le combat a vraiment commencé. Les deux dames s'affrontent cette fois directement dans une lutte sans merci, jetant à tour de rôle tous leurs atouts dans la balance. Si Laura Polverelli a maintenu d'un chouia l'avantage que lui assure sa prestance naturelle, Annick Massis l'a mise plus d'une fois en difficulté.
Faisant assaut de pianissimi immatériels et de vocalises superbes, un avantage équilibrant l'autre, on peut estimer que cette reprise s'est conclue par un match nul.
Au troisième round : changement de tactique. La Maria se taille la part du lion. Ecrit dans le schéma du combat, la Reine Vierge doit s'effacer. Et dans la grande prière finale avec chœur (d'une belle homogénéité et d'une parfaite cohésion), véritable page d'anthologie vocale, on goûte sans restriction la ligne raffinée du bel canto donizettien porté à son summum par une Annick Massis, transfigurée, symbole désormais de toutes les crucifiées au nom de la raison d'état.
Dans cet ouvrage, les autres acteurs font un peu tapisserie. Il leur faut donc être à leur mieux pour pouvoir s'affirmer et tenter d'exister.
Saluons bien bas dès lors le style de Francesco Demuro qui dans les grandes phrases cantabile de Leicester nous renvoie aux plus glorieux titulaires du rôle, et donnons un satisfecit global à Fabio Maria Capitunacci et In-Sung Sim campant avec autorité, aplomb, conviction ou compassion Cécil et Talbot.
Sur le ring monégasque, Antonino Fogliani, avec un sens de la tragédie indéniable, dirige scrupuleusement l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Sans envols excessifs mais sans chutes calamiteuses. Normal, il arbitre ! Christian Colombeau