Saint-Antoine l'Abbaye (38). Chroniques d’une abbaye à partir du 18 septembre 2016 au Noviciat

Le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye réalise en 2016-2017 le remodelage complet du parcours permanent consacré à l’histoire de l’Abbaye et de l’ordre des hospitaliers de Saint-Antoine.


Saint-Antoine l'Abbaye © Pierre Aimar
Ainsi, au gré de ces Chroniques d’une abbaye de nouveaux contenus sont intégrés au parcours : l’Art de bâtir au Moyen Âge, la fondation de l’Abbaye et son évolution jusqu’au XVIIIe siècle (collections, pèlerinages, environnement paysager), la médecine à l’époque moderne, clés de voûte de l’histoire du site.

Des contenus multimédia, divers outils numériques innovants accompagnent progressivement le visiteur dans une découverte inédite au cœur d’espaces redimensionnés, volontairement lumineux et contemporains, ouvrant ponctuellement sur l’environnement extérieur comme une fenêtre active sur le site historique.

Le registre textuel (textes introductifs/textes principaux/textes secondaires/légendes/textes en relation avec les collections/consignes d’utilisation…) donne lieu à des développements notamment en langue étrangère, introduits progressivement.
Des chronologies prennent place dans chacune des séquences et permettent de faire le lien avec les objets présentés au fil du parcours.

Cette réalisation est confiée au scénographe Pierre-Vincent Fortunier (Le muséophone, Saint-Etienne). Graphisme : Eric Fauchère

Saint Antoine l’Egyptien

Antoine le Grand naît en 251 à Koma, sur la rive occidentale du Nil, au sein de la communauté chrétienne d’Égypte, les Coptes. Orphelin à 18 ans, il décide de se dessaisir de ses biens suivant l’exemple de nombreux ermites.

Acquérant une renommée de sainteté, il se retire, durant plus de vingt ans, au désert. Assauts terrestres, attaques célestes ou tentations charnelles éprouvent la solitude de l’ermite accédant ainsi à des fonctions privilégiées au panthéon des saints.

Vers 305, Antoine fonde un premier monastère et s’impose rapidement comme le modèle de cette vie ascétique, choisissant le désert pour une union plus intime à Dieu. Au caractère extrême et mystique de l’ermite retiré dans la solitude des sables du désert, s’oppose progressivement une nouvelle forme d’existence, en communauté.

Il meurt le 17 janvier 356, à l’âge présumé de 105 ans. Les épisodes de sa vie sont connus grâce au récit posthume d’Athanase d’Alexandrie, mais aussi à celui de saint Jérôme à travers la Vita Paulii. Dès lors l’ermite du désert devient l’un des saints protecteurs et guérisseurs les plus populaires.

Tentations et attributs

Les épisodes diaboliques, illustrés par les Tentations d’Antoine le Grand, constituent l’essentiel du récit choisi par le dominicain Jacques de Voragine dans la Légende dorée rédigée au XIIIe siècle.

Ce thème des assauts démoniaques, des tentations charnelles conduits par des créatures hideuses persécutant Antoine dans le désert, connaît un franc succès dès le Moyen Âge. Peintres et lettrés ne cesseront d’en enrichir l’intensité dramatique et la dimension fantastique.

Chaque saint possède au Moyen Âge des attributs qui lui sont propres. Liés à des épisodes de leur vie, ils facilitent l’identification du saint représenté et sont investis d’un sens aussi bien moral qu’allégorique.

Ceux de saint Antoine, inhérent à son statut d’ermite, puis de moine, ainsi qu’à sa fonction de saint guérisseur, sont au nombre de six : le tau, la clochette, le cochon ou sanglier, les flammes, le chapelet, le livre. Ils sont attestés dès le XIIe siècle.

Le récit

Le récit de la vie des saints, ou récit hagiographique, est un éloge de la sainteté. Sous ses allures romanesques il possède une fonction édifiante : les martyrs et les ermites offrent au lecteur un modèle de perfection à suivre.

L’histoire d’Antoine le Grand reste à ce jour une énigme tant les récits de sa vie allient vérité et légende.

Seul le texte attribué à Athanase écrit en grec au milieu du IVe siècle sous le nom de Vita Anthonii (Vie et conduite de notre saint père Antoine) donne des clefs au récit.

Très tôt traduite en latin pour les moines d’Occident, laVita Anthonii l’est une seconde fois, à la fin du IVe siècle, par Évagre le Pontique, qui propose une adaptation très libre du texte grec initial.

Par la suite, le récit donne lieu à de nombreuses traductions et copies qui en permettent une diffusion assez ample et un enrichissement tout au long du Moyen Âge. L’objectif affiché demeure la glorification du saint et la diffusion de sa popularité en Occident.

Le culte des Saints

Selon Athanase, la renommée d’Antoine est si grande qu’elle s’étend « jusqu’en Espagne et en Gaule, jusqu’à Rome et en Afrique » dès le IIIe siècle.

À la fin du XIe siècle, les reliques du célèbre ermite arrivent en Dauphiné. Une dévotion durable s’instaure en Occident.

Saint guérisseur, il est avec saint Roch et saint Sébastien, l’un des saints auxiliaires les plus sollicités. Il préserve du mal des Ardents, de la peste, de la syphilis et de la mort subite, mais aussi de nombreuses maladies de peau ou d’épizooties chez les animaux.

Des artisans, des marchands réunis en corporations se placent sous sa protection dès le XIIIe siècle, tels les tanneurs, les vanniers, les bouchers, les potiers, les arquebusiers.

Modèles de sainteté absolue, les saints favorisent à travers la dévotion qu’ils suscitent la naissance d’une liturgie appropriée et la construction d’édifices ou de lieux placés sous leur vocable.
Ainsi en est-il de l’abbaye de Saint-Antoine.

La création de l’abbaye

Autour de l’an Mil, la Chrétienté s’épanouit à l’aube d’une nouvelle ère : celle des bâtisseurs, induite par des périodes de troubles et de pillages, mais aussi par une volonté affirmée de réforme des établissements monastiques.

L’arrivée des reliques de saint Antoine en Dauphiné à la fin du XIe siècle bouleverse l’organisation de l’ancien bourg castral alors dénommé La Motte-aux- Bois.

Un prieuré bénédictin est fondé entre 1083 et 1089, sous l’impulsion de l’évêque Gontard de Valence.

Ce dernier fait don de cinq églises à l’abbaye bénédictine de Montmajour, dont l’église Saint-Antoine de la Motte. Les bénédictins prennent alors possession des reliques et se voient chargés des pèlerinages.

Parallèlement, une confraternité d’hospitaliers constitue non loin du prieuré une maison de l’Aumône destinée à accueillir pauvres et malades attirés par le pouvoir thaumaturgique des reliques.

Le rayonnement des premiers hospitaliers est tel qu’ils se présentent bientôt en rivaux. Ils parviennent à congédier les bénédictins en 1290, avant d’acquérir, d’Aynard de Châteauneuf, la seigneurie de Saint-Antoine. Leur installation est officialisée en 1297 par la bulle pontificale de Boniface VIII instaurant l’ordre des chanoines réguliers ou hospitaliers de Saint-Antoine.

La translation des reliques

Le corps d’Antoine est découvert par l’évêque Théophile en 529, avant d’être transporté à Alexandrie, puis déposé en l’église Saint-Jean-Baptiste ainsi que le relate Pierre de Lanoy, dominicain du XVe siècle, à l’origine du récit de la révélation et de la première translation des reliques.

Face aux invasions arabes, les reliques du saint sont transférées à Constantinople au VIIe siècle.

Vers 1070, Jocelin de Châteauneuf obtient de l’empereur Romain IV Diogène qui règne sur Constantinople les précieuses reliques en échange de valeureux services.

Mais c’est à un parent, Guigue Didier, contraint par le pape Urbain II, qu’incombera le soin de confier les reliques aux bénédictins de Montmajour. Afin d’ériger un sanctuaire digne, il décidera la construction d’une église dans un lieu alors inconnu : La Motte-aux-Bois devenu Saint-Antoine en Viennois en 1083.

Ainsi commence l’histoire de l’un des lieux de pèlerinage les plus emblématiques de la Chrétienté occidentale narrée par le premier historiographe de l’ordre Aymar Falco au XVIe siècle.

L’ordre de Saint-Antoine

L’ordre nouvellement fondé en 1297 est directement soumis au Saint-Siège, lequel lui témoigne un intérêt soutenu au travers des privilèges accordés.

Chanoines et frères, dotés de premiers statuts en 1298, obéissent à la règle de saint Augustin.

Forts de soutiens multiples et de revenus conséquents, les hospitaliers de Saint-Antoine s’illustrent rapidement sur la scène diplomatique en Europe et aux confins du bassin méditerranéen.

L’action des abbés Guillaume Mitte puis Pierre Lobet précédant la cession du Dauphiné au royaume de France en 1349 leur permet de siéger au sein des États généraux du Dauphiné.

La présence de prélats influents, de princes et de souverains aux côtés de l’ordre atteste de l’importance octroyée au dessein politique parallèlement au pèlerinage dévotionnel.

Dans leur sillage, les rois Charles V, Charles VII ou Louis XI, Jean Galeas Visconti, duc de Milan, ou Sigismond, empereur germanique participent par de pieuses fondations et des legs importants à l’enrichissement de l’ordre.

L’Abbaye au Moyen Âge

L’organisation spatiale de Saint-Antoine est rythmée par les métamorphoses architecturales de l’église abbatiale et des bâtiments conventuels, initiées par les bénédictins et poursuivies par les hospitaliers.

Elle est définie selon un principe organisationnel établi lors du Concile d’Aix au IXe siècle : isoler le monastère du monde sans toutefois l’en exclure. Ce qui nécessite un regroupement d’édifices derrière une double enceinte.

Étape reconnue sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle ralliant la Vallée du Rhône depuis Genève, Saint- Antoine constitue surtout un pèlerinage à part entière pour les pèlerins d’Allemagne du sud et de Lombardie jusqu’au milieu du XVIe siècle.

Les pèlerins se mêlent ainsi aux malades à l’origine de la multiplication de lieux d’accueil spécifiques, hôpitaux et auberges. Haut-lieu de pèlerinage et d’exercice de la médecine, présent sur la cartographie des sanctuaires incontournables, son évolution subit les soubresauts de l’histoire. Le bourg suit naturellement l’évolution de l’abbaye. De simple bourg castral au XIe siècle, il devient un bourg puissant, qui se structure au fil des siècles à l’ombre de l’abbaye tutélaire.

Une Abbaye pour soigner

À la suite de l’abbé Aymon de Montagne, premier d’une lignée de bâtisseurs, les XIVe et XVe siècles constituent un âge d’or.

La vie de la communauté est concentrée dans un espace défini et clos, le cloître, conformément aux statuts de 1298, 1312 ou 1367.

Non loin de l’église, le noviciat, le logis abbatial, l’infirmerie complètent l’ensemble des bâtiments réguliers. Hostelleries pour les hôtes et les pèlerins s’élèvent vers la porterie, de même que les écuries. Elles constituent avec les communs, boulangerie, brasserie, greniers et granges, les seules dépendances d’une deuxième enceinte ouverte, cette fois-ci, sur l’extérieur.

C’est dans cet espace que s’effectue le contact avec le monde profane, à des degrés divers. Les hôpitaux constituent un maillage puissant aux confins de l’enceinte abbatiale. Parallèlement au premier hôpital en 1256, d’autres fondations se succèdent : hôpital nouveau en 1336 ; hôpital des infirmes en 1348 ; hôpital Saint-Jacques ou hôpital des pèlerins en 1380 ; hôpital des pauvres femmes en 1401 ; hôpital des infects ou maladreries, transformant les abords de l’abbaye, dès 1337, en un chantier de bâtisseurs ininterrompu.

Une église de pèlerinage

Considérée comme l’une des réalisations gothiques les plus remarquables du Dauphiné, l’église abbatiale répond aux particularités architecturales des grandes églises de pèlerinage.

Née d’un projet ambitieux dans un contexte prieural et dont le plan est probablement jeté au XIIe siècle, elle présente de nombreuses analogies avec d’autres édifices régionaux tels Saint-Maurice de Vienne, Saint-Jean- Baptiste de Lyon ou Saint-Barnard de Romans-sur-Isère.

Plusieurs phases de construction mettent en évidence les conflits qui opposent les bénédictins aux hospitaliers.

Conscients de l’importance de leur sanctuaire, les bénédictins entament une phase de reconstruction de l’église primitive dès le XIIe siècle, les revenus collectés étant destinés à la Fabrique de l’église en 1191.

Le chantier se poursuit, mettant en avant des éléments novateurs, et ce jusqu’en 1267, avant que n’éclatent de nouvelles querelles entre les deux communautés au sujet des offrandes et de leur utilisation.

Abandonné pour un temps, notamment après le départ des bénédictins, le chantier reprend sous l’abbatiat de Guillaume Mitte dès 1337 depuis le transept.

Un ordre bibliophile

Au Moyen Âge, le livre n’a pas seulement une valeur utilitaire. Il revêt un caractère sacré au travers du message qu’il transmet. Certains sont si richement décorés qu’ils deviennent objet de thésaurisation.

Les livres, alors manuscrits issus des ateliers de copistes ou scriptoria, sont rangés dans les bibliothèques selon des listes d’autorité dans un souci de classification du savoir. Reflets de la spiritualité monastique, les Saintes écritures constituent les références culturelles du lieu.

Les bibles, les épisodes glorieux des Pères du désert donnent souvent lieu à de précieux volumes à l’exemple du Liber vita sanctissimi Antonii Abbatis commandé en 1426 pour l’abbaye de Saint-Antoine.

Trésor, salle des archives, bibliothèque sont ainsi les pierres angulaires de la mémoire du lieu et participent à sa renommée.

Traités de doctrine, de morale ou de grammaire, bibles, textes hagiographiques, recueils de sermons, ouvrages d’histoire et de médecine figurent dans les bibliothèques de l’ordre au-delà du Moyen Âge.

Le pèlerinage

Au travers des quelque deux cents hôpitaux et hôtelleries placés sous leur autorité, les hospitaliers de Saint-Antoine exercent une présence constante aux carrefours des grandes voies de pèlerinage.

Réparties le long de la via Francigena, voies menant à Rome et Naples et du camino Santiago, vers Saint-Jacques-de- Compostelle, les commanderies forment un viatique sur des
routes incertaines.

Au XIVe siècle, l’abbaye de Saint-Antoine, l’un des sanctuaires les plus vénérés du midi de la France, bénéficie d’une renommée bien établie. Signalée sur de nombreuses cartes aux côtés d’autres lieux insignes de la Foi, l’étape dauphinoise tire amplement profit des quêtes, dons, fondations et ventes d’enseignes confortés par les largesses des pèlerinages royaux, princiers ou pontificaux. Les villes et les campagnes vivent au rythme des pèlerinages que le Liber sancti Jacobi définit très précisément comme « un acte volontaire et désintéressé par lequel l’homme abandonne ses lieux coutumiers, ses habitudes et même son entourage pour se rendre, dans un esprit religieux, jusqu’au sanctuaire qu’il a délibérément choisi ou qui lui a été imposé ».

Naissance d’un empire

Les hospitaliers de Saint-Antoine font rapidement partie du paysage familier des villes. De nombreux chroniqueurs font état de leurs possessions, s’interrogeant sur leur présence au-delà des seules limites du royaume de France.

Vers 1150-1190, les premières dépendances sont fondées en Italie ainsi que dans les Flandres. Exerçant leur première vocation d’hospitalité et de charité, ces maisons annexes gagnent l’Europe entière, et au-delà Saint-Jean-d’Acre, Constantinople ou Rhodes. Elles sont la plupart du temps obtenues par acquisition ou donation dans les pays germaniques.
Les hospitaliers conquièrent progressivement les états italiens, le royaume d’Angleterre et la péninsule ibérique construisant un véritable empire au service de leur renommée.

En 1478, le Liber religionis Sancti Anthonii Viennensis Sacre Reformationis renfermant les statuts réformés du monastère et de l’Hôpital mentionne trois-cent-soixante-dix maisons, prieurés et hôpitaux rattachés à l’ordre de Saint-Antoine en Viennois selon une hiérarchie précise, segmentée en commanderies générales, commanderies secondaires, hôpitaux et maisons de quête.

Le mal des ardents

Appelé également Feu Sacré ou Feu de Saint-Antoine, le mal des Ardents semble consumer le corps de l’intérieur provoquant des lésions cutanées, la gangrène des membres. Une mauvaise irrigation du cerveau entraîne des crises de démence, des hallucinations.

Si les deux formes de la maladie, convulsivante et gangréneuse, semblent être identifiées dès la fondation de l’ordre aux confins des XIe et XIIe siècles, ce n’est qu’à partir de la fin du XVIe siècle que l’origine du mal est définitivement identifiée : l’ergot de seigle, un champignon parasite des céréales.

Afin d’endiguer le processus, les hospitaliers prodiguent, en l’abbaye mais aussi dans les hôpitaux de l’ordre, des soins ciblés faisant usage de plantes, et une hygiène alimentaire dépourvue de farine contaminée. Les amputations sont confiées aux chirurgiens qu’ils emploient, parmi lesquels Jean Gispaden, Hans von Gersdorff, Jean Corneil Agrippa, Guy Didier ou Ambroise Paré dont les descriptions donnent de précieuses indications sur le traitement à la fois médical et chirurgical du mal.

Des plantes en remède

Quatorze plantes sont répertoriées comme pouvant entrer dans la composition du saint Vinage, breuvage thérapeutique fabriqué exclusivement par les hospitaliers : grand plantain, plantain lancéolé, coquelicot, verveine, renoncule bulbeuse, scrofulaire aquatique, ortie blanche, chiendent rampant, véronique petit-chêne, gentiane croisette, dompte-venin, trèfle blanc, souchet, épeautre.

Ces plantes sédatives, narcotiques ou vasodilatatrices sont la plupart du temps accommodées de vinaigre et de miel. Concassées, bouillies, macérées, distillées, elles permettent l’élaboration de nombreux emplâtres, jus, eaux et autres décoctions ou encore d’onguents tel le baume de Saint-Antoine.

Les végétaux servent aussi à la réalisation d’extraits de suc de fruits dont le rôle occlusif est apprécié des chirurgiens dans le traitement des ulcères, des plaies et des rhumatismes.

Le règne minéral et le règne animal ne sont pas oubliés. Afin de traiter les fièvres ou la syphilis, l’usage de terres argileuses, de chaux, de soufre, de mercure, de céruse et de plomb, très toxiques, est fréquent.

Le bois et le nerf de cerf, proposés en bouillon ou réduits en poudre, figurent en bonne place dans les recettes de Claude Allard, religieux de l’ordre, en 1653.

L’abbaye aux XVIIe et XVIIIe siècles

Les hospitaliers de Saint-Antoine subissent de plein fouet les remises en question de la Réforme protestante et les affres des Guerres de religion. Leur vocation caritative demeure malgré le recul notoire du mal des Ardents mieux connu à la fin du XVIe siècle.

Au cours de la première moitié du XVIIe siècle, les abbés Antoine Tolosain et Antoine Brunel de Grammont entreprennent une rénovation spirituelle de leur ordre en reconquête face à l’effritement territorial des commanderies étrangères.

L’abbé Jean Rasse, leur successeur, poursuit leur œuvre par un intense mécénat artistique et un engouement pour les sciences incarné par de vastes projets au service du pouvoir.

Tapisseries et peintures sont commandées pour orner les salons du chapitre, les appartements de l’abbé et l’église elle-même. Le trésor de l’abbaye est reconstitué autour de la châsse de saint Antoine. Au XVIIIe siècle, les abbés Nicolas Gasparini et Étienne Galland enrichissent l’ensemble abbatial et encouragent l’essor des sciences, de la philosophie, de la littérature et de la théologie.

Derrière le sursaut illusoire conféré par les arts transparaît déjà le crépuscule d’un ordre condamné à disparaître en 1777, désormais uni à l’ordre de Malte.

Le cabinet de curiosités

Loués depuis la Renaissance, les cabinets de curiosités, émanation directe des cabinets princiers du Moyen Âge, rassemblent des objets rares, reflets des richesses naturelles (naturalia) et artistiques (artificialia) qui peuplent le monde. Lieu d’étude par excellence et d’expérimentation, le cabinet est aussi le témoignage visible de l’érudition de son propriétaire.

En l’abbaye de Saint-Antoine, Étienne Galland confie au chanoine Jacques Deschamps, dès 1752, la constitution d’un cabinet de curiosités. La diversité des collections présentes et de celles qui vont alimenter le cabinet tout au long de son existence fait écho à la plupart des cabinets européens jusqu’à la première moitié du XVIIIe siècle peu à peu tournés vers les sciences.

Cependant, si l’Antiquité domine encore à travers la numismatique et la petite statuaire de bronze, l’archéologie romaine et égyptienne, l’histoire naturelle et la science occupent une place de choix.

Le 25 octobre 1777, l’abbé Jean-Marie Navarre donne à la Bibliothèque publique de Grenoble « le cabinet d’histoire naturelle » enrichissant les deux cabinets nouvellement créés, le cabinet d’histoire naturelle et le cabinet des antiques.

Pratique

Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye Le Noviciat
38160 Saint-Antoine-l’Abbaye
Téléphone 04 76 36 40 68
Fax 04 76 36 48 10
musee-saint-antoine@isere.fr
www.musee-saint-antoine.fr

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 29 Aout 2016 à 21:20 | Lu 915 fois
Pierre Aimar
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