Saint-Raphaël , Centre d'art : Paul Toupet, la pulsion narrative, exposition du 23 janvier au 27 mars 2021

La Pulsion Narrative lève le voile sur l’univers exubérant de l’artiste français Paul Toupet et propose un voyage énigmatique qui déroule le récit troublant d’une enfance en pleine action, entièrement livrée à son imagination et agissant lorsque rien ni personne ne la contraint.


Paul Toupet, Sors du mur © Zoé Forget
Enfiler des oripeaux trop grands, être naufragé, s’imaginer plusieurs bras, traverser les murs, courir comme un animal, deviner les pensées de l’autre, s’étourdir de ses propres cris, se dédoubler, inventer des prières, devenir un ange, faire semblant de dormir, se laisser couler, se dédoubler (…), il existe autant de jeux dans l’esprit d’un tout petit que de formulations sculptées par Paul Toupet.

Notre capacité à conserver l’enfant que nous avons été est interrogée. La problématique du masque comme motif et outil de réconciliation est soulevée. Le marquage sur la peau est autant rituel que célébration. L’amitié est sacralisée. La force du jeu et son imaginaire sauvage viennent en contrepoint de mécanismes sociétaux où très jeunes, les enfants sont otages de stéréotypes.

Paul Toupet

Paul Toupet, © Zoé Forget
Né le 10 juin 1979 (Paris, France), Paul Toupet n’a pas suivi de formation académique.
Son œuvre relève d’une double pulsion, autobiographique et auto-fictionnelle.

Dans la maison familiale de son enfance sont éparpillées les œuvres de la collection de ses parents, grands amateurs d’art premier. Impulsé par cette création libre et brute, le petit garçon se prend d’assembler des objets de récupération, dans des boîtes.
Adolescent, il découvre le papier mâché, et fait évoluer sa pratique : il sculpte alors de petits personnages qu’il associe à divers objets trouvés.
À l’aube des années 2000, ses sculptures sont désormais conçues à échelle humaine, et augmentées d’un complexe travail de recouvrement et de matières (cire d’abeille, cendres de bois, tissus et cordes usagés, cuirs, plumes, terre). Cet enjeu est remis en question en 2015 où il crée ce qu’il appelle « mon effet céramique », un écho au dit médium agissant comme un leurre – cette direction favorisera dans sa production l’introduction du dessin.

Ce travail se déploie désormais sur différentes séries sans ordre chronologique. Soutenu par l’action de HEY! modern art & pop culture, l’artiste expose en Europe et au Japon, en galerie, musée et centre d’art. Son œuvre a intégré de nombreuses collections particulières. Paul Toupet vit et travaille à Paris.

Éclairage sur les sculptures

« Un masque raconte beaucoup plus qu’un visage, et l’homme est peu lui-même lorsqu’il parle à la première personne ; donnez-lui un masque, et il
dira la vérité »
Oscar Wilde.

Imprégnés du tempérament mélancolique de leur créateur, souvent recouverts de récits imaginaires peints, les enfants de Paul Toupet sont toujours travestis et masqués. Ils s’amusent, affublés du totem sacré de l’artiste petit : le lapin. Le port systématique du masque, ici présenté dans sa simple finalité de mascarade, impose les termes d’une réciprocité, car il s’agit bien, en jouant, de partager le moment présent. L’irruption du jeu est la colonne vertébrale du travail, elle code les postures et les intentions de cette foule de cour d’école, née d’un complexe et pulsionnel tissage de tensions : l’innocence douce et la naïveté tendre figurées par une puissante dynamique de postures ; la rugosité de matériaux rudimentaires ajustée à la brutalité enfantine ; la proposition du masque comme outil essentiel d’empathie et d’attaches amicales face au masque anonymisant et objet de rupture.

Le mot de la commissaire

« Paul Toupet ne crée pas des lapins ; il sculpte des enfants masqués, captivés par leur imaginaire et n’ayant de cesse d’inventer leurs propres règles. Érigée en rituel sacré, cette pulsion de jeu, ultime emblème de l’enfance, dialogue avec la pulsion créatrice de l’artiste, profane et promesse de révélation(s)… »
J’ai découvert ce travail à l’aube des années 2000. Férue d’art singulier et outsider, je fus immédiatement saisie par cette création offrant autant d’entrées référentielles que de fraîcheur contemporaine et morgue alternative. Les multiples problématiques soulevées par cette œuvre me semblent violemment d’actualité. Paul Toupet prône notre besoin vital d’empathie, nous exhorte à chérir l’enfant que nous avons été, et porte à notre attention l’importance de ne rien céder aux pressions extérieures. En 2020, l’irruption du masque dans la vie collective a constitué un événement social mondial sans précédent. Cet objet subit est, dans l’art de Paul Toupet, un accessoire de joie retrouvée.
Anne Richard, fondatrice de HEY! modern art & pop culture
Paul Toupet, Fondre © Zoé Forget

Pratique

Centre d’art
salle d’exposition Raphaël
étage -1
place Gabriel Péri,
83700 Saint-Raphaël
Paul Toupet, Discussion © Zoé Forget

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 25 Novembre 2020 à 15:02 | Lu 582 fois
Pierre Aimar
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