Tain l’Hermitage, Drôme, Festival Vochora : les polyphonies corses du Chœur de Sartène - (17/7/2018)

Cinq hommes en noir se tiennent au portail de l’église de Tain pleine à craquer et brûlante en ce début de soirée d’été. On les remarque peu, et pourtant c’est eux : le chœur de Sartène. Et d’emblée ils donnent de la voix au sens fort du mot, ils ont la puissance, et la musicalité de leur timbre s’impose.


Chœur de Sartène © DR
Le Festival Vochora célèbre 20 ans d’âge et il avait accueilli jadis ce même chœur corse, dirigé par Jean-Paul Poletti. Souvenirs, durée, fidélité, on fête tout à la fois.
Chants sacrés et chants profanes, chants du pays de Corse, il passe dans ces voix d’hommes fortes et bien timbrées, une âme, un souffle qu’il faut bien assortir à ce pays de senteurs sauvages et d’accents de ferveur. C’est l’Hymne aux sentinelles de la plaine de Sartène puis le Chant de Zacharie, une polyphonie du XVIIIe siècle ; les chants sont souvent anciens comme le T’amo, je t’aime Corse, très classique. Un autre chant, un Ave Maria rend hommage aux pierres qui nous accueillent, empreint de religiosité profonde.

Avec les quatre chants de la Passion, sont évoquées les lourdes chaînes et la pesante croix et celle d’un un autre coupable qui aurait commis une faute très grave. Le Chœur se joint et se disjoint, répartissant autrement les voix, pour obtenir parfois un effet plus frappant. Car tout le registre des sentiments est évoqué, et souvent de façon dramatique. Peut-on dire et c’est banal que l’âme corse semble droit venue de la tragédie grecque, de la force du drame, de ses croyances, qu’elle semble sans cesse déchirée et douloureuse .
Les chants s’enchainent de façon rapide car le concert est dense, au programme serré, passant des polyphonies anciennes coupées de grands appels modulés, jusqu’à l’Anniversaire de Minette ou le Gira qui évoque le mouvement du temps qui tourne.
Tout autant que les chants, ces polyphonies donnent la vision d’un pays aux forêts sombres et qui exprime sa révolte par des voix douloureuses et âpres, qui se font souvent véhémentes.
Et qui demandent sans doute : « où peut bien se trouver le bonheur ? »
Jacqueline Aimar

Jacqueline Aimar
Mis en ligne le Jeudi 19 Juillet 2018 à 12:52 | Lu 189 fois
Jacqueline Aimar
Dans la même rubrique :