En transhumance, Francisco Belmonte (berger d’origine espagnole) Années 1970 Collection de Jean Solda
Et si le pays s’est vidé de ses habitants jusqu’aux années d’après-guerre, il attire désormais de nouvelles vagues d’habitants à la recherche d’une autre façon de vivre. Entre Histoire et phénomènes contemporains, l’exposition propose des pistes pour mieux comprendre l’originalité de notre territoire et de ses habitants.
L’exposition temporaire Terre du milieu, terre ouverte propose un parcours chronologique qui amène du XIXe siècle au XXIe siècle. Dans la société rurale traditionnelle, les cadets et les jeunes "descendaient" pour tenter leur chance dans la plaine, ou tout simplement gagner un peu d’argent en louant leurs bras pour la saison. L’exode rural amplifie le mouvement et reconfigure l’espace : les villages éloignés se vident, les villes se développent, avant que les mouvements de néo-ruraux n’inversent, en partie, le sens des migrations : la colline redevient désirable, comme un lieu où on peut réinventer la société. Et de nos jours
Forcalquier a passé la barre des 5000 habitants et continue d’attirer de nouveaux arrivants.
L’exposition invite donc les visiteurs à découvrir les migrations qui ont fait le territoire de la haute Provence : à travers des documents d'archives, des photographies et dessins artistiques, des portraits d’habitants réalisés au cours d’enquêtes ethnologiques, mais aussi de nombreux objets du quotidien issus des collections de Salagon.
Exposition temporaire visible du 1er mars au 8 octobre 2017 au musée de Salagon
Vernissage de l’exposition le vendredi 3 mars à 18h
L’exposition temporaire Terre du milieu, terre ouverte propose un parcours chronologique qui amène du XIXe siècle au XXIe siècle. Dans la société rurale traditionnelle, les cadets et les jeunes "descendaient" pour tenter leur chance dans la plaine, ou tout simplement gagner un peu d’argent en louant leurs bras pour la saison. L’exode rural amplifie le mouvement et reconfigure l’espace : les villages éloignés se vident, les villes se développent, avant que les mouvements de néo-ruraux n’inversent, en partie, le sens des migrations : la colline redevient désirable, comme un lieu où on peut réinventer la société. Et de nos jours
Forcalquier a passé la barre des 5000 habitants et continue d’attirer de nouveaux arrivants.
L’exposition invite donc les visiteurs à découvrir les migrations qui ont fait le territoire de la haute Provence : à travers des documents d'archives, des photographies et dessins artistiques, des portraits d’habitants réalisés au cours d’enquêtes ethnologiques, mais aussi de nombreux objets du quotidien issus des collections de Salagon.
Exposition temporaire visible du 1er mars au 8 octobre 2017 au musée de Salagon
Vernissage de l’exposition le vendredi 3 mars à 18h
Pourquoi une exposition sur la Haute Provence ?
Le musée de Salagon était, à son origine, un conservatoire : l’association Alpes de Lumière et son fondateur Pierre Martel sont témoins de la disparition, en quelques décennies, d’une société que l’on ressentait comme stable, voire éternelle. Ils se mettent alors en quête pour documenter les pratiques et préserver les traces : ce sont les collectes de sauvegarde qui rassemblent les objets utilisés par les paysans de haute Provence. Dès son origine, le musée de Salagon est indissociablement lié à son territoire, fortement ancré dans les Alpes de Haute-Provence et singulièrement dans le pays situé autour du musée, entre Durance et montagne de Lure.
Mais depuis ces années d’exode et disparition, le département s’est repeuplé – la courbe démographique l’atteste. L’arrivée de nouveaux habitants modifie en profondeur le territoire, la société bas-alpine s’est transformée et continue sa mutation. L’exposition Terre du milieu, terre ouverte présentée en 2017 articule donc le passé avec le présent, l’histoire, proche et plus lointaine…
Dans cette exposition, Salagon présente un point de vue historique : à partir de ses collections et d’un panorama de la société contemporaine fondé sur deux enquêtes ethnologiques contemporaines.
Mais depuis ces années d’exode et disparition, le département s’est repeuplé – la courbe démographique l’atteste. L’arrivée de nouveaux habitants modifie en profondeur le territoire, la société bas-alpine s’est transformée et continue sa mutation. L’exposition Terre du milieu, terre ouverte présentée en 2017 articule donc le passé avec le présent, l’histoire, proche et plus lointaine…
Dans cette exposition, Salagon présente un point de vue historique : à partir de ses collections et d’un panorama de la société contemporaine fondé sur deux enquêtes ethnologiques contemporaines.
Que nous raconte l’exposition ?
Dans l’Antiquité, puis au Moyen-âge, les cols des Alpes constituaient les passages entre ce qui est maintenant l’Italie et la France et la voie domitienne, la route entre les Alpes et la vallée du Rhône. A partir du XIXe siècle, l’exode rural vide les villages isolés et modifie en profondeur la géographie des espaces habités. Depuis les années 70, les conditions ont de nouveau changé. Le département, devenu Alpes de Haute-Provence, présente un solde migratoire positif. Les familles ont recommencé à s’installer, attirées par la beauté des paysages et l’invention d’une nouvelle sociabilité. C’est cette histoire longue et mouvementée, faite d’allers et de retours, que présente le musée de Salagon. Il s’agit de comprendre qui sont les bas-alpins contemporains, de quelle histoire complexe ils ont hérité, forgés par l’âpreté et la beauté grandiose de ce territoire.
La mobilité dans une société rurale traditionnelle
La haute Provence est une terre de mobilités et de migrations depuis longtemps. Pendant des siècles, les échanges entre le haut-pays et le bas- pays provençal n’ont cessé : des bas-alpins descendaient vers la Provence urbaine et maritime, notamment à Marseille, pour fuir la pauvreté et gagner leur vie. Ils se déplaçaient au gré des travaux saisonniers, de façon temporaire, ou s’installaient de manière définitive en étant ouvriers, artisans, commerçants…
Quant aux colporteurs des vallées alpines, ils avaient l’habitude de voyager dans des conditions difficiles parfois sur de longues distances, bravant le froid et la fatigue. Ils étaient le plus souvent spécialisés dans une filière ou un artisanat. Des bas-alpins émigrèrent aussi vers des contrées lointaines, aux Amériques, au Mexique où ils développèrent des affaires, en particulier dans le textile. Ils s’enracinèrent là-bas ou revinrent « au pays ».
La mobilité dans une société rurale traditionnelle
La haute Provence est une terre de mobilités et de migrations depuis longtemps. Pendant des siècles, les échanges entre le haut-pays et le bas- pays provençal n’ont cessé : des bas-alpins descendaient vers la Provence urbaine et maritime, notamment à Marseille, pour fuir la pauvreté et gagner leur vie. Ils se déplaçaient au gré des travaux saisonniers, de façon temporaire, ou s’installaient de manière définitive en étant ouvriers, artisans, commerçants…
Quant aux colporteurs des vallées alpines, ils avaient l’habitude de voyager dans des conditions difficiles parfois sur de longues distances, bravant le froid et la fatigue. Ils étaient le plus souvent spécialisés dans une filière ou un artisanat. Des bas-alpins émigrèrent aussi vers des contrées lointaines, aux Amériques, au Mexique où ils développèrent des affaires, en particulier dans le textile. Ils s’enracinèrent là-bas ou revinrent « au pays ».
Désertification et renouveau
Du milieu du XIXe siècle aux années 1960 l’exode rural a rendu le département exsangue. L’ampleur de la perte a été considérable pour la majorité des petites communes rurales : 45 % d’entre elles sont désertées à plus de 75 %. Différents facteurs sont à l’origine de ces départs : la surpopulation, la pauvreté des paysans, l’isolement dû au réseau routier archaïque, le climat rude...Parallèlement à ce flux d’émigration, on assiste tout au long du XXe siècle à l’arrivée de nouvelles populations qui ne comblent pas les départs dans les villages isolés, mais marquent une nouvelle répartition des populations rassemblées dans les gros villages ou les villes des plaines.
Ces immigrés ont fui la pauvreté en franchissant la frontière à l’instar des Italiens, en particulier des Piémontais. Ils furent mineurs, charbonniers, paysans, bergers, artisans… à s’installer temporairement ou de manière définitive.
Certains d’entre eux s’exilaient aussi pour échapper à un autre péril, politique cette fois-ci, celui du fascisme. La haute Provence accueillit encore d’autres populations victimes des grands drames du siècle passé : les réfugiés espagnols qui fuyaient la guerre civile, plus tardivement ce furent, par exemple, des réfugiés albanais en 1961, des Harkis en 1962 à la suite de la guerre d’Algérie, des familles laotiennes qui s’installèrent à Annot puis à Digne en 1977.
D’autres types de migrations ont été motivées par des raisons économiques. La filière agricole a ainsi sollicité des populations nord- africaines et portugaises venues travailler dans la viticulture, le maraîchage et les travaux forestiers.
Toutes ces nouvelles populations, arrivées pour des raisons diverses, ont renouvelé la société de la haute Provence.
Dans tous les cas, c’était une main- d’œuvre essentiellement masculine et plutôt d’origine rurale. Les populations algériennes provenaient principalement des régions montagneuses de l’est du pays. Les ouvriers agricoles marocains étaient plutôt de culture berbère. Quant aux Portugais, ils étaient originaires plus particulièrement des régions au nord de Porto. Ces ouvriers, divers par leurs origines, ont marqué l’histoire industrielle et agricole de la haute Provence.
Ces immigrés ont fui la pauvreté en franchissant la frontière à l’instar des Italiens, en particulier des Piémontais. Ils furent mineurs, charbonniers, paysans, bergers, artisans… à s’installer temporairement ou de manière définitive.
Certains d’entre eux s’exilaient aussi pour échapper à un autre péril, politique cette fois-ci, celui du fascisme. La haute Provence accueillit encore d’autres populations victimes des grands drames du siècle passé : les réfugiés espagnols qui fuyaient la guerre civile, plus tardivement ce furent, par exemple, des réfugiés albanais en 1961, des Harkis en 1962 à la suite de la guerre d’Algérie, des familles laotiennes qui s’installèrent à Annot puis à Digne en 1977.
D’autres types de migrations ont été motivées par des raisons économiques. La filière agricole a ainsi sollicité des populations nord- africaines et portugaises venues travailler dans la viticulture, le maraîchage et les travaux forestiers.
Toutes ces nouvelles populations, arrivées pour des raisons diverses, ont renouvelé la société de la haute Provence.
Dans tous les cas, c’était une main- d’œuvre essentiellement masculine et plutôt d’origine rurale. Les populations algériennes provenaient principalement des régions montagneuses de l’est du pays. Les ouvriers agricoles marocains étaient plutôt de culture berbère. Quant aux Portugais, ils étaient originaires plus particulièrement des régions au nord de Porto. Ces ouvriers, divers par leurs origines, ont marqué l’histoire industrielle et agricole de la haute Provence.
Néo-ruraux, Vivre autrement
Dans les années 1970, la haute Provence, comme les Cévennes ou l’Ardèche, devint une terre de prédilection pour les néo-ruraux. Ceux-ci ne revendiquaient pas cette appellation mais portaient en commun un ensemble de valeurs, d’idées, d’aspirations expérimentées dans des domaines aussi variés que l’alimentation, l’éducation, le travail, l’habitat, la médecine…
Ces démarches se sont poursuivies tout au long des années 80. Elles ont entraîné ainsi plusieurs vagues d’installations à la campagne d’individus, de couples, de familles qui cherchaient à vivre autrement, dans la ruralité. Ces nouveaux habitants sont venus de toutes les régions et également de pays étrangers (Belgique, Allemagne, Pays-Bas…). Ils ont restauré des vieilles demeures, des bastides, ils se sont impliqués dans l’élevage, l’agriculture, la production de plantes aromatiques… Ils sont devenus de la sorte des habitants de la haute Provence et le miroir d’un phénomène social connu mais relativement peu étudié en ethnologie. Une enquête scientifique menée en 1999 par Katrin Langewische, Anne Attané et Franck Pourcel sur la commande de Vincent Giovanonni, conseiller à l’ethnologie pour la DRAC.
Ces démarches se sont poursuivies tout au long des années 80. Elles ont entraîné ainsi plusieurs vagues d’installations à la campagne d’individus, de couples, de familles qui cherchaient à vivre autrement, dans la ruralité. Ces nouveaux habitants sont venus de toutes les régions et également de pays étrangers (Belgique, Allemagne, Pays-Bas…). Ils ont restauré des vieilles demeures, des bastides, ils se sont impliqués dans l’élevage, l’agriculture, la production de plantes aromatiques… Ils sont devenus de la sorte des habitants de la haute Provence et le miroir d’un phénomène social connu mais relativement peu étudié en ethnologie. Une enquête scientifique menée en 1999 par Katrin Langewische, Anne Attané et Franck Pourcel sur la commande de Vincent Giovanonni, conseiller à l’ethnologie pour la DRAC.
Enquête sur les nouveaux habitants…
Forcalquier vient de dépasser les 5 000 habitants… C’est un seuil symbolique, qui signale toutefois que cette commune, comme celles qui l’entourent, continue à se développer. C’est une progression limitée – et même maîtrisée – mais réelle. Après l’arrivée des néoruraux dans les années 70 à 90, qui sont donc ceux qui choisissent de venir s’installer ici ?
A la demande du musée, l’enquête a été menée pendant trois mois par deux jeunes ethnologues, Nancy Avenie et Clara Bensoussan. Elle s’est centrée sur une série de communes autour de Salagon. Les villages continuent d’attirer des personnes seules, des couples ou des familles qui viennent s’installer ici à la recherche de valeurs en grande partie communes : le paysage, la proximité de la nature, la simplicité, une société à taille humaine… Mais chaque portrait est aussi nourri des nuances – voire des différences radicales – des individus et des groupes. Ce qui les rassemble peut-être, c’est le désir de se construire en opérant des choix de vie forts et investis de sens. Les ethnologues ont rencontré une quarantaine de personnes ; vingt d’entre elles ont accepté de jouer le jeu jusqu’au bout : l’entretien a été enregistré et transcrit, pour être utilisé dans l’étude. Certains informateurs ont également accepté de se laisser photographier par le photographe de la conservation départementale, Jean-Michel d’Agruma.
A la demande du musée, l’enquête a été menée pendant trois mois par deux jeunes ethnologues, Nancy Avenie et Clara Bensoussan. Elle s’est centrée sur une série de communes autour de Salagon. Les villages continuent d’attirer des personnes seules, des couples ou des familles qui viennent s’installer ici à la recherche de valeurs en grande partie communes : le paysage, la proximité de la nature, la simplicité, une société à taille humaine… Mais chaque portrait est aussi nourri des nuances – voire des différences radicales – des individus et des groupes. Ce qui les rassemble peut-être, c’est le désir de se construire en opérant des choix de vie forts et investis de sens. Les ethnologues ont rencontré une quarantaine de personnes ; vingt d’entre elles ont accepté de jouer le jeu jusqu’au bout : l’entretien a été enregistré et transcrit, pour être utilisé dans l’étude. Certains informateurs ont également accepté de se laisser photographier par le photographe de la conservation départementale, Jean-Michel d’Agruma.
Pratique
Une exposition réalisée par
· Le musée de Salagon : www.musee-de-salagon.com
· Le Département des Alpes de Haute-Provence : www.mondepartement04.fr
Commissariat d’exposition
Isabelle Laban Dal-Canto, conservatrice du musée de Salagon
Antonin Chabert, responsable de la médiation scientifique
Cécile Brau : responsable des collections
Scénographie : Chloé Dumond
Salagon, musée et jardins
04 300 Mane - Alpes de Haute-Provence
Tel : 04 92 75 70 50
Courriel : info-salagon@le04.fr
Site internet : www.musee-desalagon.com
· Le musée de Salagon : www.musee-de-salagon.com
· Le Département des Alpes de Haute-Provence : www.mondepartement04.fr
Commissariat d’exposition
Isabelle Laban Dal-Canto, conservatrice du musée de Salagon
Antonin Chabert, responsable de la médiation scientifique
Cécile Brau : responsable des collections
Scénographie : Chloé Dumond
Salagon, musée et jardins
04 300 Mane - Alpes de Haute-Provence
Tel : 04 92 75 70 50
Courriel : info-salagon@le04.fr
Site internet : www.musee-desalagon.com