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« Tous les matins du monde », concert par La Chapelle Harmonique, Palais Neptune, Toulon, le 20 janvier à 20h

La Chapelle Harmonique : Alice Duport-Percier & Axelle Verner sopranos / Alix Boivert violon / Jean-Christophe Dijoux clavecin & orgue / Eric Bellocq théorbe / Natalia Timofeeva viole de gambe & violoncelle / Valentin Tournet viole de gambe & direction ;
et Jean-Damien Barbin récitant


La Chapelle Harmonique © DR
La Chapelle Harmonique © DR
Programme
M. de Sainte-Colombe, le père Les Pleurs pour viole seule
Chanson populaire traditionnelle Une jeune fillette
M. de Sainte-Colombe, le fils Fantaisie en mi mineur
M. de Sainte-Colombe, le père Gavotte du Tendre / Concert XLI à deux violes égales « Le Retour »
Marin Marais Improvisations sur les Folies d’Espagne
Jean-Marie Leclair Sonate en trio en ré majeur, Op. 2 n°8
François Couperin Troisième leçon de Ténèbres à deux voix
Jean-Baptiste Lully Le Bourgeois Gentilhomme (Marche pour la cérémonie des Turcs, Premier air des Espagnols, Deuxième air des Espagnols)
M. de Sainte-Colombe, le père Concert XLIV à deux violes égales « Tombeau Les Regrets » (Les Regrets, Quarrillon, Appel de Charon, Les Pleurs)
Marin Marais Sonnerie de Sainte Geneviève du Mont de Paris

Tous les matins du monde ...

« Tous les matins du monde sont sans retour ». C’est cette phrase de Monsieur de Sainte Colombe à son glorieux élève Marin Marais, qui donne le ton mélancolique, au clair-obscur à la manière des peintures de Georges de La Tour, au magnifique livre de Pascal Quignard et au superbe film d’Alain Corneau. Ce film de 1991 connut un énorme succès commercial, remportant également sept Césars. Il a mis en lumière un instrument jusque-là oublié - la viole de gambe - et la musique de Jean de Sainte Colombe, un mystérieux compositeur, inconnu, seulement cité comme le maître de Marais mais dont on possède plus de deux cent partitions de toute beauté. Ce titre rappelant le temps qui passe et la vanité de la vie, allié à la musique de Sainte Colombe nous révèle la face plus sombre et souvent oubliée du siècle du Roi Soleil, à la lueur sévère du Jansénisme de Port-Royal, de Pascal, Descartes et Racine, au lendemain des tragiques guerres de religion. A cette époque du classicisme, la musique et l’art français en général tranchent avec les courbes parfois outrancières du baroque italien. » [Monique Dautemer]

« Tous les matins du monde » représente le choc fondateur de mon enfance, mais aussi de ma vie de musicien. J’ai découvert à quatre ans la bande originale du film – et vers sept ans ce dernier, qui comporte tout de même quelques scènes assez impressionnantes pour les tout-petits ! Mais dès ce premier contact avec la musique seule, tout était joué. Je dois évidemment à mon père, guitariste, et à ma mère, mélomane passionnée, de me l’avoir fait entendre, cependant il n’y eut de leur part aucun discours pédagogique. La rencontre fut purement sensible, avec le timbre de la viole de gambe, que je demandai immédiatement à apprendre. J’avais déjà entendu l’instrument au disque, utilisé pour la basse continue. Jamais sa voix seule, dont les couleurs et les inflexions me fascinèrent bien davantage que les plages orchestrales du disque, qu’on pouvait imaginer plus facile d’accès. Au fil des années, je m’imprégnais évidemment de la narration du film d’Alain Corneau, puis me plongeais dans le roman de Pascal Quignard. Je mesurais, en comparant l’interprétation de Jordi Savall dans la bande-son et celle des mêmes œuvres durant ses concerts, combien il s’était mis avec la première dans la peau des personnages de Sainte-Colombe et Marin Marais, infusant chaque accent de leur psychologie, quitte à assumer une approche antihistorique qu’il ne retenait évidemment pas en jouant les pièces détachées de ce contexte. L’envie de m’abstraire également des contraintes musicologiques que m’imposaient mes professeurs, le plus souvent à juste titre, et de me livrer également à cet exercice théâtral avec mes propres intuitions et ma propre sensibilité devint alors irrésistible. Plusieurs paris, règles et postulats m’ont guidé dans ce jeu pascalien qu’est une reconstruction à notre usage de Tous les matins du monde. Le premier sera de donner toute la musique du film, dans l’ordre où le public la découvre en voyant celui-ci. Ce qui exclut évidemment de s’en tenir à une ou deux violes, et pose la question des effectifs pour les pièces vocales et orchestrales ! D’où la présence des deux chanteuses pour la Troisième Leçon de Ténèbres de Couperin, et le consort qui nous permet de produire une réduction efficace des extraits du Bourgeois Gentilhomme de Lully. Je remercie d’ailleurs les musiciens fidèles de la Chapelle Harmonique d’accepter de prendre part à cette aventure pour des interventions parfois très courtes ! Car ces contrastes sont indispensables au recueillement, à l’introspection de Sainte-Colombe dans Le Retour ou Les Regrets. Le rapport au texte et à la scène seront d’autres enjeux de ce voyage dans lequel nous voulons entraîner les spectateurs. Très vite, nous avons renoncé à l’idée de projeter des images du film, qui paraîtraient redondantes. En revanche, un travail de mise en espace évitera le caractère prosaïque d’un simple concert, créant entre les musiciens et le comédien une atmosphère propre à libérer le pouvoir dramatique des mots et des notes. Compte tenu des différences importantes entre le roman de Pascal Quignard, les dialogues qu’il signe avec Alain Corneau pour le film et les sources historiques (Titon du Tillet, Le Blanc), nous avons travaillé à la sélection de textes directement liés aux choix musicaux. Emerveillé par la voix de Jean-Damien Barbin, je l’ai sollicité, et pour mon plus grand bonheur, il a accepté de nous accompagner. D’où ce luxe incroyable de pouvoir donner ce projet avec ce comédien majeur ! . » [Valentin Tournet]

Informations pratiques

Lundi 20 janvier / 20h / Palais Neptune
Palais Neptune
Place Besagne
83000 Toulon

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 14 Janvier 2020 à 04:06 | Lu 317 fois

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