© Eric Roset Photographe
Lettre d’intention du théâtre
Jérôme Richer ne traverse pas l'existence en somnambule, un miroir de poche à la main. Le monde, il l'écoute, l'observe, en saisit les frissons et les rumeurs. De cette matière, plutôt qu'une morale, il préfère tirer des spectacles. Qui interrogent, bousculent, grattent là où ça démange.
Quand il est venu nous voir avec son projet sur la « question rom », nous nous sommes dit que l'occasion était trop belle de l'inclure dans la saison 2014-2015. Jusque-là, Jérôme Richer flirtait beaucoup avec le Théâtre Saint-Gervais et il faut rendre grâce à Philippe Macasdar d'avoir couvé un gaillard pareil. La rencontre était d'autant plus opportune que sa proposition collait parfaitement aux grandes thématiques de notre saison : le déplacement, l'exil, la frontière, etc. Et puis, bien sûr, nous avions suivi son parcours qui, depuis maintenant une décennie, témoigne d'une réflexion très personnelle sur notre époque.
Surtout, ce qui nous a séduit, c'est que Jérôme Richer se refuse à céder au manichéisme. Ce qu'il aime explorer, c'est ce no man's land brumeux qui s'étend entre les territoires du Bien et du Mal. Aux réponses trop hâtives, trop rassurantes, il préfère les questions qui déstabilisent. D'une certaine manière, il reprend à son compte cette formule de Romain Gary : « Je suis à priori contre tous ceux qui croient avoir absolument raison. (...) Je vomis toutes les vérités absolues et leurs applications totales. Prenez une vérité, levez-la prudemment à hauteur d'homme, voyez qui elle frappe, qui elle tue, qu'est-ce qu'elle épargne, qu'est-ce qu'elle rejette, sentez-la longuement, voyez si ça ne sent pas le cadavre, goûtez en gardant un bon moment sur la langue – mais soyez toujours prêts à recracher immédiatement. C'est cela, la démocratie. C'est le droit de recracher. »
De toute façon, ce sont moins les idées que les hommes qui intéressent Jérôme Richer. Savoir comment ça fonctionne, cette petite bête-là. De quelle manière ça s'organise en communauté. Comment ça envisage son prochain. Son spectacle s'intitule « Tout ira bien ». Il s'agit d'un clin d'œil à la chanson de Noir Désir, « Le Vent nous portera ». On y décèle également l'expression d'une ironie légère et lucide. Ou, c'est selon, d'un optimisme rafraîchissant. Dans tous les cas, une manière d'aborder les grandes questions de notre époque qui nous plaît bien au Théâtre du Grütli.
Quand il est venu nous voir avec son projet sur la « question rom », nous nous sommes dit que l'occasion était trop belle de l'inclure dans la saison 2014-2015. Jusque-là, Jérôme Richer flirtait beaucoup avec le Théâtre Saint-Gervais et il faut rendre grâce à Philippe Macasdar d'avoir couvé un gaillard pareil. La rencontre était d'autant plus opportune que sa proposition collait parfaitement aux grandes thématiques de notre saison : le déplacement, l'exil, la frontière, etc. Et puis, bien sûr, nous avions suivi son parcours qui, depuis maintenant une décennie, témoigne d'une réflexion très personnelle sur notre époque.
Surtout, ce qui nous a séduit, c'est que Jérôme Richer se refuse à céder au manichéisme. Ce qu'il aime explorer, c'est ce no man's land brumeux qui s'étend entre les territoires du Bien et du Mal. Aux réponses trop hâtives, trop rassurantes, il préfère les questions qui déstabilisent. D'une certaine manière, il reprend à son compte cette formule de Romain Gary : « Je suis à priori contre tous ceux qui croient avoir absolument raison. (...) Je vomis toutes les vérités absolues et leurs applications totales. Prenez une vérité, levez-la prudemment à hauteur d'homme, voyez qui elle frappe, qui elle tue, qu'est-ce qu'elle épargne, qu'est-ce qu'elle rejette, sentez-la longuement, voyez si ça ne sent pas le cadavre, goûtez en gardant un bon moment sur la langue – mais soyez toujours prêts à recracher immédiatement. C'est cela, la démocratie. C'est le droit de recracher. »
De toute façon, ce sont moins les idées que les hommes qui intéressent Jérôme Richer. Savoir comment ça fonctionne, cette petite bête-là. De quelle manière ça s'organise en communauté. Comment ça envisage son prochain. Son spectacle s'intitule « Tout ira bien ». Il s'agit d'un clin d'œil à la chanson de Noir Désir, « Le Vent nous portera ». On y décèle également l'expression d'une ironie légère et lucide. Ou, c'est selon, d'un optimisme rafraîchissant. Dans tous les cas, une manière d'aborder les grandes questions de notre époque qui nous plaît bien au Théâtre du Grütli.
Jérôme Richer
Né en 1974, Jérôme Richer possède un Doctorat en histoire du droit, des faits sociaux et des institutions. Chargé de cours en histoire du droit à l'Université Lyon 3 puis éducateur spécialisé avec des personnes mentalement handicapées Université Lyon 3, il développe en parallèle - dès 2005 - différentes activités dans le domaine du théâtre.
Metteur en scène (ses textes, mais aussi d’autres auteurs comme P.P. Pasolini, Dario Fo, Nanni Balestrini, Falk Richter, Antoinette Rychner, Franz-Xaver Kroetz,…), dramaturge-collaborateur artistique (en particulier sur Nulle part mais surtout hors du monde, spectacle mêlant détenus en régime de semi-liberté et professionnels du théâtre), comédien, régisseur son et vidéo.
En 2011, il fonde le collectif Nous sommes vivants avec quatre autres auteurs de théâtre suisses romands (Marie Fourquet, Julie Gilbert, Antoinette Rychner, Philippe Soltermann). Jérôme Richer anime aussi très régulièrement des ateliers d’écriture (en particulier pour la Haute École de Travail Social de Genève et le Théâtre de Carouge).
Metteur en scène (ses textes, mais aussi d’autres auteurs comme P.P. Pasolini, Dario Fo, Nanni Balestrini, Falk Richter, Antoinette Rychner, Franz-Xaver Kroetz,…), dramaturge-collaborateur artistique (en particulier sur Nulle part mais surtout hors du monde, spectacle mêlant détenus en régime de semi-liberté et professionnels du théâtre), comédien, régisseur son et vidéo.
En 2011, il fonde le collectif Nous sommes vivants avec quatre autres auteurs de théâtre suisses romands (Marie Fourquet, Julie Gilbert, Antoinette Rychner, Philippe Soltermann). Jérôme Richer anime aussi très régulièrement des ateliers d’écriture (en particulier pour la Haute École de Travail Social de Genève et le Théâtre de Carouge).