Très chère Mathilde, d'Israël Horovitz avec Line Renaud au Théâtre Toursky, Marseille. Par Philippe Oualid

Une vieille dame de quatre vingt huit ans, Mathilde Chiffard, veuve d'un homme d'affaires, vit à Paris sa paisible retraite d'enseignante auprès de sa fille Chloé, professeur de français pour étudiants étrangers, dans un très grand appartement qui donne sur les jardins du Luxembourg.


L'arrivée inopinée de Mathias, un américain de cinquante ans, sans ressources, qui veut récupérer, pour le vendre, cet appartement que son père lui a légué en héritage, vient bouleverser la vie des deux femmes. Ignorant que ce bien a été vendu en viager, il y a plus de vingt ans, Mathias qui cohabite quelque temps avec Mathilde et Chloé, va peu à peu découvrir la secrète liaison de son père, juif étranger, avec son hôtesse, pendant l'Occupation, avant de tomber lui-même amoureux de Chloé qu'il perçoit comme une demi-soeur.
La pièce qui relève du théâtre psychologique et de la comédie de caractère, se distingue surtout par la remarquable interprétation d'un trio de comédiens émouvants :Line Reanaud (Mathilde), dotée d'une impeccable diction, s'identifie à son personnage avec un tel naturel que l'on arrive à s'inquiéter pour sa santé lorsque, victime d'un malaise, elle s'évanouit dans les bras de Samuel Labarthe (Mathias). Avec son fort accent new-yorkais qu'il maintient gracieusement pendant deux heures, ce dernier accomplit la prouesse rare de passer, sans ridicule, pour un authentique Américain à Paris. Raphaëline Goupilleau (Chloé) qui leur oppose son humilité et sa force de caractère, éblouit d'un bout à l'autre par la justesse de son jeu.
Enfin, la scénographie de Jeff Servigne, les vidéos de Christophe Grelié qui commentent discrètement l'inconscient du texte, et la mise en scène, sans fausse note, de Ladislas Chollat, contribuent à la réussite de ce nouveau drame bourgeois, écrit par Israël Horovitz, jeune premier de soixante dix ans, doué, admiré par Ionesco, et qui règne sur la scène new-yorkaise depuis quarante ans. Venu de Los Angeles à Marseille pour saluer le public du Toursky, il a été récompensé, avec ses comédiens et son metteur en scène marseillais d'une chaleureuse ovation.
Philippe Oualid

Très chère Mathilde, d'Israël Horovitz.
Avec Line Renaud.
Mise en scène de Ladislas Chollat.
Productions Pascal Legros et Michel Boucau.
Théâtre Toursky. Marseille. 16-17 Mars 2010.

pierre aimar
Mis en ligne le Vendredi 19 Mars 2010 à 16:49 | Lu 1885 fois
pierre aimar
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