Trisha Brown dance company : Early Works au Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille, les 12 et 13 novembre 2013, par Philippe Oualid

Répondant à l'invitation de Marseille Objectif Danse, à l'occasion de sa dernière tournée internationale, la Trisha Brown danse company de New York est venue présenter à Marseille, dans le hall d'accueil du théâtre Joliette-Minoterie, Early Works, l


es premières performances des années soixante-dix de la célèbre chorégraphe américaine, âgée aujourd'hui de 76 ans, héritière des techniques et des styles de Martha Graham, José Limon ou Merce Cunningham, et pionnière de ces improvisations structurées en post-modern dance susceptibles de provoquer des événements qui font sourire.

En effet, prônant le geste brut, dénué d'esthétisme, la « non-danse » de Trisha brown substitue le vécu au spectacle : marcher, courir, tourner sur soi-même dans des directions opposées et à des vitesses différentes, multiplier les structures répétitives, les accumulations de mouvements en fonction de la perception du lieu où se place l'expérience, tels sont les principes qui gouvernent ces « chorégraphies » passablement non-conformistes.

Une dizaine de pièces brèves, d'une durée de cinq à dix minutes, sont donc représentées par cinq danseuses et quatre jeunes danseurs, en tenues de jogging blanches, au son d'un métronome ou d'une musique Country (Uncle John's Band, Early Morning Rain de Bob Dylan). On y voit d'abord trois couples qui essaient d'avancer en équilibre instable, pieds et mains jointes, bras étendus, puis l'ensemble des neuf danseurs qui s'immobilisent en file indienne, yeux clos, bras en couronne, et s'en vont jouer de face ou de dos avec des perches ou des barres de bois sous lesquelles ils glissent adroitement. Tournant, en se frôlant, se faisant des signes, bras et pouces pointés, d'un balcon à l'autre, contemplant sagement leurs compagnes couchées sur le dos dans des exercices de yoga, ou se livrant à des déhanchements, collées par le bassin, la main réalisant de vagues signes de joueuses de castagnettes, les interprètes séduisent infiniment par leur art de se mouvoir ou de se déplacer paisiblement dans l'espace comme des sculptures animées. Refusant toute virtuosité, ils s'imposent de manière provocante comme des partisans du moindre effort, et célèbrent avec élégance le goût et l'état d'esprit de cette communauté d'artistes du Judson Dance Theater qui entraînait alors l'Amérique dans un formidable mouvement de libération.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 16 Novembre 2013 à 13:13 | Lu 160 fois
Pierre Aimar
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